Μην την κλαις !
(Ne pleure pas sur elle !)
Il y a 40 ans, alors qu'il était déporté à Leros – l'île des fous –, Yannis Ritsos fit parvenir clandestinement le texte de Dix-huit petites chansons de la patrie amère à Mikis Theodorakis qui lui en avait passé commande depuis son exil de Paris.
Le texte s'ouvre sur ces mots : « De pauvres mots / Mouillés de larmes, mouillés d'amertume », mais l'ultime chanson répond : « --Ne pleure pas sur la Grèce éternelle. »
Il y a 40 ans, nul ne savait que la Grèce vivait ses dernières fêtes de Noël sous la dictature. À l’heure où la Grèce, foudroyée par la férocité du capitalisme, subit un désastre économique, social et humain sans précèdent, la grande voix de Ritsos résonne à nouveau aux oreilles des Grecs. Et renforce cette certitude : « Quand on croit qu’elle va fléchir / … / La voici de nouveau qui s’élance. »
Nous ne pleurerons pas toujours !
Gilles Boitte, 21 décembre 2012
Paru dans Cerises N° 164
Traduit du grec par Anne Personnaz, Éditions Bruno Doucey, Collection En résistance, 64 p., 11 €