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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 1 octobre 2018

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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Affaire Martin - Monenfanto

Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) vient de réaffirmer sa position favorable à la procréation médicalement assistée ( PMA) pour les femmes seules. Il se dit également favorable à la possibilité de « proposer, sans l'encourager », aux femmes volontaires la conservation de leurs ovocytes. Effet domino, beaucoup s'inquiètent d'une future légalisation de la GPA (gestation pour autrui).

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

   (De notre envoyé spécial à travers les âges, Patrice Orwell - Chambre Arbitrale des Conflits du Commerce -  4, bd du Palais - Paris 1° - 2 Octobre  2038)

      

Illustration 1

          Nous sommes dans 20 ans, exactement  le 2 Octobre 2038, en compagnie de Patrice Orwell, 4, boulevard du Palais, devant le Tribunal de Grande Instance de Paris.

   Cette adresse, 4, boulevard du Palais, siège il y a encore une vingtaine d'années du Tribunal de Grande Instance de Paris, est maintenant occupée par la Chambre Arbitrale des Conflits du Commerce. Chambre arbitrale où, non pas se juge, ce terme est désormais révolu, mais s'arbitre le conflit qui oppose depuis maintenant deux ans, depuis 2036, le couple Martin et la firme transnationale Monenfanto concernant la présumée malfaçon de l'enfant blondinet commandé et payé cash deux ans plus tôt par les aspirants parents Martin.

                   

Illustration 2

    J'en profite, car je vous devine assez désemparés à la lecture de ces petits pin’s, pour vous indiquer que beaucoup de choses ont changé depuis 15 ans, depuis, je ne dirai pas l'adoption, car qui dit adoption dit connaissance et approbation, mais la promulgation et la mise en vigueur du célèbre TAFTA (Accord de Libre – Échange Transatlantique).

  Les conflits ou différends entre parties ne se terminent plus maintenant devant un Tribunal qui juge en fonction de la Loi, la loi cet ancien instrument de l’intérêt et de la volonté générale, mais devant un Comité qui arbitre en fonction du Contrat,  nom de l'accord entre deux parties, chacune, dans ce tope-là, espérant obtenir de l'autre la chose au moindre coût. Libéralisme, quand tu nous tiens !

   Premier point. Et second point, de considérables évolutions sont survenues dans l'art et la manière non pas d'enfanter, ce terme est devenu d'un total archaïsme, non pas d'avoir, mais d'acquérir des enfants. Nous y venons.

                       

Illustration 3

            Après, en 2018, l’échec d'une première offre,  Monenfanto , la célèbre filiale de Monsanto, offre ouvrant la possibilité, à la demande exclusive d'un employeur, de procéder à la congélation des ovocytes de ses salariées, aux deux raisons bien compréhensibles, la première que grossesse et maternité sont sources d'arrêt de travail et d'absentéisme, la seconde que la congélation des ovocytes et la gestation par autrui permettent de repousser une maternité après 70 ans, âge de départ légal aujourd’hui à la retraite, après tous ces premiers errements, Monenfanto avait décidé de reconfigurer son offre Papa - Maman - pour tous - quand vous voulez - et à des prix cassés.

  Débarrassant ainsi les heureux postulants-consommateurs de tout souci de fertilité ou fécondité. Par là même également, des douleurs de la grossesse et de l’enfantement, de celles du forceps et autres césariennes. La formule commerciale était des plus simples. Commandez - Signez - Payez - Vous serez livrés demain. Merci Cigogne.fr !

          Nous passerons rapidement, chers lecteurs, sur le tragique épisode de la mise en faillite du Vatican.

   La noble et bimillénaire institution, l’Eglise, longtemps arc-boutée sur l'antique préjugé - faire l'amour pour faire des enfants – c’était là l’objet de l’encyclique « Inibriemur uberibus quia facere liberos » (traduction littérale de « Faites l'amour pour faire des enfants »), l’Église qui s'était opposée par moult bulles et encycliques à ce projet qu'elle considérait comme inhumain, l’Église  s'était vu traînée par Monenfanto devant la Cour Arbitrale des Conflits du Commerce de Jefferson-City (Missouri) au motif du caractère obscurantiste et no free trade de sa propagande.

   Ce qui devait arriver arriva. L’Église, elle qui n'avait pu faire plier Kepler, Copernic et Galilée – oui, la Terre est ronde et tourne autour du Soleil – s'était vue condamner à 100 milliards de dollars de dédommagement à Monenfanto.

  Avec tout ce qui devait s'ensuivre : la faillite, la mise aux enchères du Vatican racheté par McDonald’s, et François II à la rue, rejoignant un ordre mendiant.

                                     

Illustration 4

             Mais, après ces trop longues digressions, revenons à notre affaire et au couple Martin. Livrés de leur commande d'un petit bouchon, blond avaient-ils souhaité, engagement respecté disons-le tout de suite, et avec un certificat de bonne santé, constatant rapidement que le blondinet ne clignait pas des yeux devant une lumière vive, les parents s'étaient alors mis en quête d'une consultation ophtalmologique.

   Pas simple… Six mois de délai d'attente. Mais enfin ! Diagnostic du spécialiste : buphtalmie ou, pour le dire plus simplement, glaucome infantile congénital.

 (Le glaucome primitif infantile est une affection rare caractérisée par un trouble de la circulation de l’humeur vitrée dans le globe oculaire. Ce blocage, s'il reste sans traitement, endommage le nerf optique et peut conduire à la cécité totale.)

                         

Illustration 5
         

  Coût de la consultation : 250 €. Restaient 10 000 € à verser, à titre d'arrhes, avant toute mise en route du traitement. Désespoir absolu !

  Sur les conseils de SOS Conso, les deux malheureux parents assignaient alors Monenfanto devant la Chambre Arbitrale de Paris, réclamant le remboursement des frais médicaux, le retour de l'enfant à l'envoyeur, ceci naturellement contre remboursement.

            Un précédent que Monenfanto n'entend en rien laisser passer. A la tête de multiples usines de gestation en Russie, Afrique, Inde et Amérique du Sud, on ne sait pour quelles obscures raisons commerciales, pas en Afrique, la firme s’oppose à toute mise en cause de la qualité de ses services, de la fiabilité de ses gestatrices convenablement nourries et soigneusement sélectionnées sur leur génome. Il en va, a-t-elle assuré, de sa réputation et de son image commerciale.

  Et sa ligne de défense est simple et imparable : congénital, que l'on porte dès la naissance, ne signifie aucunement héréditaire, c'est-à-dire transmis génétiquement. Et donc, ni la sélection, ni la conservation des ovules incriminés, encore moins le choix du donneur de sperme et de la porteuse gestatrice ne peuvent être mis en cause.

  L’objet du litige, un bout de chou blondinet bientôt aveugle, explique les proportions du retentissement médiatique et l’acharnement de Monenfanto à refuser tout traitement à l’amiable de ce dossier.

         Les juges arbitres examinent aujourd’hui la requête Martin et les clauses du contrat d'achat, pas moins de 94 pages en minuscules caractères que nos peut être trop jeunes parents consommateurs n'avaient lu que hâtivement et donc, sans toute l'attention requise.

  La publicité faite à l’affaire et l'attention maintenant portée au détail de ces clauses font apparaître une donnée dont aura probablement à se saisir le Comité International d’Éthique.

  À l'alinéa 223 du contrat d'achat est également mentionné, et la signature du contrat indique que l'on en a pris connaissance et accepté,  mentionné que les brunettes et blondinets fabriqués par Monenfanto et livrés par Cigogne.fr demeurent stériles et inféconds.

                               

Illustration 6

   Clause, on l'a compris, destinée à conserver à Monenfanto le lucratif monopole de la procréation.

                   Chers lecteurs, ne tremblez pas ! Nous étions en voyage à travers les âges. Mais vous le savez, l'Histoire n'est jamais écrite à l'avance. Ce sont les Hommes qui la font. Ces sombres ou joyeuses, c'est selon votre humeur, perspectives ne sont que suppositions.

   Nous vous laisserons sur ce propos de Georges Orwell : « Quand on me présente quelque chose comme un progrès, je me demande avant tout s’il nous rend plus humains ou moins humains. » 

                          

Illustration 7

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