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Billet de blog 26 octobre 2025

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STOP AU GÉNOCIDE À GAZA ET À LA COLONISATION EN CISJORDANIE !

Israël a violé à plus de 80 reprises le cessez-le-feu signé le 13 octobre sous médiation internationale. Des bombardements, tirs de drones et blocages dʼaide humanitaire persistent, l'ONU et l'OMS alertent sur une famine avérée, un effondrement sanitaire et un accès humanitaire de faible intensité... Les civil•es, et en particulier les enfants, payent le prix fort de ces violations.

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Avignon, 25 octobre 2025

Mesdames, Messieurs,

Après le « sommet pour la paix à Gaza » qui s’est tenu en Égypte, où des chefs d’État se sont retrouvés autour du président xénophobe des États-Unis Donald Trump pour signer un plan pour « la paix à Gaza », nous sommes ici de nouveau rassemblé‧es en solidarité avec le peuple palestinien, après 740 jours de bombardements, de crimes incessants et un cessez-le-feu conclu entre Israël et Hamas, le 10 octobre mais déjà maintes fois rompu.

C’est bien le signe que si elle semble un indéniable prérequis, cette trêve ne signifie pas la paix. De même, cet accord ne met pas un terme à la gestion coloniale des territoires palestiniens. Rien n’est dit, par exemple, sur l’intensification du contrôle israélien sur les ressources en eau, électricité et gaz palestiniennes. Aucun mot non plus n’est écrit sur le contrôle des infrastructures et frontières palestiniennes maritimes et terrestres, soit par l’armée, soit par les colons israéliens.

Cela alors que le régime d’apartheid et de ségrégation raciale que dénonce la Cour internationale de Justice (CIJ) se renforce partout entre la Méditerranée et le Jourdain, où seule la souveraineté d’Israël s’exerce vu le découpage des territoires hérité des accords d’Oslo… devenu obsolète, tandis que des millions de Palestiniennes ont été déplacées par la force de la terreur, deux ans durant, de même que le peuple palestinien fut autrefois déplacé, exilé et dépossédé de ses terres.

Nous voilà après au moins deux ans de génocide commis par Israël et son gouvernement d’extrême droite : nous réclamons Justice ! car il ne peut y avoir de paix juste et durable sans elle. Ce génocide, cautionné, financé par leur plus grand soutien inconditionnel, qui à présent se veut faiseur de paix, −après leur avoir livré des bombes de 500 kilos à une tonne−, a des responsables. Ce sont généralement des hommes. Ils ont des noms.

Ce sont des industriels, des militaires, des politiques

Malgré le manque de mécanismes contraignants pour prendre des décisions coercitives, nous rappelons que la Cour internationale de Justice (CIJ) reconnaît un risque de génocide dans l’enclave de Gaza depuis le 26 janvier 2024, que cela déclenche un régime de responsabilité juridique pour les États signataires de la convention de Rome et que la France, ses dirigeantes actuelles, pourraient ensuite être poursuivies pour complicité, passive ou active.

Pour information, c’est le cas des ministres italiens de la Défense (Guido Crosetto) et des Affaires étrangères (Antonio Tajani), ainsi que de la 1ère ministre, Giorgia Meloni, contre qui une plainte pour « complicité de génocide » a récemment été déposée à la Cour pénale internationale (CPI), complicité exercée selon les plaignant‧es « en particulier à travers la fourniture d'armement meurtrier ».

De même, une procédure semblable est engagée à la CIJ contre l’Allemagne !

Et c’est à Berlin, au Tribunal Constitutionnel d’Allemagne, en soutien à un Palestinien dont l’enfant et la compagne sont décédé‧es suite à une frappe israélienne en février 2024, que le Centre Européen pour les Droits constitutionnels et Humains (ECCHR) soutient la plainte du Centre palestinien pour les Droits Humains (PCHR) de Gaza, face à l’État fédéral allemand, pour son plein soutien aux exportations d’armes et de composants d’armes vers Israël… en plein génocide !

En France, nous soutenons les juristes qui travaillent aussi en collaboration avec des ONG palestiniennes pour documenter preuves à l’appui les crimes commis sur le terrain, notamment par des soldats binationaux que devront poursuivre nos tribunaux. Dans ce sens, nous accueillons favorablement les initiatives d’associations pour mettre en lumière la responsabilité et la complicité des entreprises qui violent impunément le droit pénal et humanitaire international.

C’est, par exemple, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) qui récemment a porté plainte avec constitution de partie civile contre Airbnb et Booking pour recel et complicité de crimes de guerre, car ces plateformes « proposent des centaines d’annonces de locations touristiques situées dans les colonies israéliennes illégales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est » et « permettent et facilitent, tant directement qu’indirectement, cette colonisation illégale et en tirent profit ».

Cette action en justice qui s’inscrit dans le prolongement d’autres campagnes, comme ces plaintes à l’encontre d’industriels d’armement pour complicité de génocide ou de binationaux pour faits de torture et de mauvais traitements commis contre des détenu‧es palestinien‧nes, pour défendre les droits du peuple palestinien et « dénoncer tout soutien […] à l’entreprise génocidaire du gouvernement israélien » illustre quelles peuvent être nos luttes solidaires !

D’ailleurs, la campagne commune BDS-Attac-AFPS dénonçant la responsabilité des banques françaises, comme BNP Paribas ou la Banque Populaire, se poursuit… pour qu’elles en finissent avec les investissements complices de la colonisation, de l’apartheid et de l’armement d’Israël ! Faire connaître aux clientes de ces enseignes, aux consommateur‧ices des produits qu’offrent ces entreprises transnationales, c’est là l’enjeu pour faire entendre qu’il faut sanctionner Israël.

Dans ce sens, une pétition publiée sur le site de l’Assemblée nationale circule actuellement pour faire appliquer des sanctions diplomatiques, économiques et politiques à l’encontre de l’État d’Israël, donnons-lui de l’élan sur nos réseaux et rappelons que la France n’a toujours pris aucune mesure législative pour contraindre les entreprises françaises à désinvestir de l’industrie mortifère de guerre et de colonisation israélienne, alors que le droit international l’y oblige.

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Rassemblement unitaire sur la place de l'Horloge, 25 octobre 2025 © Italo Bottega di Luce

Pour notre pays, la France, il est encore temps pour mettre fin au génocide et au nettoyage ethnique de prendre exemple sur le groupe de La Haye formé par des pays pionniers dans la lutte contre la ségrégation comme l’Afrique du Sud et qui dans sa déclaration de juillet dernier défend à la fois les droits du peuple palestinien et le droit international, donc le droit à l’autodétermination, pilier fondamental du droit international, ainsi que le droit au retour et à des réparations.

La France, qui n’a pour l’instant que trop peu pesé dans l’Union européenne pour obtenir la rupture de l’accord d’association UE-Israël, plutôt que d’exiger « une réforme de l’Autorité palestinienne » et de continuer de cautionner une gouvernance mondiale néocoloniale, devrait demander la mise en œuvre d’une loi de blocage à l’échelle européenne contre les sanctions étasuniennes visant des responsables de l’OLP, de cette même Autorité palestinienne ainsi que Francesca Albanese.

Emmanuel Macron doit appliquer les sanctions demandées par la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de Justice (CIJ), exiger l’embargo militaire et économique, des poursuites judiciaires, plutôt que d’assister les gouvernements d’extrême droite d’Israël et des États-Unis dans leur fuite en avant génocidaire. À l’approche de l’hiver, il devrait enfin œuvrer pour que l’aide alimentaire soit pérenne… plutôt que d’ignorer la famine du peuple de Palestine.

Lui et le gouvernement français devraient reconnaître la crise profonde que traverse la société israélienne, marquée par la montée du suprémacisme. De plus en plus de jeunes familles, d’universitaires et d’artistes quittent le pays, un phénomène attesté tant par les statistiques officielles que par les sondages, révélant qu’environ 40 % des Israélien·nes envisagent l’exil — signe d’un malaise collectif et d’un possible échec du projet sioniste.

Nous qui sommes réuni‧es ce soir sur cette place, comme dans le monde entier sommes de plus en plus déterminé‧es pour soutenir la lutte pour la liberté des Palestinien‧nes. Nous continuerons de soutenir une Palestine libre, même si, selon l’ONU, 85% des bâtiments de la bande de Gaza ont été détruits par la folie destructrice de l’armée israélienne. Nous poursuivrons cette lutte pour la Justice et la Paix sur la terre de Palestine, même si la mer est devenue un autre front. »

Face à la poursuite des crimes de guerre, nous exigeons :

- une paix juste et durable entre Palestinien•nes et Israélien•nes

- l'arrêt des agressions israéliennes, le retrait des troupes de la bande de Gaza

- la levée totale du blocus et un accès humanitaire pérenne, terrestre, maritime et aérien

- des renforts médicaux et l'ouverture de corridors sécurisés pour l'évacuation des blessé•es

- la suspension immédiate de toute coopération militaire et sécuritaire avec Israël

- l'arrêt des exportations dʼarmes, technologies de surveillance et pièces détachées

- la suspension de toutes les autorisations de licences de matériel de guerre vers Israël

- des sanctions diplomatiques et économiques envers Israël et ses dirigeants

- la suspension des accords commerciaux préférentiels entre l'Union européenne Israël

- l'exécution des mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale

- le soutien à une enquête internationale pour crimes de génocide, l'entrée de la CPI à Gaza

- l'entrée de médias internationaux dans la bande de Gaza, pour informer sur la situation sur place

- la fin de l'occupation, de la colonisation, de l'annexion de la Cisjordanie et de lʼapartheid

- la libération de Marwan Barghouti, arbitrairement incarcéré en Israël depuis 2002

- le soutien au droit à l'autodétermination du peuple palestinien

- l'interdiction de l'importation des produits issus des colonies israéliennes.

Pour la Justice en Palestine, dénonçons la complicité de la France :

Sous-munitions, composants d'armes comme des actionneurs électromagnétiques, Emmanuel Macron continue de cautionner les livraisons d'armes vers Israël, en violation de lʼarticle 6 du Traité sur le commerce des armes des Nations Unies (TCA), ratifié par la France en 2014. Cela doit cesser immédiatement. La France doit être du bon côte de l'Histoire : application stricte de la Position commune 2008/944/PESC de lʼUE sur le contrôle des exportations dʼarmes et des obligations légales de lʼÉtat français vis-à-vis de ses engagements issus du TCA et des articles 6 et 7, afin de respecter les Conventions de Genève de 1949.


Collectif Vaucluse Stop génocide à Gaza, pour un cessez-le-feu immédiat et une paix juste et durable entre Palestiniennes et Israéliennes

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