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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 2 avril 2014

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La lente dépatrimonialisation des jeunes générations

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

            Le Monde, s'adresse à ses lecteurs, début Septembre 2013, en pleine « réforme » des retraites : « Retraité de profession intermédiaire, votre niveau de vie est supérieur à celui de vos enfants actifs. Vous vivez plus confortablement et êtes amenés à les aider financièrement. Témoignez ! ». Je prends la plume et réponds :

 
           Est-il encore nécessaire de témoigner ? Un témoignage sert en principe à valider une information, à confirmer une hypothèse... Or, les faits sont là : le déclassement des jeunes générations d'actifs par rapport à celle de leurs parents est devenu une réalité économique, sociale, voire même sociologique que plus personne ne conteste.


   On peut, par contre, tenter de participer à l'analyse des causes, des mécanismes, voire même des objectifs de ce phénomène socio-économique sinon jamais observé, du moins totalement oublié de notre histoire (je remonte ici jusqu'à l'Ancien Régime, ses famines et ses épidémies). Ce phénomène, nettement observable depuis maintenant 10 à 20 ans, plonge ses racines au delà, dans la lente dépréciation des revenus salariaux en général, corrélée elle même avec la montée d'un chômage de masse et toutes les précarisations qu'il induit.


 Tous les gouvernements, depuis 1983, cela fait donc 30 ans, ont prétexté de la lutte contre le chômage pour déprécier les revenus du travail, et ce, y compris par la loi (je rappelle ici la suppression, en 1983, de l'échelle mobile des salaires par J.Delors, ministre de l'Economie du gouvernement Mauroy).
 Le chômage a été utilisé comme arme de destruction massive des salaires et, bien au delà, du système de protection sociale et de l'Etat Social en général.


 
           A cette régression salariale continue et cumulée sur près de 30 ans, responsable maintenant d'un différentiel de revenus significatif, à égalité de qualification professionnelle avec les générations précédentes, la génération de nos enfants se voit confrontée, de plus, au doublement voire au triplement en 30 ans, de la dépense contrainte représentée par l'accès au logement locatif ou à la propriété. N'en jetons plus !
 
    Tout se passe en réalité comme si la lente accumulation patrimoniale et des droits sociaux acquis et conquis par les générations précédentes de couches moyennes, aux lendemains de 1944 et des réformes inspirées par le CNR (Conseil National de la Résistance), était progressivement, par un habile jeu de vases communicants, en train de rebasculer dans l'escarcelle de la rente immobilière, du gros actionnariat, des grandes fortunes et gros patrimoines, de l'évasion fiscale et des fonds spéculatifs.


 
           Si votre enquête, au delà de la collecte des témoignages, s'efforce de démonter les mécanismes d'un tel transfert, d'en identifier les responsabilités politiques et de tracer des pistes pour y remédier, elle méritera toute mon attention et mon intérêt. Si elle se contentait d'enregistrer, sur le mode culpabilisateur pour les générations les plus agées, le désarroi qui frappe majoritairement les plus anciens devant le désastre annoncé qui attend leurs enfants et petits-enfants, elle ne ferait que concourir à la résignation et alimenter l'hypocrite et pernicieuse thèse de la « lutte des générations » .
 Ma question n'est pas de pure forme. Elle doit être posée à un journal comme le votre dont la ligne éditoriale relaie avec constance les thèmes de la compétitivité, du « coût du travail » et des « rigidités du marché du travail » .

 
   Craignez alors l'impitoyable formule de Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences, alors qu'ils en chérissent les causes » .
 
                                                                   
                                                                                                                                                                                                    

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