Tanka

Abonné·e de Mediapart

3 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 novembre 2014

Tanka

Abonné·e de Mediapart

La problématique du mouton (3):

Tanka

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

III.           

            En 2003, lors des grandes et longues  grèves qui eurent lieu cette année-là, la messe était toujours la même (et je gage que les toutes prochaines grèves et manifestations n'auront pas changé de rituel hélas !) … Que faire pour en sortir, pour être plus offensifs ? Et pour être entendu dans cette critique avant tout.

Brave petit soldat syndicaliste je continuais à suivre les mots d'ordre, non par suivisme mais parce que le nombre compte pour moi (jusqu'à un certain point !) Le nombre le veut ainsi, je ne suis pas forcément d'accord avec les modalités, mais je me résigne, par solidarité.

Mais je m'étais mis à penser à ces mères argentines réclamant obstinément des nouvelles ou les corps de leurs enfants victimes de la dictature. A ces "folles de mai" avec leurs foulards blancs, leurs rondes faites dans le sens inverse des aiguilles d'une montre (sortes d'"indiens contraires"!), et à leurs bruits de casseroles. Les casseroles !!! Tout le monde en possède ! Et les gros bouffis qui nous dictent leurs lois en traînent bien souvent des tas derrière eux ! Quel symbole !

Et cette obstination ! Cette incroyable durée dans le temps ! Quelle force ! Alors m'est venue à l'esprit ce qu'est en musique ce qu'on nomme l'ostinato, dont Wikipédia nous dit qu'il est "un procédé de composition musicale consistant à répéter obstinément une formule rythmique, mélodique ou harmonique accompagnant de manière immuable les différents éléments thématiques durant le morceau". Tout un programme ! Et même: tout un programme politique! En tout cas d'une politique de lutte !

Les grèves et manifs ont duré trois semaines, les finances en ont pris un sacré coup ! Puis tout le monde est rentré au bercail, pour ainsi dire "chez sa maman" ! De mon côté j'avais commencé durant tout ce temps à parler des grèves et manifs en tant que messes et rituels, je critiquais à tout-va tout en participant, je disais qu'au moins il devrait être possible de changer les rituels, de faire des manifs plus visibles, plus voyantes, proches des arts de rue. Des manifs spectaculaires, attirant plus l'attention, exprimant mieux la colère et le refus. Mais je n'étais pas entendu. Les gens me regardaient d'un drôle d'œil, comme si j'étais un exalté (en un sens, oui, je l'étais ! Il en faut de l'exaltation pour se battre et tenter de convaincre ! ); d'un air inquiet aussi : " Quoi? Ce gars nous propos de sortir des clous ? Il nous propose la sortie du carré ? Mais ou cela va-t-il nous mener ? Et on n'a pas l'habitude, on ne sait pas faire !" Eh oui pardi! l'habitude ! Cette saloperie d'habitude !!! Les trois derniers jours, à force d'insister, j'avais réussi, sur des milliers de personnes, à en convaincre six ou huit. Qui étaient tombées d'accord avec moi pour se réunir le soir à 18 heures sur un coin de place pour taper sur des casseroles. Le second jour on n'était plus que trois ou quatre, le dernier jour plus que deux ! Tout juste de quoi échanger sur cette déconfiture en riant tristement !

(C'est tout pour aujourd'hui)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.