Quand j'étais toute petite une vérité c'était quelque chose à base de "mes parents me l'ont dit".
Et puis un jour, j'ai su que le père Noël n'existait pas et que mes parents mentaient.
Un peu après c'était "le prof l'a dit en cours".
Et puis un jour j'ai découvert qu'un programme scolaire pouvait changer, que l'Histoire pouvait être tronquée, que le prof pouvait se tromper dans ses calculs, et vous détester le restant de l'année quand vous le lui faites remarquer trop souvent...
J'entendais souvent aussi "je l'ai vu à la télé". Et moi je disais souvent "je l'ai lu dans le journal".
Et puis un jour j'ai découvert qu'il y avait des tas de trucs bidon partout.
Mais quelque soit l'âge que j'avais il n'a pas fallu très longtemps pour que je m'en rende compte.
Le plus dur à avaler finalement, ça reste les parents, c'est le complot initial.
Des gens que vous placiez au dessus des autres, au dessus de tout soupçon, qui sont là pour vous et rien que pour vous, dont le but ultime est votre bien, ces gens là vous ont menti?
Du coup les autres après, c'est juste un pli à prendre.
Celui de la lucidité, du temps.
Se dire de ne pas accorder d'importance démesurée au "zéro défaut", que ça ne peut exister.
Savoir qu'un jour où l'autre on sera à nouveau abusé, trompé, trahi, manipulé, utilisé.
Écouter sans tout prendre pour argent comptant, s'empêcher de réagir sous le coup de l'émotion.
Apprendre à parler ça commence par apprendre à se taire et il est toujours préférable de relire à deux fois avant d'écrire.
Et bien ces bonnes résolutions acquises au fil des décénnies, elle ne suffisent pas toujours à mon utilisation "optimale" du net, et l'embêtant avec ce support c'est qu'il est incontrôlable.
Une fois lâché, chaque mot peut errer comme un zombie dans les limbes de google news ou autre indexateur hypermnésique.
J'ai récemment mesuré l'ampleur que pouvait prendre un innocent billet de blog sur la vie d'une personne réelle.
Sans gravité heureusement, et les conséquences ont été limitées par une suppression du billet 10 jours après sa publication.
En voici les circonstances:
J'avais un blog chez hautetfort où j'ai publié un billet avec une série de photos d'un homme successivement déguisé en: pompier, skateur, boxeur, biker sur sa Harley, bricoleur, cow-boy sur un cheval en bois sur ressorts d'un bac à sable, et aussi en pochtron qui descend sa bouteille de rouge.
Et sur une des photos, il était en prof en train de lire et c'est une photo de sa fiancée qui faisait marque-page.
Parce qu'en fait cette série de photos c'était à l'origine mon cadeau d'anniversaire à sa fiancée. Parce que c'était une amie à moi.
Et lui, il est vraiment prof dans la vie, de philo.
Et il vient du Kansas, un américain quoi, et qui vivait encore à Paris cette année là.
Quand j'ai eu envie, un an après, de publier la série sur mon blog, j'ai googueulé son nom et je suis tombée sur une parution dans une revue d'un de ses textes où il parlait de cinéma.
Voilà, j'ai donc du coup fait un lien depuis mon article pour sa page, et j'ai cité son nom.
D'habitude je demande toujours aux modèles avant parution sur le net de photos où ils figurent sauf que là j'ai zappé.
En fait je croyais me souvenir lui avoir demandé si je pouvais en utliser pour mes présentations, ça a pas du me motiver.
Alors, là où les ennuis ont commencé c'est quand dans un amphi, alors qu'il invitait ses élèves à chercher ses travaux sur le net, le quatrième lien que proposait google amenait sur mon billet de blog.
Les voies de l'indexation sont impénétrables, mon blog passait avant des sites dédiés, avant les sites des fac, des revues philosophiques, etc...
Je crois que ces deux photos: le boxeur avec tatoué "love" sur une main et "emily" sur l'autre (on a du mettre le pouce, forcément) et celle où il est en pochtron avec une bouteille où on lit "Emily" ça du briser quelques cœurs parmi certaines étudiantes mais bon, au niveau de la crédibilité du double docteur en philosophie de la fac de Philadelphie, c'est peut-être un peu trop... privé!
Il m'a donc demandé de supprimer son nom de l'article pour éviter la remontée des moteurs de recherche, mais ça n'a pas suffit.
Cette page était collée à la quatrième place, un pied de podium assez mal venu...
J'ai donc supprimé l'article et depuis il ne monte plus par google.
Mais rien ne me dit qu'il a vraiment "disparu".
Pour les partisans du non-anonymat sur le net, sachez que ce genre de gaffe là peut avoir des conséquences bien dommageables alors qu'il n'y avait pas l'ombre d'une malveillance derrière.
Alors avec.... je vous laisse imaginer.
Et dans mon cas le seul usage de mon prénom en guise de pseudo a, entre autres, pour raison que si mon prénom est assez peu porté mon patronyme par contre est parmi les plus courants en France et j'ai donc identifié sur google quatre personnes ayant exactement le même nom que le mien dont une instit, une tireuse de cartes et une gérante de gîte rural....
Alors mon vrai nom vous en apprendra moins que ce que vous pouvez lire ici de mon pseudo/prénom.
Mais en aucun cas je ne n'accuse l'outil ni je cautionne ceux qui le clouent au pilori.
Par sa forme et son rythme, et surtout le fait qu'on (usagers "inconscients") puisse l'utiliser sans en connaître les vrais modes de fonctionnement, il est à manipuler avec précaution.
Derrière il y a aussi des intérêts politiques à le brider, des intérêts économiques à ce qu'on ne le maîtrise pas complètement, il faut juste rester... avec l'esprit ouvert et prudents.
Pour finir je vous cite le proverbe arabe laissé par Ben Boukhtache dans un article de blog:
" Tu es maître de tes paroles et esclave de celle que tu as prononcées "
Je dirais sur le net plus qu'ailleurs, mais les pensées des sages se prêtent à tout, si elles sont sages.