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Billet de blog 21 décembre 2011

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Servier : Vastarel

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Hier, une toubib m'a prescrit du Vastarel 20 mg pour remplacer le Sermion 10 mg prescrit par un de ses confrères pour lutter contre mes récents acouphènes. Ce fléau, qu'on ne sait pas encore très bien soigner, touche pourtant nombre de personnes, dont plusieurs que je connais.

A la pharmacie 1- on me propose un générique. Or, je refuse systématiquement les génériques depuis un gros souci la seule fois où j'en ai pris. J'étais prête à resortir les mains vides plutôt que de reprendre un générique : « Je vous le donne mais normalement le médecin doit notifier : "Pas de générique" sur l'ordonnance », me dit finalement la pharmacienne la bouche un peu pincée. Mon médecin n'avait même pas évoqué la question mais y a-t-elle seulement pensé ?

En fait, celle-ci a réféchit quelques instants avant que le nom Vastarel ne surgisse de sa mémoire. Vu son âge, je me suis dit qu'elle devait avoir des souvenirs déjà quelque peu anciens… Elle s'est levée pour aller chercher un Vidal à la couverture en tissu efilochée et délavée. Elle a dit que le Sermion ne servait à rien et qu'elle ne voyait pas pourquoi son confrère m'en avait prescrit. Ce qui m'a étonnée car en général les toubibs se couvrent les uns les autres. En refermant son bouquin, elle a tout de même émis un doute vu l'ancienneté de l'ouvrage. Je précise qu'on est dans un centre de santé en travaux depuis des mois. Et pas un Vidal de l'année dans les cabinets de consultation ? Cherchez l'erreur… Ce paradoxe est significatif de la mentalité actuelle qui règne dans le secteur de la Santé.

2- Bref, la pharmacienne prend ma carte verte et s'apprête à me vendre deux boîtes, bien que je lui ai demandé la dose minimale pour au moins d'abord voir si cela me convenait. Je dois à nouveau insister pour n'avoir qu'une seule boîte cette fois. Je ne peux m'enpêcher de me demander si elle a effacé la boîte du réglement par la Sécurité sociale. Aucun moyen de vérifier !

Je fais ici une digression pour dire que les patients ne peuvent être seuls responsables du trou de la Sécu. J'aimerais bien qu'on comptabilise les boîtes prescrites, vendues et non consommées. Comme on fait avec les journaux par exemple tiens, où les kiosquiers doivent avancer l'argent des journaux qui leur seront livrés, le trop livré leur étant remboursé bien pus tard… Les kiosquiers ne sont pourtant pas des gens riches, loin de là ! Bref…

3- A la maison, j'observe la boîte rouge et blanche. Mes yeux s'écartent de stupeur et un malaise me saisit en voyant le nom Servier écrit en tout petit en haut à droite sur la face de la boîte, que j'ouvre. Je vois des petites pilules rouges qui ressemblent à des baies empoisonnées… Et en lisant les effets secondaires, je me dis que je prendrais des risques de détériorer ma santé si je consommais ce produit. Me voilà bien embarrassée car j'ai toute confiance en ma toubib, je la connais depuis des années et n'ai jamais eu aucun problème avec elle… Intriguée, je décide d'aller consulter la liste des "médicamets dangereux" sur Google. Bingo, je tombe direct sur le Vastarel, en cours de retrait par l'Agence française du médicament et interdit dans nombre de pays. Bizarre autant qu'étrange… Ne faudrait-il pas revérifier toutes les molécules utilisées par ce laboratoire ? Je précise que ce produit contient aussi du "jaune orangé (E 110)" et du "rouge cochenille A (E 124)".

Me voilà avec un médicament que je ne consommerai pas. Impropre à la consommation en l'état mais qui sera payé 8,68 euros par la Sécu… Qui paiera les boîtes non vendues ? Les pharmaciens ne devraient-ils pas commencer eux-mêmes par décider de vider leurs officines des produits en base de retrait ? Et les médecins être mieux informés ? Quels autres poisons ont encore produits ces laboratoires ? Et qui va enfin faire un grand ménage dans notre pharmacopée ?

J'ai envoyé un mail au centre de santé à ma toubib pour lui signaler que son produit est en phase de retrait et au directeur pour lui demander 1- d'acheter des Vidal à jour. 2- d'afficher la liste des médicaments dangereux dans les salles d'attente et d'en envoyer une copie à chacun de ses médecins.

Parfois, on se demande ce que les gens ont dans la tête… un petit pois ?

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