Premier Mai

Pour ceux qui bossent voici un fatal 1 er Mai.Comme Pâques qui est une fête flottante, cette date la se devrait de l'être aussi. Nous aurions du, devrions militer pour que cette fête du travail soit toujours un lundi.Un lundi sans rien. Pas de boulot, de magasin, de cinema. Rien, rien vous dis-je. Rien qu'un jour qui s'étire comme une diva au réveil, un instant furtif de vingt quatre heures plein de rien.Enfin si, un petit croissant un peu rassis acheté la veille trempe dans le cafe du matin, un lit laisse béant et qui nous fait de l'oeil. La Tele bien éteinte, regard noir fâche sur la folie du monde.On s'enverrait des photos, des photos de roses, d'enfants qui rigolent, ou bien des photos de nuages. J'aime bien ces photos la. Pas de sujet, pas de complément, une forme incertaine, un support de rêve.On irait au jardin, pieds nus dans l'herbe. Quelqu'un aurait décrète "aujourd'hui c'est sandwich" Pour la cuisinière, la femme de la maison c'est campo aussi. On grignote, on bavarde.Quand je mange j'aime bien parler nourriture.Les tomates bien mures au parfum musqué, le jus des prunes qui fait danser les abeilles, le craquant du pain qui a pris le soleil, et le frais d'une eau gardée a l'ombre qui embrume le verre.Le bruit des conversations auxquelles on n'a pas pris part ponctue la fin d'après-midi. On a le chapeau sur le nez en guise d'avertissement siesteux, prière de ne pas déranger. On flotte paupières closes, love dans un fauteuil. Il arrive même qu'on s'endorme un instant. Ah quel beau jour, pas vrai ?On a rien produit, quasi rien consomme, a peine a-t-on lu, mais on a parle, voire on s'est écrit un petit billet glisse entre les heures, a déguster plus tard.Demain il sera bien temps......