Cinq cent cinquante ingénieurs et techniciens travaillent au centre de recherche et développement de Cesson-Sévigné près de Rennes.
Depuis plusieurs mois, ces salariés hautement qualifiés luttent contre un plan de licenciement prévoyant 44 suppressions de postes, en réalité 170 si l'on prend en compte l’activité des prestataires de services utilisés par ce centre de recherche et développement.
Convergences avec les salariés d'Angers dont le site a été mis en liquidation judiciaire, débrayages, manifestations, interpellation des candidats à l'élection présidentielle, les salariés cessonais ont fait entendre leur voix dans le débat public et dans la rue. Ce dossier fait partie des dossiers chauds d'Arnaud Montebourg.
De Thomson à Technicolor, un peu d'histoire
Au début du 20ème siècle, Thomson est une filiale française d'un groupe américain spécialisé dans les équipements de production et de distribution d'électricité. Dans les années 50, la filiale s'autonomise par rapport aux USA et devient française. Elle s'oriente vers la fabrication de matériels électroniques et audiovisuels. Deux grands secteurs seront développés : l'électronique grand public et les équipements à vocation militaire qui donneront naissance à deux branches industrielles Thomson CSF qui devient plus tard Thales, et Thomson multimédia qui deviendra Technicolor.
En 1982, le groupe Thomson est nationalisé. C'est alors un conglomérat qui fabrique aussi bien des lampes, des téléviseurs, de l'électroménager que des systèmes militaires et qui emploie plus de 100 000 salariés. L'entreprise est endettée, l'État se désengage de plusieurs activités et rachète RCA fabricant américain de téléviseurs, détenteurs de nombreux brevets.
De la nationalisation à la privatisation en passant par une forte contraction de l'activité, cessions, restructurations, au final l'État actionnaire se comporte comme les actionnaires privés sous la pression de l’internationalisation de la concurrence. En 2000, l'État n'est plus majoritaire dans le capital de l'entreprise. En 2003, il n'y a plus que 60 000 salariés et aujourd'hui 16 000.
En 1996, Juppé a même tenté de vendre Thomson Multimédia contre un franc symbolique après recapitalisation de l’État à hauteur de 11 milliards.
Tout au long de ce processus, l'activité de Thomson s'est recentrée sur la conception et la fabrication de systèmes nécessaires à la création, la diffusion et la sécurité des contenus audiovisuels des acteurs des médias. La plupart des activités de production ont été délocalisées en Chine ou en Inde. Technicolor Angers (330 salariés), dernier centre de production de décodeurs numériques, qui a récemment perdu le marché de production des box de France Télécom, est mis en liquidation judiciaire. Grâce à la résistance des salariés, au soutien des élus locaux, le tribunal de Nanterre a décidé aujourd'hui de maintenir l'activité jusqu'en septembre pour trouver un éventuel repreneur.
Dans ce marasme, le fond d'investissement Vector capital en concurrence avec la banque Morgan a été choisi pour la recapitalisation de Technicolor. L'affaire doit donc être encore juteuse !
Les salariés de Cesson ont choisi de se battre pour 0 licenciement. Ils ont gagné au prix d'un recul sur les droits acquis en matière de RTT pour tous les salariés.
Jeudi dernier, JF syndicaliste de Solidaires est venu à l'assemblée citoyenne du Front de Gauche et nous avons débattu avec lui des convergences que nous pourrions construire pour trouver d'autres solutions que la soumission aux diktats des actionnaires qu'ils soient privés ou publics. La relance de l'activité à Technicolor ne pourra se faire qu'en réduisant la marge et le pouvoir des actionnaires.
Reste à faire en sorte que tous ensemble nous portions cette exigence.
On ne lâche rien.
Rennes le 28/06/2012
* Sylvie Larue
Cet article est paru dans la rubrique "Cuisine alternative" du numéro 148 de Cerises, l'hebdo émectronique des communistes unitaires.