On était 12, ou 15.
La salle de la mairie c'est le deuxième bureau de ceux qui s'engagent.
A voir les protagonistes on craint pour l'issue du combat.
Il y a ceux qui savent, ou le croient. Et il y a nous. Presque la mixité. C'est un sujet d'homme la chaufferie.
Les femmes sont de droit puisqu'elles tienent les cordons de la bourse. Enfin c'est ce qu'on pourrait croire, comme ça, à première vue.
Bon je vous passerais la douloureuse séance de vidéo-projection du rapport qu'on avait sous les yeux déjà depuis un mois.
J'ai du écrire 4 phrases de commentaires. Je me demande si on ne gagne pas ainsi un temps précieux pour n'avoir pas à répondre sur le fond. Mais en responsable élu, j'écoute.
Ecoute flottante -tactique mise au point il y a quelques décennies quand la férule des profs m'ennuyait à mort- regard vigilant, esprit aux alentours.
Là je regardais l'assemblée.
Le maire très concentré : 1 maire combien de réunions sur tout, tout le temps ?
Son adjoint, un rusé qui sussure à l'oreille de l'édile, souffle-t-il des réponses ?
Les plus beaux : l'ingénieur ou bien architecte, poil blanc malgré une quarantaine évidente. Pas de bedaine , regard vif, un passionné du sujet et qui défend ses positions.
A son côté un gringalet en cuir avec une pointe de poil sous-labial du dernier chic on dirait. Est-ce agréable dans les débats intimes ? Ah oui celui là c'est le représentant du cabinet d'avocats destiné à nous défendre (ah bon!)
Et puis il y a le vieux, celui-là s'est mis derrière le Mac pour le cinéma d'auteur mais maîtrise assez mal le maniement de la bête. La recherche des fichiers se fera dans la douleur. Enfin il porte beau dans le genre veste en velours, noeud pap et mocassins pompons. Il fait ses commentaires mezzo voce, sourit mais le regard est coupant comme celui du vendeur de came du coin de la rue. Il faut dire son cabinet est en pointe et sans doute espère-t-il produire la suite de l'étude. C'est des sous tout ça.
Car, et c'est le clou de la soirée, ceci est une pré-étude ne prenant pas en compte la réalité du terrain, les financements, la localisation des terrains nécéssaires, l'entre-deux situations bla bla bla.
Mes deux voisins de droite notent, notent. Ma présidente vérifie, s'efforce de saisir l'enjeu. Le président de la commission énergie n'arrivera jamais à se faire entendre. Trop long, trop émotif, trop amateur.
Les autres grognent de dépit ce qui distrait son monde.
On se quitte bons amis car on a des manières, même ici. L'enjeu c'est de voir les uns et les autres au retour , ailleurs, un autre jour. Le maire va obligeamment chercher mon téléphone, et on se rentre car il est bien 23h et des. C'est la présidente qui nous rapatrie.
Pas un chat, pas un deal, pas un attroupement. Il faut dire qu'il fait frais. Ca aide à la discipline du dodo à l'heure.
Ai-je été silencieuse ? Que nenni. J'ai posé mes questions, proposé une méthode de travail. Rien qui ne vaille un commentaire.
La bataille est encore pour demain. Mais mon énergie est intacte.