Quelques points méconnus d’histoire et d’épistémologie des thérapies comportementales et cognitives » rend compte de l’intervention de P.-H. Castel aux journées organisées par l’AlI (Association Lacanienne Internationale) les 12 et 13 juin 2010 à la Pitié-Salpêtrière, études théoriques et cliniques du cognitivo-comportementalisme.
Il apporte des éclaircissements passionnants et détaillés, sur l’histoire du cognitivo-comportementalisme ainsi que son articulation progressive aux neurosciences. Son approche est également épistémologique.
Dans son article, P.-H. Castel examine d’une part les principes des TTC et neurosciences, en vue d’en déterminer la valeur et leurs prolongements en termes d’application dans la société et les Institutions (parmi elles, la Santé Mentale). Il fait également l’histoire de leurs élaborations successives et pointe un certain nombre de problèmes, voire paradoxes, qui leur sont liés.
De l’autre, il montre que la France n’est pas totalement acquise à cette dérive scientiste du soin psychique, du fait qu’elle a une conception de l’humain qui privilégie l’individu en tant que « sujet » (être individuel dont l’irréductible singularité est interdépendante des idéaux de la société, marquée historiquement par les droits de l’homme et du citoyen et la res publica), à l’opposé de la notion anglo-saxonne de « self », ou « moi autonome », fondement institutionnel de la société anglo-saxonne, « communauté autogouvernée par ses membres ». La spécificité des contextes culturels entre pour beaucoup dans le succès et l’implantation durable du modèle cognitivo-comportementaliste des neurosciences.
Ainsi, P.-H. Castel met au jour que la crise concernant les approches thérapeutiques des maladies mentales est moins un problème strictement scientifique qu’une donnée anthropologique et historique: il s’agit selon lui (et quelques autres…) « d’une reconfiguration de l’idée de l’homme ».
L’article détaille les principales étapes qui ont marqué l’évolution des TCC (Thérapies Cognitivistes et Comportementalistes) et leurs applications pratiques, tout en décortiquant leurs soubassements scientifiques, idéologiques, culturels, et politiques. Il montre également que l’expansion des TCC est un mode de gestion du malaise socio-économique actuel, hérité du modèle néolibéral. Il se conclut sur une note optimiste : la psychanalyse a encore un avenir en France à la condition qu’elle accepte le principe de réalité qui consiste à faire face aux évolutions de la demande sociétale, tant du côté institutionnel (évaluation scientifique) que du côté de la demande de participation démocratique à la santé par ses usagers.
A la condition, enfin, que la psychanalyse et les pratiques affines ne fassent pas l’impasse sur les thérapies comportementales et cognitives, dans toute leur complexité. A ce titre, il met en garde les chercheurs et « psychistes » français, trop peu nombreux à s’intéresser, de près et en détail, à celles-ci.
Pour plus de détails, lire:
http://www.freud-lacan.com/Parutions/Autres_revues/Le_cognitivo_comportementalisme_en_question
NB: remise en ligne, dans le fil du commentaire d'un billet disparu, lequel recense les points principaux épinglés par P.-H. Castel.
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