Dimanche 9 septembre, François Hollande a détaillé la politique économique qu’il va mettre en œuvre durant son quinquennat. Cette cure d’austérité sans précédent s’inscrit dans la droite ligne du traité Sarkozy-Merkel sur la stabilité, la coordination et la gouvernance en Europe (TSCG), qui entend fixer d’autorité le cadre budgétaire de notre pays.
Candidat, François Hollande avait pourtant promis de renégocier ce traité ; Président, il s’est contenté d’une rustine. Plus grave encore, il n’envisage pas de le soumettre à l’avis du peuple. Pour justifier le choix d’un vote au Parlement plutôt que d’un référendum, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a mis en garde contre toute opposition à ce traité au prétexte qu’il « affaiblirait la France et aggraverait la crise en Europe ».
Comme si l’Europe n’était pas déjà en crise. Une crise précisément due aux règles actuelles de fonctionnement contenues dans le traité de Lisbonne que notre pPrlement a ratifié après son rejet par une majorité de nos concitoyens lors du référendum de 2005. Force est de constater que ces derniers avaient raison : ils avaient notamment souligné les dangers d’une banque centrale "indépendante" des États, non conçue comme un outil au service du développement des pays d’Europe.
On ne devrait jamais sous-estimer l’intelligence des citoyens. Si ce TSCG est aussi vertueux que nous le vantent ses promoteurs, qu’ils nous le démontrent et cessent de craindre un référendum qui permettrait de très utiles débats et confrontations d’idées.
Car de toute évidence, François Hollande, pas plus qu’Antónis Samarás en Grèce, Mario Monti en Italie ou Mariano Rajoy en Espagne, ne parviendra à redresser le pays s’il continue de s’enferrer dans le carcan d’un traité qui impose la rigueur budgétaire et porte atteinte à la souveraineté populaire, s’il n’a pas le courage et l’audace de défendre un autre mode de fonctionnement pour l’Europe. Et pour cela, il a besoin de l’appui des peuples, à commencer par celui de France.
Le même peuple qui a porté Hollande au pouvoir il y a quatre mois n’aurait pas la maturité et la lucidité nécessaire pour se prononcer sur ce traité ?
Alors discutons-en. Déjà plus de 72% de nos concitoyens le demandent. Intensifions cette exigence, celle d’un vrai débat et d’un vrai choix démocratique sur un sujet aussi important qui engage notre avenir à tous.
* Jacqueline Fraysse, députée des Hauts-de-Seine
Editorial de Cerises, n°151 - 14/09/2012