Bonjour à toustes,
C’est ce matin, collectif cessez-le-feu 84, notre 17ème mobilisation unitaire pour une paix juste et durable entre Palestinien‧nes et Israélien‧nes… pour dire non à la guerre et exiger la fin du génocide à Gaza, où l’on dénombre plus de 55 000 victimes −la majorité des civil‧es, femmes et enfants massacrés par 20 mois de bombardements massifs− et aujourd’hui près de 2 millions de Palestinien‧nes sujets à une famine organisée en toute impunité.
Nous avons tracté, nous avons crié, échangé des slogans en défilant ou de manière statique, comme partout dans le monde. Nous nous sommes aussi tu‧es, régulièrement pour faire une minute de silence ou plus récemment pour une effectuer une marche funèbre. Nous avons aussi chanté. Nous nous sommes vêtu‧es de noir, de rouge. Nous avons dansé… nous avons veillé aux flambeaux sur cette place, nous avons parlé, nous avons revendiqué.
Nous avons exigé le cessez-le-feu immédiat, l’arrêt total des livraisons d’armes et de composants militaires vers Israël, la fin de l’impunité de ses dirigeants et de son gouvernement d’extrême droite… la libération de chaque otage… la reconnaissance par la France et par l’Union européenne de l’État de Palestine à côté de celui d’Israël. Nous avons dénoncé l’utilisation de la faim comme une arme de guerre…
Et qu’a fait l’État français ? Il a été incapable de dénoncer les crimes contre l’Humanité à Gaza, les écocides, l’anéantissement de l’habitat, des écoles, des musées, des universités, des hôpitaux, des infrastructures agricoles et industrielles… incapable de dénoncer les explosions simultanées au milieu de civil‧es de milliers d’engins piégés au Liban comme en Syrie ; incapable de dénoncer le meurtre de plus de 500 personnes en Iran, récemment.
Incapable de dénoncer les bombardements de sites nucléaires iraniens, empêtré dans la défense d’une prétendue « guerre préventive » − du soi-disant « droit à se défendre » d’Israël − donc, incapable de faire valoir le droit international, se rendant complice d’un ballet infernal chorégraphié par le gouvernement Trump des États-Unis, afin de faire diversion quant aux crimes de guerre qu’a commis l’armée israélienne, pendant 20 mois !
Car que fait la France depuis 20 mois pour arrêter le génocide dans la bande de Gaza, elle qui siège de façon permanente au Conseil de sécurité des Nations unies ? Elle regarde le premier ministre israélien survoler son sol, incapable de faire appliquer un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale… Elle continue de livrer armes et composants d’armes à Israël, incapable de rejoindre les 147 États qui reconnaissent l’État palestinien.
Dans pareille situation, face à une telle léthargie de la part de notre gouvernement et à une telle inaction de notre chef de l’État, gloire à la dizaine de dockers du port de Fos-sur-mer qui ont refusé de charger des composants militaires, des cartouches de fusil mitrailleur, pour marquer leur refus de participer « au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien », comme l’indiquait la CGT des ouvriers dockers en juin dernier !
Voilà un modèle de conduite à suivre pour les chefs d’État européens qui se positionnent dans une démarche sincère, car en refusant de charger, en appliquant l’embargo, on empêche la poursuite de la politique systématique d’anéantissement entreprise par le gouvernement israélien d’extrême droite dans la bande de Gaza, ainsi que dans tous les territoires palestiniens occupés et en Cisjordanie, où la colonisation bat son plein.

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Mais de son côté, qu’a fait l’Union européenne ? Plus de soixante violations des droits humains et donc a fortiori de l’article 2 du traité d’accord de libre-échange entre l’UE et Israël, selon le rapport de la commission européenne présentée par Kaja Kallas (la représentante aux affaires étrangères de la diplomatie européenne) et la commission se révèle incapable de suspendre cet accord et donc de prendre des sanctions à l’égard du régime israélien !
Pendant ce temps-là, alors que l’armée israélienne y exerce un blocus depuis le mois de mars et plus particulièrement ces dernières semaines, les Palestinien‧nes de la bande de Gaza survivant aux bombardements sont confronté‧es à une nouvelle forme de torture psychologique : risquer de mourir lentement de faim ou risquer de mourir soudainement en se rendant à l’aide alimentaire.
Alors face à ce bilan déplorable… souvenons-nous des dockers grecs du port du Pirée qui, en octobre 2024 déjà, ont fait davantage pour empêcher les armes de circuler vers Israël que toutes les institutions européennes réunies depuis puisqu’ils ont bloqué l’envoi de 21 tonnes de munitions ! Des dizaines de travailleurs que nous honorerons en continuant nos mobilisations ! La pression sociale, légitime, voilà ce que nous devons exercer !
Nous continuerons de nous manifester partout, comme à La Haye, aux Pays-Bas où 100 000 personnes ont marché vêtu‧es de rouge pour tracer la limite franchie par le gouvernement de Netanyahu, car c’est le milieu associatif, les salarié‧es qui s’organisent qui refuseront les horreurs perpétrées par cette armée aux mains d’un gouvernement toujours plus extrémiste, au point à présent d’organiser sciemment la famine dans la bande Gaza.
« Avec plus de 500 personnes tuées et près de 4 000 blessées […], ce dispositif est un simulacre de distribution alimentaire qui produit des massacres à la chaîne », dénonçait Médecins Sans Frontières, dans un communiqué du 27 juin. Pour rappel, plus de 400 humanitaires et 1 000 médecins et personnels soignants ont trouvé la mort depuis le tout début de l’offensive israélienne, en 2023, dont 11 membres de MSF.
Le 27 juin dernier, un article fleuve du quotidien israélien Haaretz, basé sur des témoignages recueillis au sein de l’armée israélienne, détaillait les ordres reçus par les officiers… pour qu’ils tirent sur les groupes d’humains à proximité des points de distribution de l’aide alimentaire. Un soldat y confie : « On leur tire dessus avec […] des mitrailleuses lourdes, des lance-grenades, des mortiers ».
Voilà pourquoi il faut de toute urgence un dispositif de coordination humanitaire qui fonctionne par voie maritime, aérienne et terrienne, avec des distributions qui soient encadrées non plus par des agences israéliennes ou nord-américaines comme c’est le cas à présent mais par les ONG déjà présentes sur place, et notamment les agences de l’ONU, l’Unrwa ou encore le Croissant-Rouge Palestinien.
Là encore, que la France ne soit pas force de proposition, elle qui pourtant possède une longue expérience logistique dans l’acheminement humanitaire, interroge sur sa capacité à infléchir les velléités génocidaires d’Israël et de son gouvernement d’extrême droite. Son inaction, actuellement, équivaut à une forme de complicité au regard du droit international.
Merci à toutes et tous pour votre présence, tout particulièrement en ce contexte de fortes chaleurs.

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