(Siège de la Délégation Départementale de la Croix-Rouge Française - 12, rue Chardin - Paris 16°)
Nous sommes aujourd'hui, 12, rue Chardin, Paris 16°, au Siège de la Délégation Départementale de la Croix-Rouge Française. Sur le point d'être reçu par Mme Brigitte Magnier, directrice, à la Maison des Patients, des Ateliers de coaching d'accompagnement du retour au travail. Des intervenants sociaux y travaillent à ses côtés pour aider ceux, convalescents, lors de ce difficile moment, le retour au travail, aider ces derniers à retrouver leur corps, leur identité et la confiance en eux pour affronter les prochaines échéances et déchéances.
Bien préparé, en effet, le retour au travail après une séquence difficile, de Benallah à Hulot, même clôturée par quelques jours de déconnexion au fort de Brégançon, ce retour peut devenir l'opportunité d'une vraie transformation de vie. D'un nouvel équilibre de vie pour les difficiles tâches de la rentrée.
Elles ne manquent pas : plan pauvreté, réforme de l'assurance chômage, douloureux et difficile dossier des retraites…
Mme Brigitte Magnier a bien voulu accepter de répondre à nos questions dans le cadre de notre enquête sur le rôle des institutions caritatives dans la lutte contre l'exclusion, l'exclusion, phénomène malheureusement trop souvent présent lors de la difficile reprise du travail après la maladie. Soucieux de ne pas en rester aux peu concrètes déclarations de principes, nous avons préféré l'interroger quant à l'un de ses convalescents, pris au hasard, inscrit aux Ateliers d'accompagnement du retour au travail, le jeune Emmanuel, tout juste sorti d'un été éprouvant et émaillé de complications. Celles d'une longue et douloureuse maladie, formule pudiquement employée pour désigner le Cancer du Pouvoir personnel au service de la Finance.
Mme Brigitte Magnier, sans trahir le secret, il s'apparente pour votre activité au bien connu secret médical, dans quelles dispositions trouvez-vous aujourd'hui le jeune Emmanuel ?
Tout d'abord, gardons-nous de crier victoire devant ce que nous devons voir, même avec optimisme, comme une simple rémission. La période est compliquée. S'y mêlent pour Emmanuel, l'impatience de reprendre son activité pour mettre la maladie derrière soi et, simultanément, j'allai dire « en même temps », l'inquiétude quant à ses capacités à y faire face.
Quoi qu'il en soit, notre atelier est l'occasion inespérée pour Emmanuel de rebattre les cartes et d'entamer une nouvelle partie plus épanouissante, plus équilibré, plus constructive.
Merci, Mme Magnier, de vous parler sans détours. En quelque sorte, si nous vous comprenons bien, c'est là le moment privilégié de prendre le temps de se poser les bonnes questions. Toujours les mêmes, celle de nos Institutions et du Pouvoir personnel. Ceci au service de qui ?
La première de ces questions, peut-être la plus importante pour Emmanuel, nous la lui avons posée directement. Emmanuel, qu'avez-vous appris sur vous-même ? La maladie et ses complications vous ont mis brutalement face aux limites de votre propre corps, à celles des Institutions, ainsi qu'à votre capacité à surmonter cette difficulté : le Pouvoir personnel au service de la Finance.
Plus que jamais, prise de recul, modestie, intérêt pour les plus humbles et abandon du narcissisme, seraient les pistes à travailler pour reprendre vos activités sur de nouvelles bases.
N'est-ce pas également le moment, Mme Magnier, pour Emmanuel de se poser la question sur ce qu'il y a à changer dans ses habitudes de travail ?
Tout à fait. Emmanuel en sera-t-il capable ? En tous les cas, nous y travaillons. Sur ce point, changer ses habitudes de travail, la remise en question doit être nette. Ne plus se mettre de barrières telles que « mon patron ne voudra pas », « ce n'est pas dans les habitudes de la Banque », ou encore « mais que vont devenir les riches ? »
Ce sera là le plus difficile. Car au prétexte que vous reprenez votre travail, certains managers ne voulant plus entendre parler de votre douloureuse épreuve des derniers mois accroissent leurs pressions et restent intraitables dans leurs sollicitations. La liste en est longue et nous n'en ferons pas un inventaire à la Prévert : assez de ce pognon dingue dans l'aide sociale ; chômeurs, maniez-vous enfin le cul ; retraites de cocagne, c'est fini ; impôts.gouv.fr, pas de ça chez nous ; Ushuaia, ça suffit, etc.
Ces brutales injonctions vont probablement continuer à être adressées secrètement à Emmanuel. Aura-t-il la force d'y désobéir ? Car la grande question est là. Celle des employeurs. Et de la pérennisation de la situation professionnelle et électorale d'Emmanuel pour les années à venir. En ce domaine, énormément dépend d'eux. Nous savons la difficulté de notre tâche. Elle est immense.