Je reviens de Madrid où j’ai suivi, au nom de la FASE / Ensemble le 4e congrès du Parti de la gauche européenne avec le sentiment et le plaisir – pourquoi ne pas l’avouer - d’avoir participé à un tournant important et positif dans sa toute jeune histoire (dix ans !).
En effet, au moment où l’Europe traverse une crise profonde, où les conséquences de la politique d’austérité, de régressions sociales et les reculs de la démocratie mettent en péril l’idée même d’une "union" européenne, suscitant tantôt la colère des peuples, tantôt le rejet d’une construction perçue comme de plus en plus étrangère et hostile et favorisant, par là même, la montée d’une tendance aux replis nationalistes et aux relents xénophobes, il était assez réjouissant d’assister à une réunion de militants décidés à concrétiser de réelles avancées sur le plan des contenus et des démarches de luttes. Le congrès a été tout naturellement fortement axé sur des analyses et propositions dans le domaine de l’économie, avec la nécessité affirmée de réorienter le modèle de croissance vers une économie basée sur le respect de l’environnement et des hommes, de reprendre le pouvoir sur la finance, pour l’Europe sociale et les droits des citoyens, par exemple. Ainsi, la décision a été prise de développer, dans le cadre de la campagne pour les élections de juin 2014, une série d’actions contre le paiement des dettes publiques illégitimes, mais aussi pour bloquer les négociations entamées sur le Grand marché transatlantique avec les États-Unis et le Canada, construit pour et par les multinationales. Qui ne souscrirait à de telles orientations ?
Un grand moment d’émotion, aussi, dans ce congrès, avec la décision prise à une écrasante majorité de proposer la candidature d’Alexis Tsipras à la présidence de la Commission européenne : candidature de portée politique hautement symbolique, car le leader emblématique de Syriza devient ipso facto le porte-parole de toutes les listes proposées par les partis de la Gauche européenne aux suffrages des électeurs !
"Unir pour une alternative de gauche en Europe", tel est le titre du document politique adopté par le congrès : un message fort que, seule ombre au tableau, le PG n’a visiblement pas bien compris, trop obnubilé par la querelle qui l’oppose au PCF dans le cadre de la préparation des élections municipales en France.
José Tovar, 20 décembre 2013
Edito de Cerises n°199