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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 3 juin 2014

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Et si le FN était plus à gauche que François Hollande?

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Et si le FN était plus à gauche que François Hollande ?

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          Ni le titre, ni le contenu ne sont de moi. Mais de Luc Levaillant, dans sa tribune, p.24 de Libération du 3/6/2014. Et heureusement !

Car signataire d'un tel billet, dont je partage la problématique générale, que n'aurais-je pas entendu de la part d'un certain nombre d'entre vous, excédés, ulcérés, désabusés, me taxant, toujours les mêmes accusations, de machiavélisme, complotisme, archaïsme, élucubrisme, antisocialisme, et, coup de pied de l'âne, de stalinisme, désignation assassine qui a l'avantage de disqualifier avant même que d'examiner.

Eh bien, c'est raté, pour ceux, et ils sont nombreux, qui se reconnaîtront dans cette façon de réagir !
Car évidemment, la signature de Luc Levaillant, de plus dans Libération, a une bien autre portée que mes habituelles ratiocinations.
Et pour ceux qui ne l'auraient pas lu, n'ayant pas dernièrement renouvelé leur abonnement à l'excellent quotidien, je me donne la peine de le leur retranscrire, tout soulagé d'être à l'abri de vos souvent injustes accusations. Même celles de plagiat, puisque l'auteur en est mis au premier plan et le texte soigneusement encadré de guillemets.
          "Je me suis d'abord dit que ça allait comme ça. Que ça suffisait avec nos ressassements gnangnans sur le FN triomphant et pas même arrogant, tandis que la droite s'allumait le feu et que la gauche se couvrait de cendres.

J'ai eu peur de l'overdose de déploration. Et puis, j'ai croisé les maigres troupes d'une jeunesse antifasciste battant froid le pavé d'un jeudi de l'Ascension. Et je me suis souvenu que les nouveaux maires FN n'étaient pas beaucoup plus âgés que leurs opposants, que certains d'entre eux étaient gays, juifs ou issus de l'immigration. Alors, est revenue me hanter cette pensée qui me taraude depuis ce dimanche d'élections et que je n'arrive pas à écraser en moustique sanglant sur le mur blanchi à la chaux de ma perplexité. Et si le FN était plus à gauche que Hollande, plus social que le PS, plus anticapitaliste que le NPA ?
Je vous entends déjà hurler. Et moi aussi, ça me fait hurler. Mais ça n'empêche pas d'y réfléchir. D'abord, on est bien d'accord que le FN est un parti xénophobe, raciste, que c'est un organe autoritaire et réactionnaire, prônant le rétablissement de la peine de mort et la limitation de l'avortement, même si sa patronne s'affiche "gay friendly et féministe divorcée".


             Une fois cela posé, laissez-moi donner tort à ceux qui pensent que le FN prospère uniquement sur les tourments identitaires français, sur la peur du grand large continental, sur l'angoisse du déclin occidental, sur la haine de l'autre et la détestation de l'étranger. Le FN fait aussi sa pelote parce qu'il a agrégé à ses névroses sécuritaires, des propositions solidaires et protectrices que la gauche de gouvernement a jeté avec l'eau du bain européen.

  Le FN de Jean Marie était ultralibéral, flingueur des fonctionnaires, proche des intérêts des commerçants, artisans et petits patrons. Le FN de Marine, lui, vient au secours des catégories perdues par la gauche, celle des ouvriers éliminés par la précarité, celle des déclassés bientôt au RSA, celle des inquiets à la recherche d'un care archaïque. Le bleu Marine tamponne au mercurochrome éventé, médecine estampillée PCF années 70, les fractures sociales qui se rouvrent à chaque spasme européen. Le FN dénonce la finance globalisée, s'oppose à la directive "travailleurs détachés",se dresse contre le traité transatlantique, entonne la complainte des services publics finissants et déplore l'abandon par l'Etat d'une ruralité désertée. Tout cela est confit de nostalgie et se vautre dans le "c'était mieux avant", mais, malgré tout, il y a un souci du bien commun, une proposition de prise en charge des affaiblis.


          Evidemment, je ne suis pas totalement ahuri. Je vois les grossières coutures dans le droit fil de la manœuvre attrape-tout, de la démagogie réversible. Je sais bien que le FN n'est pas très stabilisé sur ses pilotis néococos quand il imagine qu'il va s'en tirer en sortant de l'euro, en fermant les frontières et en réservant l'emploi aux "bons français".

  Mais en face, ça dit quoi ? En face, la gauche se vend pour des queues de cerise à la "concurrence libre et non faussée".En face, Hollande se convertit à l'austérité bancaire au lieu d'imposer la remise des dettes souveraines à ces créanciers que les nations ont sauvé en 2008. En face, l'Europe des bons pères, démo-chrétiens et socio-libéraux mêlés, ouvrent le continent à tout vent du dumping fiscal et social. En face, le PS continue à évoquer la croissance quand celle-ci ne reviendra jamais, grise ou verte, et ceci n'a aucune importance si l'on repense le partage des richesses. En face, la gauche démonte le chapiteau de la fonction publique, cuve sa honte d'avoir fait les 35 heures et laisse en jachère coopératives et mutuelles. En face, le PS est incapable d'imaginer la société de l'après-travail et lève les yeux au ciel quand on lui parle semaine de quatre jours ou politique industrielle.
  Assonance oblige, on a longtemps cru que je les li-li s'opposaient aux bo-bo. Le (li)ber taire devait être (li)béral. Le (bo)napartiste était frère du (bo)lchevique. Aujourd'hui, le FN autoritaire met du (bo)lchevisme dans son (bo)napartisme. La gauche, si elle veut redevenir la gauche, ferait bien de conjuguer différemment les appartenances. En matière sociétale, il lui revient d'être (li)bertaire et non (bo)napartiste, et que Valls aille se faire voir ! Et dans le domaine social, il lui faut préférer le (bo)lchevisme au (li)béralisme, et que Valls aille au diable ! Sinon,ce sera allo Marine, bobo ! Et le FN ne fera qu'une bouchée des bobos que nous sommes."

          Je vous vois décoiffés et, pas par le vent d'autan!

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