J-1, nous retenons notre souffle. Ne plus bouger en espérant que rien ne va faire retomber le soufflet qui prend bonne allure. Dimanche, la victoire ? On essaie de ne pas y croire trop, ce serait tellement dur d'être déçus.
Cette semaine, réunion intersyndicale pour préparer une entrevue avec la direction. Dans cette assemblée plurielle, tout le monde n'ose imaginer ce qui nous attend en cas de reconduction du "candidat sortant". Il a crié sa haine de ces corps intermédiaires qui osent encore penser que l'humain doit rester supérieur à la recherche effrénée du profit, que tout travailleur a doit au respect et à la dignité, que le droit du travail est fait pour être respecter et non contourner sans arrêt pour le plus grand profit du patronat. Oui, s'il passe dimanche, le détricotage de tous ces droits acquis dans la douleur va continuer, au nom de la sacro-sainte "compétitivité". Nous sommes pourtant aux limites de ce qui est supportable, et beaucoup de nos collègues le paient par des dépressions, des mal de dos, leur corps parle quand la prudence et la perspective de perdre leur emploi les font se taire et serrer les dents.
Dimanche, ma grand-mère de 80 ans, elle qui a travaillé toute sa vie et qui vivrait maintenant, sans sa famille et ses quelques économies, en dessous du seuil de pauvreté, ira voter. Elle qui est fatiguée tient à aller mettre elle-même ce bulletin là dans l'enveloppe, car, elle le dit, c'est le bulletin de l'espoir, et elle l'espère, le bulletin de la victoire. Pour que les heures sombres de la haine qu'elle a connues petite fille ne reviennent jamais. Pour qu'après avoir travaillé toute leur vie les vieux travailleurs puissent vivre dignement. Pour que les jeunes puissent vivre de leur travail et non juste survivre. Pour que les beaux jours reviennent dans notre pays, la France, pays de la liberté, de l' égalité et plus encore de la fraternité.
You can say I'm a dreamer, but I'm not the only one....