LA PROBLEMATIQUE DU MOUTON.
( Bonne nouvelle, un ami à qui je parlais de ce blog, sculpteur, mais qui aime aussi beaucoup dessiner de petits strips - et tout particulièrement sur le thème du mouton, un petit peu à la F'murr - m'a spontanément proposé d'illustrer mon propos, de le ponctuer à sa guise, selon son propre ressenti. J'ai dit oui bien sûr ! Je lui ai transmis le premier texte pour lequel il va dessiner et que j'inclurai dès qu'il me l'aura transmis. De même à chaque nouveau texte )
II.
" Qu'est-ce que j'peux faire ? Chépa quoi faire ! " Eh oui ! C'est ce qui revient en tête pour ainsi dire chaque jour pour nombre d'entre nous, et pour ma part c'est l'extrait du Pierrot le fou de Godart avec Anna Karina qui me vient en tête de façon on ne peut plus lancinante.
https://www.youtube.com/watch?v=1XPclSSgUOA
Cette phrase fonctionne à l'évidence comme un leitmotiv déjà bien ancien: on se souviendra peut-être du groupe Téléphone (que pour ma part je n'ai jamais apprécié, mais alors pas du tout ! Mais à la limite peu importe mon goût) reprenant cette phrase dans l'une de ces chansons. On se souviendra peut-être aussi que le chanteur du groupe, Jean-Louis Aubert, aux élections présidentielles 2007, soutenait le candidat... Nicolas Sarkosy ! " Qu'est-ce que j'peux faire ? Chépa quoi faire ! ", à ce moment-là il a trouvé ! Est-ce là la destinée du mouton ? Je ne pense pas qu'il faille aller si loin. Je veux seulement dire par là, méfions-nous aussi du mouton que nous côtoyons dans la bergerie, mais méfions-nous surtout du mouton que nous sommes. Car c'est un peu comme avec la blague " Faut pas s'moquer des riches: ça peut nous arriver ", notre part obscure nous colle à la peau, et en dépit de tout contexte politique et social, fait partie de notre condition humaine. Le traître (n'hésitons pas à dire le "socio-traître " !) n'est jamais bien loin, si peu qu'il est déjà tapi en nous ! Ce n'était qu'une parenthèse...
Pour parler de la problématique du mouton, et c'est mon idée première, je parlerai le plus souvent de moi (de mon parcours, de mes affres), pas vraiment par narcissisme (allez ! quoiqu'on dise il y en a toujours au moins un peu) mais parce que c'est encore soi-même que l'on connait le mieux - ou le moins mal. Et c'est là la seule raison. Une raison qui pourra je l'espère permettre des comparaisons, des différences, bref des nuances, entre mon vécu et celui des gens qui s'y retrouveront à peu près ou totalement.
Je ne saurais dire très exactement quand la chose à commencé à me tourmenter (une chose est certaine c'est que durant l'année 2000, non par esprit millénariste on s'en doute j'espère, j'ai commencé à sentir confusément, puis de façon de plus en plus nette, comme une chape de plomb qui s'abattait sur moi. Moi non pas en tant que personne ciblée mais en tant que citoyen - ah! la citoyenneté ! tellement mise à mal, à tel point qu'elle n'est plus qu'une illusion tant nous avons été relégués du statut de citoyen au statut de citoyen-consommateur puis, finalement, à celui de simple consommateur ! Cela aussi j'aurai l'occasion d'en reparler ). En me concentrant il me semble que je peux faire remonter la chose à 1995. Ça doit être ça. Déjà je commençais à mal vivre les manifs et les grèves. Et bien que suivant les mots d'ordre syndicaux, faisant toutes les grèves et toutes les manifs, j'étais de plus en plus insatisfait et de plus en plus agacé : la grand-messe ! Voilà le maître-mot ! Toujours et encore la grand-messe, avec ses rituels immuables, ses ordonnancements le doigt sur la couture du pantalon (ses services d'ordre qu'on peut interroger, et que j'interrogerai !!!). Cette apparence de protestation qui dans les faits n'en est pas vraiment une, n'est que le mime (oserai-je dire la singerie ? Oui! j'ose le dire, la singerie ! ) de la protestation !
La messe et le rituel, l'un ne va pas sans l'autre. Pas de messe pas de rituels, pas de rituels sans la messe ! N'avez-vous vous-mêmes jamais ressenti de l'irritation monter en vous en entendant des Tous ensemble ! côtoyer les divisions de toutes sortes, tant syndicales que politiques, et jusqu'au plan individuel ? Un peu comme si à force de formaliser et d'institutionnaliser cette scansion (car c'en est une) jusqu'à en faire un incontournable, la réalité des faits devenait exactement le contraire de ce que les mots disent ! Moi si en tout cas !
La messe a ses officiants, son grand prêtre et ses vicaires, ... ses bedeaux ! Ah! le bedeau, ne jamais négliger le bedeau !!! " Tous ensemble tous ensemble tous ensemble tous ensemble ! ", moment de l'Élévation ! après quoi... la messe est dite ! Ce après quoi, le devoir accompli, le cortège une fois dissous, chacun rentre chez soi, plus de tête haute et fière comme dans l'instant d'avant où l'on paradait parmi les siens venus en masse protester et s'indigner de noble façon, mais tête basse et le machin entre les jambes!...
Moi en grève ( on conviendra si vous voulez bien que ce moi c'est aussi vous, au moins un peu ) , moi dans les manifs, moi devant ma télé à regarder les actualités et à noter chaque nouvelle petite dégradation supplémentaire de la qualité des infos, moi devant ma soupe, désolé et ruminant tout ça, moi roulant vers le boulot ou en revenant, toujours dans le même couloir odieux ,moi face à mes feuilles d'impôts, moi fulminant face aux misères du monde, moi au supermarché à fulminer face aux prix des marchandises, moi-marchandise !!!- vous vous reconnaissez ? (c'est tout pour aujourd'hui)