Ne boudons pas notre plaisir. Le vote de la loi sur le mariage pour tous est la concrétisation de l'avancée du débat sur l'égalité. Les homosexuels ont désormais les mêmes droits que les hétérosexuels au regard du mariage. Cette exigence était devenue incontournable dans notre société d'aujourd'hui, n'en déplaise à Boutin, Barjot, Collard, Ollier et Cie qui, bras dessus bras dessous, manifestaient encore dimanche dernier.
On aimerait que sur d'autres terrains l'affrontement idéologique soit aussi de mise. Le vote sur l'ANI nous laisse un goût amer. La loi transposant l'accord a été adoptée grâce à l'abstention des députés et sénateurs de droite et d'EELV, avec en prime le recours au 49-3 et un vote bloqué au Sénat empêchant le débat de se dérouler normalement.
Et là on est loin de l'égalité ! Comme le rappelait Filoche cette semaine sur France Inter, pas d'égalité entre employeur et employés, mais un contrat de subordination, et donc il faut des règles contraignantes pour protéger les salariés. L'ANI ouvre la porte aux accords d'entreprise qui sous couvert de compétitivité conduiront à des baisses de salaire, des suppressions d'emploi, des reculs en matière de RTT... pour finir le plus souvent par des fermetures de site.
Car l'appétit des actionnaires est sans fin. Quand on annonce 3 semaines de chômage technique à PSA La Janais et que dans le même temps on découvre à la télévision ou sur internet la pub pour PSA Finance, la "banque de l'économie réelle", on se dit qu'on marche sur la tête.
La famille Peugeot a choisi : elle se fait plus de ronds dans le secteur bancaire que dans le secteur automobile.
Ce n'est pas (ou plus) la famille Peugeot qui fait vivre des milliers de salariés de l'automobile, ce sont ces mêmes salariés qui ont fait la richesse de cette famille, c'est le résultat de leur travail.
Alors renversons la vapeur.
Les investisseurs n'apportent aucune richesse. Ils achètent les moyens de production et, au titre de leur propriété lucrative, prélèvent une part de la richesse produite collectivement par d'autres.
Déclarons illégitime cette rente.
Réclamons que toute la valeur ajoutée soit affectée aux salaires (cotisations sociales incluses) et aux impôts qui financent le service public.
Il ne s'agit pas de contenir l'appétit des actionnaires, il s'agit de se passer d'eux.
Et faire vivre l'égalité partout.
Portons cette exigence le 5 mai.
Sylvie Larue, 26 avril 2013
Paru dans Cerises n° 177