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Billet de blog 6 août 2025

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Lettre à ma défunte maternelle (BIS)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Toute mon enfance, ton turf de mère virait en perpétuel sermon dès que j'marchais pas droit ; t'avais bien reniflé que je pouvais vriller à tout instant. Y'a même un moment où c'est que j'ai failli être enchristé mais qu'avec ma ruse de renard, j'ai réussi à échapper de peu à la ratière. Faut dire qu'avec l'éducation que tu m'as filée, j'ai appris à sauver ma couenne mais surtout à faire fumer mon usine à gamberges. C'est vrai que je t'ai fait faire du mouron !!! Entre le jour où je t'ai bonni que j'étais à deux doigts de faire le "facteur" pour des types du mitan (dont l'un d'eux m'avait prêté son soufflant; un 11.43) et les fois où j'ai disparu pendant des semaines (ou alors quand j'étais déserteur), t'as pas vraiment été à la noce. Je pigeais bien que t'avais les foies que je finisse comme mon paternel, mais ça me les brisait que tu me crois aussi peu futé que ce demi-sel.

Quand j'étais à la cloche, tu te caillais le raisiné à cause que tu savais pas si j'allais trouver où crécher. Heureusement que t'as pas su qu'à cette époque, j'étais monté une fois au braco et que ça a failli faire du suif ! Je t'avais juste débité mon CV au sujet de mes casses (appart', villas, caves, réserves de supermarchés et amicales de pétanque). Ben tu vois, malgré tous ces faux pas (et bien d'autres encore), j'ai réussi à me refaire une santé et je te tire mon galure car t'as été la seule qui ne m'a jamais jugé ni fait la morale, une fois la tempête passée. Et c'est grâce à ce que tu m'as transmis que j'ai su me faire ma place dans cette société.

Alors c'est vrai que j'suis pas bien finaud, que je rue assez facilement dans les brancards, que je sais pas fermer ma mouille mais ça, je l'assume et le revendique. Toi, t'étais comme moi mais t'en as énormément souffert; tu disais souvent que t'aurais aimé fonctionner autrement. Alors que moi, je suis fier de ne pas pratiquer la génuflexion devant l'adversité (et les cons). C'est même ce qui faisait bicher mes camarades militant.e.s ...

Je me souviens des fois où on se tapait des barres de rires en repensant à mon vieux qui se trouvait toujours de bonnes excuses pour avoir "dérapé". Mais c'était toujours avec tendresse car au fond, même s'il t'en avait fait baver, t'avais de l'affection pour lui. Pour ça aussi, je te remercie; ça m'a protégé de ce sentiment de rejet que j'aurais pu avoir pour lui...

T'as pas été une mère parfaite mais t'as plus assuré que ne l'auraient fait certaines.

Malgré tes failles, tes blessures et ton caractère de chiottes, j'aurais pas voulu en avoir une autre que toi.

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