ésenté comme ça, il est certain que la tentation est grande de proposer des postes d'exécution pure à une population d'autistes déjà largement sous-employée et surqualifiée.
Personnellement, les fameuses tâches mécaniques et répétitives mentionnées ci-dessus m'ont toujours fait du bien en soulageant ma charge cognitive, même encore aujourd'hui, munie de mon Bac + 5. Mais point trop n'en faut.
'Y faut pas pousser Mémé dans les orties !
En effet, tout est question de dosage et n'oublions pas que parmi les autistes Asperger figurent de nombreuses personnes avec haut potentiel intellectuel.
Aparté entre vous et moi : on déconseille parfois de taire ce haut potentiel intellectuel à ceux qui penseraient naïvement que cela pourrait appuyer leur candidature auprès d'un potentiel employeur. En effet, cette annonce comporte le risque de s'attirer des jalousies en interne, à peine arrivé. J'ai été confrontée à ce choix et ne regrette pas d'avoir tu mon HPI. D'une part car je ne vois pas en quoi cela aurait pu m'aider une fois en poste. D'autre part car l'expérience m'a montré que se distinguer "par le haut", qui plus est lorsqu'on est un profil original, peut réveiller les instincts les plus bas de certaines meutes (féminines, pour ce qui est de mon expérience). Pour vivre heureux vivons caché, donc.
Bref, n'oublions pas que de nombreuses personnes avec syndrome d'Asperger et haut potentiel intellectuel sont susceptibles de s'ennuyer relativement vite si elles ne sont pas stimulées intellectuellement (ce
"Attention portée aux détails. Souci de perfection et extrême méticulosité. Ils (les personnes avec SA) sont le gage d'un travail bien fait. L'inconvénient est qu'ils peuvent très bien passer plus de temps sur une tâche, ce qui n'est pas forcément du goût de l'employeur ou des collègues de travail."
Alors comment faire, me direz-vous ? J'en sais fichtre rien, vous répondrai-je. Si ce n'est qu'on peut envisager d'apporter un peu de souplesse dans la prise de poste et laisser le temps et la parole à la personne avec autisme Asperger pour que ses capacités professionnelles, quelles qu'elles soient, se déploient sereinement, aux bons endroits et avec le bon dosage.
A titre d'exemple me concernant :
Je suis à l'aise à l'écrit, j'ai un profil littéraire et possède des capacités rédactionnelles, ce que j'ai mis en avant lors de l'un de mes entretiens d'embauche. Parfait puisque le poste requérait des compétences rédactionnelles, notamment pour rédiger des textes d'accompagnement et des modes opératoires.
Sauf que.... mon style d'expression écrite est travaillé et non familier. Or, l'attendu (bien que non exprimé) pour ce poste était de la rédaction dans un langage familier-ni-trop-ni-trop-peu-comme-celui-utilisé-par-ma-prédecesseur-au-poste-et-j'en-passe-et-des-meilleures.
Inutile de vous dire (j'vous l'dis quand même, comme dirait notre ami Patrick)
...que ça n'a pas été simple, loin de là. D'une part pour me connecter à ces satanés attendus-non-exprimés et d'autre part pour adapter mon style d'expression écrite. Deux épreuves pas vraiment "autiste-friendly".
Conclusion : mes compétences rédactionnelles se sont retournées contre moi, les bougresses.
Où veux-je en venir ?
Les compétences du candidat autiste devront trouver comment bien se déployer sur des missions qui ne sont pas forcément telles qu'elles avaient été annoncées en amont et au moment de l'entretien d'embauche.
Afin d'éviter une situation dégradée, il est sage de prévoir d'adapter le poste au fil de l'eau. A l'ère des injonctions d'agilité tous azimuts, cela n'a rien de choquant. Exit donc les fiches de postes certes préparées dans le respect de ces qualités professionnelles présupposées des personnes avec syndrome d'Asperger, mais figées.
Le recrutement d'une personne avec un trouble du spectre autistique n'est ni une action noble ni une action expérimentale. C'est un investissement qui nécessite d'y consacrer du temps, du suivi et du sérieux pour pérenniser l'emploi de la personne auties plus haut ne sont qu'une vitrine et peuvent s'avérer limitantes si on y accorde trop de crédit, ce qui est dommageable à la fois pour les employeurs et les employés autistes.