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Billet de blog 7 avr. 2020

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Covid19 : existe-t'il un pilote (informatique) dans l'avion ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis quand, disposez-vous d’un ordinateur ? Depuis, le premier initialisé par Turing lors de la deuxième guerre ? Probablement pas, mais c’est à ce moment que votre ordinateur est apparu défiant la calculatrice du philosophe Pascal. En effet, votre ordinateur dispose lui aussi comme toutes les espèces sur notre planète, d’une chaîne du vivant, d’une évolution à la manière de l’homme des cavernes vers nous. De même donc pour l’ordinateur de Turing et l'ADN que sont les micro-processeurs de son point A vers notre génération d’ordinateurs ou nos derniers écrans Smartphone. Le Smartphone est devenu tout d’abord une extension de nos mains, puis parallèlement à elles une extension de notre mémoire. Le mobile ‘ce petit ordinateur’ serait donc à quasi notre (premier) disque dur externe.

Nos ordinateurs n’ont pas cessé d’évoluer, ils disposent de versions propres et de systèmes d’exploitations qui se corrigent d'eux mêmes. Nos ordinateurs sont introspectifs, et lorsque un danger arrive, ils nous préviennent. Comme les hommes à la différence près, que l’introspection n’est pas toujours notre nature première, nous en faisons le choix, une vague question d'éthique tout comme celui de placer nos zones de conflits internes dans notre psyché. Nous disposons donc d’un inconscient-conscient équivalent peut-être des fichiers caches de notre machine qui saturent ou ralentissent nos ordinateurs.

La machine dite de Turing a permis aux alliés de décoder les messages allemands afin de connaître quand les attaques allaient se produire tout comme leurs lieux. Alan Turing plus tard se suicide en croquant une pomme imbibée de poison et c’est ce logo qui apparaît sur les produits Apple. L’ordinateur dans sa primauté, avait ainsi pour fonction d’être un espion, d’ailleurs, le premier Sms envoyé le fût par des militaires et l’invention incroyable d’internet, la toile a été testée tout d’abord par l’armée.

Depuis, le temps numérique comme cette valeur ajoutée a écourté le nôtre et l’espace infini de l’univers est désormais balayé en réel-virtuel par nos applications. L’information est ainsi transmise en simultanée : l’américain est aussi chinois, le chinois congolais, et si l’un dort, l’autre veille, et si l’un veille, tous veillent, et si l’un dort alors…

De plus, internet a peu de frontières, de pare feux. Pourquoi ? Parce que son flux, son accès est l’un des derniers dons offert par la démocratie vers les peuples démocratiques comme aux hommes et aux femmes encore et toujours sous un joug. D’ailleurs aujourd’hui c’est à internet et ses valves qu’un état politique ou politisé peut-être jugé. Internet ouvert : démocratie. Flux contrôlé : manifestations en cours. Fermeture : dictature. 

Avec l’arrivée de maux incontrôlables sur terre, comme Al Qaida, les frères Coulibaly, arrive le dark web : le côté sombre de la machine, là oử se déploient, toutes les économies souterraines et ses trafics. A contrario, pour l’affaire Clear Stream qui a presque déstabilisé la politique de la France tout comme nos rapports avec Taiwan, ce sont des informaticiens qui permettaient de blanchir l’argent de tous aux yeux de tous et pour l’affaire Kerviel, c’est aussi grâce aux machines qu’il contournait la bourse mondiale.

Aujourd’hui, nos révolutions sont numériques, les révoltes sociales et elles s’incrémentent très facilement à nos time-line, un peu comme le covid19, qui a besoin d’un hôte, d'un autre pour prendre son aise. Ainsi, les appellations Covid19, Windows7, IOS, apparaissent étrangement comme cette langue de similitudes.

De surcroit, nos ordinateurs ont besoin d’internet pour être optimisés, un ordinateur sans internet, équivaut simplement à une voiture avec sa jauge d’essence dans le rouge. Internet est devenu ce conducteur porteur de bit et d’algorithmes et si aujourd’hui en pleine crise mondiale les pipe-lines sont en bernes, les fournisseurs d’accès de l'internet le sont moins car devenus d’utilité publique.

Plus encore aujourd’hui, nous passons énormément de temps à interagir avec nos machines essayant de comprendre les bugs liés à nos mauvais usages ou leurs comportements afin d’ajuster les nôtres. Et, force est de constater que nous nous sommes perdus en omettant que l’intelligence artificielle est le fruit de la nôtre. Cette nouvelle espèce de machines apparue en 1936 et surpassant de fait les automates, nous a fait perdre corrélativement nos automatismes. Automatismes qui seraient cette écoute de soi vers l’apaisement des pensées tout comme celui inhérent à notre santé physique. Du moins, telles sont les promesses des machines : se reposer sur leurs capacités, une ergonomie ludique et les avancées formidables et techniques que ces machines reflètent.

En avril 2020, les ordinateurs ne sont pas capables de faire surgir des pensées plus élaborées, répondant encore à nos demandes par Siri et s’appuyant sur des algorithmes pisteurs. Notre santé physique, quant à elle est adossée à nos exploits néanmoins tracés par notre montre connectée. Nos relations sociales induites par écrans interposés, comme entrechoques et entrelacs de nos vies, de nos crises, de nos tristesses. 

Nous étions devenus fragiles et le Covid19, n’attendait que cela pour apparaître. Il avait son terreau fertile, notre espèce. Son hôte-cet autre : l’homme. Sa vitesse de propagation similaire à celle de la 5G et son système d’attaque le plus implacable qui soit : le système viral.

Mais plus encore le Covid19 dispose d’un bug intégré dans sa matrice comme celui attendu à l’entrée de l’an 2000 et qui c'est fait attendre. Un état de fait que le pire dictateur des dernières décennies n’aurait jamais espéré : le confinement de la moitié d'une planète devant ses écrans.

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