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Billet de blog 25 juin 2008

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La main de Kouchner

En 1999 un cafetier parisien eut l'idée de faire de son établissement nommé "La belle Hortense" un bar non-fumeur. Et il invita le ministre de la Santé de l'époque à venir voir ça. Ce cafetier est très people-spectacle et tout ça. Grand ami des Bacri/Jaoui et autres. Mais d'où lui était donc venue cette idée folle de faire un bar non-fumeur?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En 1999 un cafetier parisien eut l'idée de faire de son établissement nommé "La belle Hortense" un bar non-fumeur. Et il invita le ministre de la Santé de l'époque à venir voir ça. Ce cafetier est très people-spectacle et tout ça. Grand ami des Bacri/Jaoui et autres.

Mais d'où lui était donc venue cette idée folle de faire un bar non-fumeur?

Et bien je ne sais pas quel prétexte il a servi à Kouchner, mais en fait c'était parce qu'une des employées du bar avait annoncé son départ. Elle disait ne plus supporter de travailler dans la fumée. À sa décharge, le plus gros de la clientèle de ce bar/bar à vins/cave/librairie passait son temps à gloser sur des sujets éminemment sérieux ou poétiquement futiles en fumant avec lenteur des cigares plus gros les uns que les autres. Sans compter les fumeurs de blondus vulgarus, fog permanent assuré!

Quel patron modèle!?

Bof. En fait les mauvaises langues du quartier disaient qu'il en pinçait pour la petite, accessoirement fille d'une de ses amies, une réalisatrice française controversée. Il ne voulait pas qu'elle parte, elle a utilisé la fumée comme prétexte diplomatique, il a supprimé la fumée.

Et appellé Kouchner. Et l'a invité à déjeuner dans un de ses cafés juste en face, celui qu'il venait d'ouvrir et où j'étais après avoir fui de La Belle Hortense avant ma collègue. Ah oui, c'était aussi mon patron. Et pour la cuisine il a fait amener des plats de son autre établissement, bon il en 5 dans la même rue, et c'est ma pomme qui a eu l'honneur de déboucher la bouteille de la table de monsieur Kouchner.

Bouteille que j'étais allée chercher dans la cave de l'autre côté de la rue, une Côte Rotie de chez Guigal, La Mouline. Les amateurs apprécieront. On la vendait plus de 130€, si je convertis.

Bien entendu monsieur Kouchner et ses amis n'ont rien payé. Il est d'autre part d'usage dans certains métiers que le client laisse un pourboire à l'employé. Ça se fait beaucoup dans la restauration. Ces messieurs dames sont repartis, ont salué mon patron, l'ont remercié et s'en sont allés. Il n'y avait pas l'ombre d'un pourboire sur la table.

Tout à coup Kouchner s'est arrêté, s'est tapé le front, s'est retourné, est revenu vers moi en disant "excusez-moi j'ai oublié"..."..... "....de vous remercier pour le service, c'était vraiment parfait" Et là dessus il me serre la louche avec ses deux mains, me fait un grand sourire... et se casse.

Ce jour là j'ai su que Kouchner était de droite.

Sinon, le café n'est pas resté non-fumeur très longtemps; les clients ont ou fui, ou investi le trottoir fort étroit dans cette rue pas très large et créé de légers troubles de la circulation. De plus la petite a quand même démissionné. Bien sûr aujourd'hui les choses ont changé tous les lieux publics sont non-fumeur, ça ne vous aura pas échappé.

Il ne fait jamais bon avoir raison trop tôt.

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