La CGT agit pour le Travail, puisqu’elle s’est ainsi nommée dès son origine – Confédération générale du travail. Se déclarer ainsi revient à dire qu’elle ne se contente pas de porter les intérêts de telle couche du salariat, de telle catégorie de travailleurs, mais de l’ensemble de ce qui s’oppose au Capital, de par sa place dans la production.
Son nom ne comporte pas non plus une référence nationale, puisqu’elle est orientée vers l’organisation de tous les salariés présents sur le sol national, mais sans distinction sur leurs origines d’aucune sorte.
A l’ordre du jour de Toulouse, à son 50e congrès, la CGT n’a pas prévu de changer de dénomination. Représenter le Travail est un challenge, un horizon, un parti pris de l’avenir. Le Capital lui mène la vie dure, d’autant qu’il connaît une de ces fameuses crises dont la comparaison avec celle de 1929 n’est ni exagérée ni inadéquate.
La représentation du Travail connaît elle aussi la concurrence. Dans la tradition du fascisme français, le Front national prétend parler au nom des invisibles, des oubliés, dès lors qu’ils sont français de souche et qu’ils acceptent d’entrer en opposition avec les immigrés. La CFDT de 2013 aspire à incarner un syndicalisme de contrats qui, appuyant la politique du gouvernement, espère dépasser les conflits de classes par le partenariat social.
Mais l’opposition à la représentation du Travail vient d’abord – est-ce une surprise ? – de la résistance historique du patronat, parmi lequel celui des TPE et PME est particulièrement vindicatif. La CGT ne connaît pas de répit dans ses efforts d’implantation, elle se heurte toujours à une répression qui ne se dément pas. Telle est la cause principale de la pauvreté insigne du taux de syndicalisation dans le pays.
Reste une autre cause, un Himalaya, la capacité du Capital à constituer une armée de chômeurs. Le droit de propriété est sans borne, et c’est en son nom que les états majors de groupes multinationaux comme les toutes petites entreprises sont capables de détruire les emplois d’un simple geste. Sans autre forme de procès. Quelle légitimité ? Celle qui confère au propriétaire le droit d’écraser tous les autres.
Tel était le rendez-vous toulousain de la CGT du 18 au 22 mars. La soif de parole des délégués et la teneur des échanges montrent que le nécessaire débat va s’amplifier. Une politique d’austérité sans fin conduisant à une société sans travail l’impose.
Pascal Lefèbvre, 22 mars 2013
Edito de Cerises n° 172