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Billet de blog 31 mars 2013

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A Chartres de Bretagne, commune d'Ille et Vilaine, berceau de l'usine la plus importante du département, PSA La Janais.

Nous étions 500 samedi à manifester pour dénoncer le rassemblement de militants néo-nazis décidés à s'emparer de la crise pour en faire le sujet de leur conférence, à laquelle participaient des énergumènes venus de toute l’Europe.

Ces réseaux de militants fascistes (voir à ce sujet Naz, la pièce de Ricardo Montserrat) n'ont certes pas pignon sur rue comme le Front National, et peu de gens s'identifient à eux. Mais ce qui doit nous alerter aujourd'hui c'est que cette soi-disant conférence sociale ait pu avoir lieu, que le préfet ne l'ait pas interdite, que le propriétaire du lieu privé où elle se déroulait ait accepté d'accueillir ces militants violents porteurs de l'idéologie la plus extrémiste… C’est au fond la banalisation des idées qu'ils véhiculent.

Le lendemain, la candidate frontiste de l'Oise frôle l'élection à la députation.

Les idées d'extrême droite cheminent, se distillent dans notre société et prospèrent sur le terreau de la crise et de l'abandon de la volonté politique de transformation de la société.

Comment peut-il en être autrement quand les élus de notre département laissent des demandeurs d'asile et leurs enfants dormir à la rue en organisant l'évacuation du gymnase où ils avaient été mis à l'abri par celles et ceux, solidaires des migrants, qui ne supportent plus cette situation ?

Nous viendrait-il à l'idée de laisser les naufragés de la route coincés par la neige ou les personnes victimes de l'incendie de leur immeuble dormir dehors ?

Comment peut-il en être autrement quand on laisse les usines fermer, les plans de licenciements se multiplier et pire encore quand on veut transposer l’Accord National Interprofessionnel MEDEF-CFDT en texte de loi qui énonce qu'en facilitant les licenciements on va créer des emplois.

Comment peut-il en être autrement quand on laisse les banquiers faire la pluie et le beau temps en Europe ?

A Chartres de Bretagne, avec des citoyens, des syndicalistes, des militants du Front de gauche et d'autres organisations politiques, avec le maire, nous avons créé un comité de soutien aux luttes des salariés de PSA . Parce que l'avenir du site de la Janais ne concerne pas que les salariés. Parce que nous ne nous résignons pas à voir disparaître une usine riche des connaissances et des savoir-faire de plusieurs milliers d'ouvriers, ingénieurs, cadres, techniciens. Et parce qu'il vaut mieux diriger notre colère contre les actionnaires et la famille Peugeot que contre les immigrés.

Au sein de ce comité, tous font l'analyse que les choix de la direction sous la houlette des actionnaires et de la famille Peugeot ont été catastrophiques, le Maire de Chartres y compris. Et il n'est plus question d’investir des fonds publics tant qu'un projet de développement du site ne sera pas concrétisé, que la production d'un nouveau véhicule ne sera pas engagée. C'est une façon de dire, que l'on veut peser sur les choix stratégiques de l'entreprise.

Cependant, soyons lucides. Ce n'est pas la participation de quelques représentants des salariés au conseil d’administration des boites concernées (c'est dans l'ANI !) ou le droit de véto sur les plans de licenciement qui vont remettre en cause les objectifs de rentabilité à deux chiffres.

C'est donc bien aux salariés, aux usagers, aux élus que doit revenir le pouvoir de décider dans les entreprises même les plus grandes, puisque ce sont les salariés qui produisent les biens, les usagers qui les achètent et s'en servent, les élus qui contribuent à créer les conditions pour que ces productions soient possibles (voiries, eau, terrains, logement des salariés, etc...).

Parce que nous le valons bien… le droit détenu par ses propriétaires, de vie ou de  mort d'une usine a fait son temps.

Sylvie Larue, 28 mars 2013

Paru dans Cerises n°173

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