(Studios de France-Télévision - 13, boulevard du Général Martial Vallin - Paris 15° 5 Décembre 2015)
Quant à la colonelle, elle désigne la simple répétition qui précède la générale. Nous n'y étions pas conviés.
Chers amis, c'est à ce dernier titre, celui d'invité, qu'il nous a été donné d'assister à la générale de la grande première représentation publique qui sera donnée demain soir, 6 Décembre, à France-Télévision et dont l'affiche couvre déjà toutes les colonnes Morris de la capitale. Nous voulons parler de La résistible ascension de Marina du grand dramaturge Laurent Jofrecht.
(Une colonne Morris est un élément de mobilier urbain, initialement parisien, à présent dans toutes les grandes villes françaises, servant à l'apposition d'affiches pour la promotion des spectacles, essentiellement ceux de théâtre et d'opéra. Ces colonnes tirent leur nom de l'imprimeur Gabriel Morris qui en avait obtenu la concession publicitaire de la Ville de Paris en 1868.)
Avant l'heure, c'est à cela que sert une générale, nous avons tenu à vous en restituer la grande qualité artistique, les incroyables effets de scène, vous parler aussi du grand professionnalisme de la troupe, le tout dans un sens de l'esthétique qui ne pourra que bouleverser.
Et tout d'abord, son ouverture, alors qu'à 20 heures, l'heure du début de la représentation, les chiffres fatidiques s'inscrivent sur un décor de fond de nuit bleu marine constellée d'étoiles, chiffres que beaucoup d'entre vous, pas tous convenons-en, redoutaient de voir apparaître, l'ouverture déclamée par le célèbre ténor catalan Manuel Valls, sur l'air du Choeur des Esclaves du Nabucco de Verdi.
O, ma patrie, si belle et perdue !
O, souvenir, si cher et fatal.
Tire le son d'une douloureuse complainte,
Que le Seigneur t'inspire des accents
Qui nous insufflent le courage d'endurer nos souffrances !
Toute la troupe rassemblée entonne à ce moment un long échange entre les différents acteurs que vous reconnaîtrez sans peine sous leur antique costume d'apparat, David Pugnado, Claire Mazal, Gilles Bourreau, Brunet De Larousse, et beaucoup d'autres, tous échangeant tour à tour les célèbres réparties de la pièce que vous avez tous en mémoire.
- Oui, mais elle n'a pas tant monté comme nous l'avions fortement craint, la Maléfique !
- Et portez aussi vos yeux sur les forces du Bien qui ont tant résisté. (Apparaissent aussitôt sur le fond du décor, d'autres chiffres en rose fluo, dont le petit livret distribué à l'entrée nous indique qu'ils sont ceux de la coalition de la Gauche et ses alliés, terme suffisamment imprécis pour masquer les revers et déconfitures de certains protagonistes).
- Mais attention, dans l'ombre sont encore possibles des alliances maléfiques, entre les forces de la Nuit et celles qui lui ressemblent. Fasse, Seigneur, qu'elles soient mises en échec.
- Oui Seigneur, c'est sous l'étendard Rose, et nous ne voulons en voir d'autres, rouges ou verts, ferments de division, que nous barrerons la route aux forces de la Nuit...
Encore bouleversés, nous ne vous en dirons pas plus, sauf à signaler le retour, à la fin du deuxième acte, de l'émouvant ténor Manuel Valls, appelant à la coalition inflexible de tout ceux qui se rappellent avec douleur et nostalgie leur chère victoire de 2012 aujourd'hui disparue.
C'est sur ce chant que se clôture la représentation, le public debout applaudissant à tout rompre, le cœur palpitant et les yeux pleins de larmes.
Excellent, terriblement pédagogique tout en gardant un sens élevé du spirituel, me confie, à la sortie, un de mes amis, critique spécialisé. Quant à la troupe, on devine un professionnalisme époustouflant. Pour David Pugnado, je ne lui vois d'égal que Talma, dans La Mort de César, de Voltaire. Pour Claire Mazal, Réjane dans L'Oiseau Bleu de Maurice Maeterlinck. Du très, très grand théâtre !