50 milliards d'euros. Le casse du siècle. (De notre envoyé spécial J.Casanova)
Les limiers de la Brigade de répression de la délinquance sociale étaient sur les dents depuis plusieurs jours. Après plusieurs semaines d'enquête, de filatures et d'écoutes radiophoniques qui leurs permettaient de les "loger" à l'Élysée et Matignon, ils viennent, profitant de la sortie à scooter d'un des protagonistes, d'interpeller les principaux chefs d'une société secrète, la Société du Mont-Pèlerin, à l'origine, pas moins que cela, du détournement colossal de 50 milliards. Le butin n'a pour l'instant pas été retrouvé.
Des interrogatoires serrés se déroulent en ce moment dans les locaux de la brigade. Les enquêteurs cherchent à déterminer l'origine de ces fonds, les mécanismes de leur captation et également leur destination encore inconnue.
Les événements se sont accélérés ces derniers jours, les enquêteurs ayant surpris lors d'écoutes radiophoniques ciblées, les échanges, à peine voilés, entre les différents protagonistes.
Le mécanisme du détournement était d'une simplicité enfantine : pas de cyberattaque, pas de tunnels ou d'égoûts à la Spaggiari, mais un simple ordre de virement. Et des fonds d'Etat, en principe inscrits à la rubrique dépenses publiques, filaient vers des comptes secrets encore non identifiés, par une boîte postale située avenue Pierre 1°-de-Serbie.
50 milliards, amassés par la récolte régulière de taxes, impôts et autres prélèvements publics, dont la destination au moment de leur collecte avaient officiellement été affectée à des dépenses vitales pour l'économie : fonctionnement des services publics, paiement de fonctionnaires chargés de la détection de la fraude et de l'évasion fiscale, constitution et aménagement d'infrastructures d'intérêt public, scolaires, universitaires, hospitalières, ferroviaires, portuaires, etc... sans oublier, fonds d'assistance à la grande pauvreté.
En bref, tout un pactole destiné au bien commun, disparu en fumée.
Cuisinés de près par les inspecteurs, les hommes du Mont-Pèlerin n'ont pas tardé à se mettre à table. Surprise des enquêteurs : pas d'enrichissement personnel. Les motivations seraient d'ordre idéologique. Cette société secrète du Mont-Pèlerin obéissait au principe, les enquêteurs n'en sont pas encore revenus, principe selon lequel l'argent public n'avait pas vocation à la redistribution publique, mais à la coûteuse réorganisation de l'économie selon le principe, le mot revient en boucle lors des aveux, le principe de "la concurrence libre et non faussée".
Quant aux mécanismes propres du détournement, les enquêteurs peinent à les mettre complètement à jour. Il s'agirait d'opérations sur des lignes comptables, par lesquelles les astucieux bénéficiaires du casse sont exonérés de toute une série de contributions régulières et obligatoires, présentées comme un fardeau les empêchant de se déployer dans la rude bataille de la compétition économique mondiale. (Les termes de "déployer" et "rude bataille" revenant également sans cesse lors du passage aux aveux, accréditent, pour les enquêteurs, la thèse du caractère sectaire des motifs ).
Plusieurs spécialistes voient d'ailleurs déjà là la ligne de défense officielle des futurs mis en examen.
Toute une série d'associations familiales, de parents d'élèves, d'usagers de la santé ou des transports publics, de syndicats de salariés et de fonctionnaires, ont déjà fait part de leur intention de se constituer partie civile dans la plus grosse affaire, connue à ce jour, de détournement de fonds publics.
La durée de la garde à vue en matière de délinquance financière n'excédant pas 48 heures, les hommes du Mont-Pèlerin devraient regagner leur domicile élyséen, au plus tard demain soir.
Dernier développement, selon des fuites au plus haut niveau : le Ministre de l'Intérieur, tenu, ces derniers jours, au courant des développements de l'enquête, ferait partie des interpelés. Cette nouvelle, si elle était confirmée, véritable bombe politique, pourrait faire vaciller tout l'édifice institutionnel.
Quant à la Société du Mont-Pèlerin, dont nos lecteurs découvrent aujourd'hui l'existence, des documents saisis lors de l'interpellation feraient d'elle une des nombreuses sectes rattachées à l'ordo-libéralisme, courant de pensée selon lequel la mission économique de l'État est de, je cite: "créer et maintenir un cadre normatif permettant la concurrence libre et non faussée".
Cette formule, CLNF, dont l'apparence anodine ne pouvait laisser suspecter l'usage, sinon criminel, au moins délictueux, qui en est fait, va probablement susciter dans les prochains jours force commentaires et controverses. Il est d'ores et déjà à craindre l'utilisation polémique que ne va pas manquer en faire une extrême-gauche toujours prompte à ferrailler sur ces questions de bien public-bien commun.
Billet de blog 3 avril 2014
50 milliards. Le casse du siècle.
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