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Billet de blog 30 septembre 2012

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Le goût d'ailleurs ... et d'ici - 28 septembre 2012

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cette chronique, consacrée habituellement aux USA et à la Grèce, comporte aujourd'hui un texte adressé à Cerises par l'un de ses lecteurs, Yves Béal. Retrouvez les billets précédents de cette chronique  sur notre site.

Apple pie

Debs for President (Élisons Debs)

Ils sont près d’une demi-douzaine à se revendiquer socialistes dans cette campagne présidentielle. Socialist Workers Party, Socialist Party, Justice Party, Peace and Freedom Party, etc. A eux tous, ils feront quelques milliers de voix, autant dire qu’ils seront inaudibles dans le paysage politique étatsunien. Certains d’entre eux ne sont pas de parfaits inconnus. Par exemple, Cindy Sheehan, égérie du mouvement anti-guerre, il y a une poignée d’années, et aujourd’hui candidate du Peace and Freedom party au poste de vice-présidente, derrière l’actrice Roseanne Barr, très célèbre pour ses émissions de télé (talk show, télé réalité, feuilletons, etc., etc.) qui fut elle-même candidate à la candidature du Green Party mais sans succès. De là à dire qu’elle s’est rabattue sur le Peace and Freedom Party, il n’y a qu’un pas.

Rien à voir avec la présidentielle de 1912 ou le candidat socialiste récoltait 900 000 voix. Il s’appelait Eugene Debs, il avait un programme et des convictions et de rudes années devant lui.

* Marie-Agnès Combesque

Τυροπιτάκια

 τα όπλα ! Aux armes ?

Jusqu'en 2009, Maria votait PASOK ; en mai 2012, elle avait donné sa voix à la Gauche anticapitaliste ; mais en juin, elle a voté sans hésité pour SYRIZA. Aujourd'hui, Maria s'interroge : « Qu'est-ce qu'il fait, Tsipras ? Il parle, c'est tout ! Il avait promis de mener l'opposition à ce gouvernement de la Troïka et on ne voit rien ! » « Nous, nous sommes prêts : nous avons stocké des provisions de sucre, de riz, de pâtes ; j'ai fait des conserves avec les légumes du jardin ; j'ai acheté un fusil ! Qu'il nous dise ce qu'on doit faire, on le fera ! »

Interrogé sur cette accusation d'attentisme, l'ami Nikos, militant de SYRIZA, nous dit : « Voilà notre plus grand problème. En 3 ans, nous sommes passés de 4 à 27 % des voix, mais cela ne suffit pas. Les gens cherchent un leader infaillible, mais la vraie solution, c'est de s'organiser et de décider ensemble ! La délégation de pouvoir et l'attente du grand soir sont de vrais obstacles. »

* Gilles Boitte


Le réveil des même-pas

À ma grand-mère*

L’aube pas encore levée. Je reste dans mon arbre. A guetter le soleil, son premier rayon. Il fait froid, il fait noir. Elles arrivent, insectes mornes, cassants d’avoir été cassés, des jours et des années.

Puis le monstre s’ébranle, mû par cette armée de même-pas-guerrières. Sur ma branche, je m’ébroue et laisse filer un trille insouciant. Caillou jeté par le contremaître. L’oiseau chantant éreinte l’ordre. Il faut y remédier. Le merle moqueur remue la merde.

Chassé du tronc, me voilà sur le verre encrassé de la verrière. Les turbines ont ouvert le bal mais personne ne danse. Visages burinés, gestes saccadés, bras torturés, corps courbés sur la chaîne, et ces cris ! Des râles rauques ou stridents, c’est selon, des cris à effrayer les truies.

Journée passée, une deux dix cent combien… Couleuvres avalées, chagrin en poche, misère rentrée, mouchoir sur la colère. Le silence au vestiaire qui vrille le cerveau plus sûrement que le vacarme des machines. Ma tête est une maison de remous. La pièce peu à peu se remplit de "comme-moi", d’automates qui passent devant le miroir ôter le gras de leur face enlaidie de fatigue. Nous sommes des machines humaines, engoncées dans la mécanique des heures abandonnées à l’usine : mettre ses chaussettes, c’est encore être dans ses chaînes.

Mais rien n’est pérenne ici-bas. Longtemps des pavés résonnent de cette rivière de pas qui les entraîne vers la fabrique. Et puis un jour, la rivière remonte son cours, les regards se dressent, et les poings. Alors les pavés raisonnent de nouveaux rêves, d’une confiance à ne rien céder, de bras levés et de draps qui servent de drapeaux.

Alors elles marchent – nous marchons – d’un pas d’orage, d’un pas de cœur, plein de cris et de larmes et de rires et d’alarmes pour faire de chaque place, de chaque rue, de chaque usine, de chaque vestiaire… la maison du peuple.

* Yves Béal

Écrivain, formateur, animateur d'atelier d'écriture, membre du secteur Ecriture Poésie du GFEN, des collectifs d'artistes Un euro ne fait pas le printemps et Les Passeurs, Y. Béal écrit dans la revue Soleils & Cendre. Merci à lui pour ce texte adressé à Cerises.

* Ouvrière en usine, de l'âge de 12 ans à sa retraite qu'elle a pu prendre à 65 ans. Elle vient d'avoir cent ans.

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