Quel culot d'usurper le nom de Montaigne quand on est aussi rétrogrades. Montaigne était bien plus moderne dans son XVIe siècle, plus ouvert, plus large d'esprit, plus tolérant, plus inventif... et plus modeste, que l'Institut qui s'est vaniteusement paré de son nom. Ces guignols soutenus par Areva, Bolloré, BNP, Barclays, Bouygues, Carrefour... ont un avis sur tout, mais toujours dans le même sens : réactionnaire et libéral. Et après une potion miracle en 6 points sur les retraites, les voilà qui nous administrent leur solution des solutions pour l'enseignement primaire : apprendre à lire dès la maternelle. Ce serait risible si ce n'était sinistre.
Cela fait plus de cent ans que les pédagogues répètent que les enfants ont des rythmes différents les uns des autres, qu'il est inutile et contreproductif de les brusquer, que cela n'a aucune importance d'apprendre à lire à 5, 6 ou même 9 ans. Freinet, Montessori, Piaget et tant d'autres ont insisté sur la nécessité de privilégier la motivation et de laisser l'enfant faire lui-même le choix du moment où il veut apprendre, où il en a besoin, et où cela va se faire très vite et très facilement parce qu'il en aura envie et qu'il saura pourquoi il fait des efforts.
Que c'est fatigant de lire et relire de telles inepties, de les voir reprises et citées par les médias. Que c'est écœurant de se dire que cela va entraîner le mal-être et l'échec de nouvelles générations d'enfants sacrifiés. Que c'est révoltant de savoir que les vraies solutions existent, qu'elles sont connues et qu'aucun gouvernement ne les applique : des classes moins pléthoriques, des enseignants mieux formés, et, surtout, une PEDAGOGIE ACTIVE. Au lieu de ça, on réduit la formation des instituteurs, on ferme les réseaux d'aide (RASED), on réduit les budgets... et on écoute les pitres.