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Billet de blog 29 août 2023

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A quoi jouent les Insoumis pour les européennes

L'union c'est bien mais quand on veut gouverner (ou être dans l'opposition) ensemble!

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Chers insoumis (et tous les autres de gauche aussi)

Bien sûr, les électeurs réclament l'union et il faut la promouvoir à gauche, si on veut éviter la "lepenisation" (comme on disait il y a quelques temps) de la société. 

Cependant l'union pour les élections européennes était une mauvaise idée au départ, elle en devient caricaturale. 

La raison en est simple. Au niveau européen, les socialistes sont du côté du groupe disons social-démocrate qui fait partie de l'exécutif, les verts de celui des écologistes qui n'ont font pas partie mais le regrettent et les insoumis (comme les communistes avant eux) de la gauche européenne qui est franchement dans l'opposition. Que se passerait-il en cas de  liste commune? la tête de liste choisirait dans quel groupe les élus s'affilieraient?  chaque élu choisirait le groupe qui lui conviendrait? Drôle d'union!

Sur la forme, les écologistes pensent être les plus forts au niveau européen (sans doute à juste titre), on voit mal pourquoi ils s'abstiendraient d'obtenir une victoire. Imagine-t-on Mélenchon (ou la FI) s'abstenir de se présenter à l'élection présidentielle sous prétexte de primaire populaire alors qu'il pensait à juste titre qu'il était le seul à pouvoir faire un bon score. 

Elle en devient caricaturale car les Insoumis ont toujours (et avec raison à mon sens et avec succès en tout cas) mis en avant "leur" programme. Aujourd'hui cette recherche d'union sans boussole (autre que l'union) à quoi cela mène?  On sait quelles seront les grandes orientations des verts (interview à Mediapart de Marie Toussaint) et on voit mal comment LFI pourrait les adopter pleinement. Outre le fédéralisme dont certains parlent abstraitement,  précisément les verts demandent à l'instar de Mario DRAGHI de "passer le cap d'une souveraineté fiscale et monétaire partagée ". Globalement leur discours sera que l'UE c'est bien (ou pas mal en tout cas cela va dans le bon sens) mais que ça manque d'écologie et d'écologistes (dans l'exécutif, elle le répète).Le problème, ce sont les Etats et que même quand on ne peut pas dire que l'UE va dans le bon sens comme avec la politique agricole commune (PAC), c'est parce que la France l'a voulu ainsi. Cette vision d'Etats égoïstes et aveugles ou dans le déni concernant le  changement climatique face à une UE généreuse et préoccupée par les questions environnementales aura du mal à convaincre les militants et autres soutiens de LFI tant ce sont les mêmes personnes et les mêmes intérêts au bout du compte qui prennent les (mêmes d'ailleurs) décisions. Même les couplets sur le "social" aura du mal à convaincre tellement il est centré sur l'existant : le socle européen des droits sociaux dont voilà quelques principes ambitieux : "la pauvreté au travail doit être évitée"  ou "les travailleurs ont droit, lorsqu'ils prennent leur retraite, à une pension proportionnelle à leurs cotisations ..." ou encore "les prestations de revenus minimum devraient être intégrées à une incitation à (ré)insérer le marché du travail". La défense des plus vulnérables et des plus pauvres (de l'UE ce qui ne concernent quasiment pas les Français) est typique d'une "bienveillance" (en d'autres temps on l'aurait appelé charité)  mais pas d'une réelle politique sociale. Pas sûr là encore que la FI accepte cela de bon coeur. Bien sûr, dans ce domaine comme dans celui de l'écologie, on peut se dire que les positions ne sont pas si éloignées, c'est tout le discours "unitaire", mais encore faudrait-il quelques clarifications a minima et personne ne cherche à les faire, chacun clamant "sa" clarté. 

Enfin et surtout LFI dit vouloir l'union mais la recherche avec les écologistes ou les socialistes, ce qui semble d'emblée impossible au niveau européen, mais ne la recherche pas avec les communistes. On peut imaginer certaines raisons (pour le moment non dites) :  cela ne rapportera rien en terme d'électorat (certains doivent même penser que ce sera un poids), on en reviendrait au front de gauche qui a déjà été une expérience peu concluante.

 Pourtant cela devrait être envisagé et plus largement.  Il faut se dire que les insoumis sont dans le même groupe actuellement que  celui dans lequel étaient les communistes mais aussi, à un moment, la LCR (ex-NPA disons) et LO qui ont eu des élus au parlement européen et qui pourraient en avoir à nouveau. Il ne s'agirait pas de rejouer la "bataille" du traité constitutionnel, mais quand même d'affirmer que le libéralisme de l'UE (que ne condamnent pas vraiment le PS et les écologistes)  est la cause première aussi bien de la situation écologique et sociale que de la montée de l'extrême-droite. Les insoumis rechigneront sans doute à s'allier avec des partis minoritaires, cela ne cadre pas vraiment avec des ambitions présidentielles, "on" ne se privera pas de leur dire.  Mais le pari de créer une dynamique à gauche qui amène à remettre en cause les orientations de l'UE, libérales et nationalistes (les unes ne s'opposant pas aux autres),  et qui permet de mettre en avant (autrement) l'enjeu véritable de cette élection (la possible alliance droite-extrême droite), n'est pas perdu d'avance. Ce rassemblement-là (qui se ferait du coup bien au delà des partis ... prenantes sic!)  me paraît plus prometteur, y compris pour des ambitions présidentielles,  que la stratégie qui consiste à  "convaincre" les écologistes qu'il ont intérêt à être "unitaire" avec LFI.

fraternellement,

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