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Billet de blog 14 novembre 2013

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Même identité mais pas tous identiques !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Hier après-midi, je faisais des courses dans une grande surface. Au détour d'un rayon, je me suis retrouvé nez à nez avec un petit enfant d'à peine deux ans.  Il fonçait tête baissée, fier sans doute de savoir marcher et trotter seul, sans l'assistance d'un adulte et s'arrêta tout net, à quelques centimètres de moi. Il releva la tête et m'adressa le plus beau, le plus tendre et le plus merveilleux sourire qui m'ait été donné, spontanément, sans arrière-pensée, un pur moment de bonheur. Quand je lui ai tendu la main pour lui caresser la joue, il l'a saisie et l'a serrée contre lui, comme il l'aurait fait avec une peluche ou un "doudou". Je me suis mis à genoux et lui ai fait un gros bisou sur la joue; il a ri et s'est sauvé, retrouvant ses parents qui, ayant vu la scène, m'ont souri à leur tour. C'était un jeune couple de Français ayant visiblement des origines arabes.  Ce simple moment de tendresse et de bonheur m'a réchauffé le coeur et je me suis surpris à regarder les gens qui attendaient comme moi à la caisse avec plus d'attention que d'ordinaire et, je ne sais pourquoi, je me suis senti tellement heureux de vivre en France, malgré tout. En effet, à ma caisse, devant moi il y avait une dame, arabe,  assez âgée, avec un foulard qui ne lui cachait que les cheveux, un peu comme celui que portait ma grand-mére, catholique pratiquante. Elle était accompagnée de sa fille, non-voilée qui s'occupait de sa petite fille, un adorable bébé de quelques mois. A ma droite, la caissière blaguait avec un couple de retraités, visiblement des Français "de souche" comme moi tandis qu'à ma gauche, un jeune homme tenait la taille de sa copine, aussi blonde et blanche de peau qu'il était noir. Derrière eux, une famille de gens du voyage, à la peau très brune. C'est ce sourire d'enfant, ce sont tous ces gens, de couleurs, d'origines différentes mais ayant tous comme moi, l'identité française qui m'ont fait apprécier encore plus le droit à la différence. Ce serait tellement triste si nous étions tous identiques. Imaginez l'ennui ! En rentrant chez moi, j'ai relu un poème que j'avais écrit  dans une revue à laquelle je participe et diffusée dans mon village mais dont la portée n'est pas après-tout uniquement locale. (mon village s'appelle Mayres, en Ardèche et ses habitants sont les mayrois)En voici les dernières strophes :

Et puisque l'on nous dit qu'il faut s'interroger,

se poser des questions sur notre identité; 

Si savoir d'où l'on vient, c'est savoir qui on est,

Si plus on se connaît, mieux on sait où aller,

Alors il faudra bien se rendre à l'évidence :

Mieux vaut se mélanger que de perdre la chance,

D'habiter un pays qu'on aime et qui avance.

A Mayres, comme partout, pour le pire, le meilleur,

Un jour viendra sans doute où ceux venus d'ailleurs,

Seront bien plus nombreux que tous ceux nés ici

Ils bâtiront une vie, feront même des petits

Et c'est à leurs enfants que reviendra le droit

D'être fiers d'être nés en un si bel endroit.

A leur tour ils diront : nous sommes des Mayrois !

Ce qui est vrai ici, l'est tout autant ailleurs.

L'identité en somme, ça évolue sans cesse.

Peu importe d'où l'on vient, l'important c'est qu'on naisse

Et qu'on avance ensemble, comme des frères et soeurs !

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