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Billet de blog 31 mars 2025

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Journée de la Terre - en souvenir de la grève des travailleurs arabes israéliens du 30 mars 1976

Chaque 30 mars, les Palestinien‧nes commémorent la Journée de la Terre pour rendre hommage aux grèves et mobilisations historiques de 1976. Cette journée rappelle la répression sanglante des autorités israéliennes après l'annexion de plus de 2 500 hectares de terres en Galilée.

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Bonjour à toustes,

C’est aujourd’hui, collectif cessez-le-feu 84, notre 14ème rassemblement pour une paix juste et durable entre Palestinien‧nes et Israélien‧nes ; merci de votre présence.

Nous nous réunissons ce 30 mars 2025 pour commémorer « la Journée de la Terre ». En solidarité avec le peuple palestinien et en souvenir de la grève des travailleurs arabes israéliens du 30 mars 1976, qui protestaient contre la confiscation de 2 500 hectares de terres en Galilée, lesquelles appartenaient majoritairement à des citoyen·nes arabes palestinien·nes. Ils avaient été violemment réprimés, des centaines blessés, six étaient décédés. Cette journée mémorielle du peuple palestinien nous rappelle que les différents seuils de la séparation de la Palestine qui ont été franchis tout au long du siècle dernier sont aussi différentes étapes de la destruction de la Terre.

Elle nous rappelle, malgré l’instrumentalisation de l’Histoire reproduisant de vieux schémas nationalistes de part et d’autre de la Méditerranée, et alors que certain‧es, ici en France, parviennent à masquer leur regard arabophobe et islamophobe avec un cache-œil prétendument philosémite, que la reconfiguration de la courte bande de Gaza en un vaste camp de concentration à ciel ouvert fut rendue possible au début du siècle parce que différentes marches de l’impérialisme avaient été foulées tout au long du siècle dernier à tous les sommets du sol palestinien. « Le maître, ici, c’est moi » rappelle toujours le colon au colonisé, selon Frantz Fanon (Les damnés de la terre).

Depuis l’occupation britannique, dont le projet industriel principal dans la région reposait sur l’acheminement par oléoduc du pétrole d’Irak exploité par British Petrol jusqu’à la raffinerie d’Haïfa, en passant par la Cisjordanie et la Galilée, jusqu’au soutien étatsunien militaire et marchand de l’exploitation des énergies fossiles du bassin Levantin, qui longe la côte méditerranéenne de Beyrouth à Gaza, où le champ gazier de Tamar est exploité entre autres par Chevron, la colonisation et la destruction de la terre et de la mer palestiniennes à des fins capitalistes auront en effet toujours été enclenchées puis renforcées par des alliances impérialistes de circonstance.

En ce jour de commémoration et de solidarité avec l’attachement du peuple palestinien envers sa terre, nous rappelons donc par notre présence au gouvernement français que le peuple palestinien a le droit de vivre, de vivre sur sa terre et d’exercer son droit à l’autodétermination. Nous lui rappelons aussi que nous sommes contre toute forme d’occupation, de colonisation et que la France, comme pays signataire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide des Nations Unies −et du Statut de Rome de la Cour pénale internationale− a des obligations légales de prévention et de répression du crime de génocide.

Pour rappel, si un État viole la Convention, tous les autres États doivent dénoncer la commission du crime devant les tribunaux compétents. Pour rappel, en saisissant la Cour Internationale de Justice l’Afrique du sud poursuit Israël pour les actes commis à Gaza depuis octobre 2023 et le début des offensives militaires. Pour rappel, le 26 janvier 2024, la Cour a jugé plausible l’affirmation de l’Afrique du Sud selon laquelle Israël commet un génocide contre les Palestinien‧nes de Gaza et a ordonné des mesures provisoires pour garantir que l’armée ne commette pas d’actes génocidaires.

Genos (du grec genos) : famille, descendance, postérité, clan, nation, ensemble d’individus d’un même genre ; cide : (suffixe issu du verbe latin, caedere) frapper, abattre, tuer, désigne un agent destructeur qui n’a pas respecté la vie.

« Génocide », c’est à Raphaël Lemkin, juriste américano-polonais exilé aux Etats-Unis d’Amérique suite à l’occupation de la Pologne par l’Allemagne nazie, qu’on en doit la sémantique.

Depuis 1948, selon la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide des Nations Unies, le génocide c’est « l’intention spécifique de détruire tout ou partie d’un groupe ethnique, national, religieux », soit (1) par le meurtre de membres dudit groupe, soit (2) par une atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de ses membres, soit (3) par une soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique, totale ou partielle, soit (4) des mesures qui entravent les naissances au sein du groupe, soit, enfin, (5) par le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.

A ce stade de l’Histoire, plus de 2 millions de Palestien‧nes subissent le blocus imposé par le gouvernement israélien d’extrême droite. A ce stade de l’Histoire, près de 2 millions de Palestinien‧nes sont à la recherche d’un refuge dans l’enclave palestinienne. 90 % de la population de l’enclave a déjà été déplacée au moins une fois depuis octobre 2023. Rien qu’avec la reprise brutale des bombardements de l’enclave palestinienne par l’armée israélienne, le mardi 18 mars 2025, environ 140 000 personnes ont été déplacées de force, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

Selon ce même bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, plus de 92 % de l’habitat y est rasé, détruit ou endommagé. A ce stade de l’Histoire, cette démolition dantesque ayant pris une tournure apocalyptique a laissé les sols contaminés de l’espace terrestre des habitant‧es de la bande de Gaza jonché de millions de tonnes de gravats, de déchets toxiques, de décharges débordantes, d’effluents d’égouts et de munitions non encore explosées, sans parler de l’écocide provoqué par la destruction des champs, des vergers et des potagers… mais on voudrait nous faire croire que tout cela serait la faute des Palestinien‧nes.

92 % des enfants de 6 à 23 mois, ainsi que les femmes enceintes ou allaitantes, sont en état de malnutrition.

Le dimanche 2 mars, au lendemain de notre dernier regroupement ici-même sous la pluie, le gouvernement israélien d’extrême droite a de nouveau suspendu tout approvisionnement de la bande de Gaza, même l’aide alimentaire. Pour rappel, le 6 mars 2024, l’Afrique du Sud avait demandé à la CIJ d’agir d’urgence pour prévenir la famine à Gaza…

Le dimanche 23 mars dernier, avec le pilonnage violent de l’hôpital Nasser de Khan Younès, le seuil des 50 000 assassinats a été franchi sur l’ensemble de la superficie des territoires palestiniens de la bande de Gaza depuis le début de l’offensive israélienne d’octobre 2023. Plus de 100 000 personnes y ont été blessées. En ce jour de commémoration de la journée de la Terre, nous exprimons notre solidarité envers toutes les familles des victimes civiles de cette offensive militaire infernale. Nous vous invitons à une minute de silence afin de leur rendre hommage.

Carol Alarcón et Sylvain Nandan

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