3 février 2017
Il ne faut pas se tromper sur la situation. Nous ne sommes pas dans une situation politique classique dans laquelle la joute est une joute idéologique plus ou moins frontale et dans laquelle on discute de position de curseur. Plus ou moins de ceci ou de cela. Non ! Ca c’est le terrain sur lequel « ils » veulent nous emmener.
Non ! La situation EST révolutionnaire. Au sens d’une révolution copernicienne. Nous passons d’un ancien monde à un nouveau. On entre dans la post-modernité politique.
Une remarque sur le « post » : on nous parle de post-vérité au sujet de Trump. Attention, ce sont des bêtises pour occuper la galerie et pour avilir l’idée du « post ». Rappelez-vous : quand Colin Powel présentait ses « preuves » en 2003 pour justifier l’invasion américaine avec 250 000 hommes, c’était quoi ? la vérité ? la post-vérité ? l’anté-vérité ? Rien de tout ça : c’était un gros mensonge. So what ? Trump ment ? Mais oui ! As usual ! Les US restent les US, l’armée US reste l’armée US, l’OTAN reste l’OTAN.
Le « post », de la post-modernité, est à entendre dans son acception politique large. La situation actuelle, c’est l’avénement de la réalisation politique de la post-modernité. C’est-à-dire de la démocratisation radicale. La post-modernité c’est la démocratisation radicale : libération des femmes, anti-racisme, lgbtisme, etc., le tout dans un monde fini. La modernité c’était le passage du monde clos à un univers infini (Koyré, 1957). La post-modernité, c’est le retour au monde fini (Jacquard, 1991), avec la conscience de l’univers infini.
Une incise en conséquence : dans la devise universaliste française, la fraternité doit être comprise comme une sorte de devoir, ou plutôt un horizon de devoir. Lequel ? Celui de prendre en compte le fait que je partage la même planète, finie, avec mon voisin, et donc, que je ne peux pas agir sans penser à autrui.
Et donc, pour la campagne ? Notre rôle, c’est quoi ? C’est de semer les idées pour récolter quand la vague sera passée. Et elle est en train de passer. C’est la vague du dégagisme.
L’important avec Hamon, ce n’est pas de le dominer par la subtilité politique et dialectique de nos argumentaires. L’important c’est de montrer qu’il est proche de nous et d’attendre qu’il s’effondre pour ensuite récolter les déçus.
On doit donc rester nous-mêmes, toujours en mode positif, en limitant le négatif aux fondamentaux et jamais aux curseurs. En se braquant sur les curseurs, on n’est pas audible.
Les fondamentaux, c’est quoi ?
- Les fondamentaux c’est le social et la loi elkomri (L’Egalité). Donc pas de majorité parlementaire avec elkomri. C’est un négatif parfaitement audible. Les gazés, les bastonés, les nassés, les éborgnés, les comateux du mouvement n’ont pas oublié.
- Les fondamentaux c’est la 6ème république (La Liberté). La fin de la monarchie républicaine et plus de participation populaire : c’est plutôt acté côté Hamon.
- Les fondamentaux c’est l’écologie comme fondement du logiciel social (La Fraternité) : là aussi, c’est plutôt acté.
- Les fondamentaux c’est l’Europe, avec l’obligation de revoir les traités jusqu’à en sortir si on n’obtient pas satisfaction (Fraternité encore). Il me semble que ça, ce n’est pas clair chez Hamon.
- Enfin, les fondamentaux c’est l’OTAN : l’OTAN, instrument de la domination américaine, non merci. L’OTAN dominé par une puissance invasive. Non merci. Nous défendons l’ONU. Il faudrait aussi défendre l’idée d’une alliance militaire alternative, défensive et écologiste. (Fraternité toujours).
Ensuite, il n’y a qu’à attendre. Attendre que Hamon soit emporté par la vague. De toute façon, s’il n’est pas emporté, c’est que l’heure n’était pas venue pour nous.
Donc, maintenant, pour aider à ce qu’il soit emporté, on peut jouer sur les vrais points de clivage : elkomri, l’option sortie de l’UE et la sortie de l’OTAN.