La version française du dernier film achevé de Theo Angelopoulos, La Poussière du temps, sort en salle ces jours-ci. C'est peu dire que son regard nous manque : Angelopoulos avait inventé un cinéma grec universel (1).
Les paysages y sont des personnages, loin des clichés des agences touristiques. Chaque film revisite un mythe fondateur de notre culture. Son œuvre est un perpétuel discours antinationaliste. La culture grecque y retrouve toutes ses racines : des mythes homériques aux influences orientales ou macédoniennes. Le spectateur y est confronté à toutes les images enfouies de l'histoire de la Grèce contemporaine ; on pense notamment à ces soldats royalistes exhibant des têtes de maquisards. Ou au mariage par-delà le fleuve... Les frontières temporelles elles-mêmes sont souvent franchies, invitant à revisiter le passé, sans concession.
Le cinéma d'Angelopoulos n'est pas "un cinéma engagé", c'est un cinéma qui engage.
Gilles Boitte, 15 février 2013
Pour aller plus loin : www.theoangelopoulos.gr etwww.theoangelopoulos.com
Paru dans Cerises n°171