Se réveiller dans une France dont le président est un socialiste, quel sentiment bizarre ! Un soupçon de décompression, un soupçon d'"inquiétude aussi, car tout n'est pas fini : nous devons donner une majorité à ce gouvernement ! Et une grande émotion également en ce soir du 6 Mai : il y a longtemps, jeune étudiante, j'étais à la Bastille dans une atmosphère de joie profonde et sans doute un peu naïve. Ce soir là pourquoi ne pas l'avouer les yeux étaient humides et le champagne pétillant à la maison ! Mes enfants, génération beaucoup plus pragmatique et moins idéaliste que la nôtre, m'interpellaient : il a créé l'espoir, il va falloir réussir maintenant !
Pas d'état de grâce, c'est la marque de ce retour au pouvoir de la Gauche. Tout d'abord dans les médias, à l'affût du moindre faux pas de la nouvelle majorité: moyens de transport, logements, déclarations, tout est passé au crible et le nouveau premier ministre en a pris conscience, il a briefé tout de suite les nouveaux ministres, rien ne sera pardonné.
La droite s'offusque du moindre détail, tant elle pense que c'est ainsi qu'elle pourra sauver quelques sièges aux législatives : de l'absence de martine Aubry au jean de cécile dufflot ! Le plus risible est sans doute l'offusquation de l'ex président accoyer : le nouveau gouvernement voudrait prendre le décret sur la retraite des carrières longues par décret " au mépris des députés et des citoyens". On croit rêver quand on sait comment le gouvernement fillon a traité les préoccupations des citoyens, même lorsqu'ils défilaient par millions dans les rues.
Le mépris dans lequel les syndicalistes étaient tenus, descendant depuis ces hautes spères jusqu'aux directions locales, nous brûlait à chaque réunion direction/syndicats. Mais nous avons tenu bon, et nous sommes là aujourd'hui. Lors de la dernière réunion, la direction a accepté de modifier une décision en prenant en compte plusieurs de nos revendications. Nous sommes invités au séminaire "encadrement" lieu de discussion des orientations dont nous étions soigneusement tenus à l'écart. On se regarde entre délégués syndicaux, on se comprend sans parler, oui quelque chose a changé, la gauche arrive ! Vous ,gouvernement, ministres, ne nous décevez pas, écoutez nous ! nous sommes des gens responsables, on sait bien qu'on ne pourra pas tout faire et tout de suite, mais il faut vite montrer l'espoir, la lueur au bout du tunnel, celle qui permet de continuer à marcher malgré la fatigue !