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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 7 octobre 2016

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Pompes funestes

Fidèle à l'engagement de sa dernière conférence de presse, elle se concluait par les mots « le dénouement est proche »…

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(Tribunal de Grande Instance de Marseille - 6, rue Joseph Autran - Marseille 6°           8 Octobre 2016)

            Fidèle à l'engagement de sa dernière conférence de presse, elle se concluait par les mots « le dénouement est proche », le Procureur de la République François Collins nous a à nouveau réuni pour faire le point sur l'enquête de la Carcasse de l'Espigoulier.

   Je vous renvoie, chers lecteurs, afin de ne pas encombrer votre lecture d'aujourd'hui, à notre précédente chronique intitulée Une Ténébreuse Affaire.

           Après avoir salué le méritoire travail de la gendarmerie d'Aubagne chargée de la difficile élucidation du mystère de la Carcasse de l'Espigoulier, c'est la formule retenue au final pour l'intitulé de ce lourd dossier, le Procureur Collins a ouvert son entretien avec la presse par ces mots surprenants. Pompes funestes !

   Vous avez bien lu. Non pas pompes funèbres, mais pompes funestes !

   C'est ainsi que le Procureur Collins a voulu signifier la conclusion de la laborieuse enquête de la Gendarmerie d'Aubagne, à laquelle, nous dit-il, a gracieusement prêté son concours Hercule Poirot, le célèbre retraité de la gendarmerie belge, reconverti aujourd'hui dans le beau et noble métier de détective.

          Vous vous doutez bien que le plus difficile ne fut pas l'identification de la carcasse elle-même, tant les indices découverts à proximité étaient parlants, nous voulons parler là de ces fameuses bottines à talonnettes. Pour ceci, nous pensons que vous aviez déjà résolu vous-même ce qu'il était difficile de qualifier de mystère.

   Le plus délicat n'était pas là, mais portait sur les circonstances du décès et sur l'imputation de son caractère accidentel ou criminel. Le dossier sera maintenant classé, le caractère accidentel ayant été retenu, nous a dit le Procureur Collins.

   C'est Hercule Poirot lui-même, grâce à l'étude attentive, à la loupe – Sherlock Holmes n'aurait pas mieux fait – avec le concours des artisans bottiers de Louboutin, le concepteur et fabricant des bottines, Hercule Poirot qui nous l'affirme. La semelle de crêpe de la bottine droite était porteuse d'une profonde et large entaille occasionnée par le tranchant des arêtes pierreuses du petit sentier à travers les éboulis rocheux de l'Espigoulier. Les professionnels de Louboutin sont formels : ainsi entaillée, la semelle ne pouvait qu'occasionner la chute, et, vu la raideur du sentier qualifié par tous les randonneurs de véritable casse-gueule, celle-ci, la chute, ne pouvait être que mortelle. Non, il n'y a pas eu de coup de grâce !

           Un tantinet moralisateur, le Procureur Collins a rajouté, pompes funestes certes, pour courir dans les éboulis, mais n'oublions pas les raisons judiciaires de cette course échevelée en montagne : corruption par l'étranger, maquillage de compte de campagne, escroquerie en bande organisée, abus de faiblesse, complicité dans l'organisation de rétrocommissions sur vente de matériel d'armement, tentatives de corruption de la Cour de Cassation à l'aide d'une fausse identité empruntée à un métal blanc de numéro atomique 83 (les chimistes comprendront)… Nous arrêterons là, la liste serait trop longue.

   Le Procureur Collins concluait : en droit français, le décès du prévenu signifie l'extinction du cours de la justice. Nous en resterons là.

   Nos plus vifs remerciements à M. Poirot qui, après l'élucidation de Mort sur le Nil, nous a si efficacement prêté son concours dans Mort dans l'Espigoulier. Nos salutations également à Mme Agatha Christie, sa célèbre égérie.

   Ce qui demeure de l'existence terrestre de la victime, une carcasse, sera rendu à sa famille politique pour les honneurs qu'elle jugera bon de lui rendre.

   Mesdames et Messieurs, je vous remercie de votre attention.

           Nous ne vous quitterons pas, chers lecteurs, sans vous indiquer qu'à cette occasion, celle des cérémonies et de l'hommage rendu par leur famille politique à ces quelques ossements, nous abandonnons le domaine des Pompes Funestes pour celui des Pompes Funèbres.

 (La locution latine « pompa funebris » faisait référence aux funérailles et « pompa » désignait le cortège qui les suivait : grandes processions publiques escortant en terre les personnalités majeures, comme les empereurs. Cette tradition d'ostentation funéraire qui a donné lieu à l'expression « en grande pompe » fut reprise par la suite à la Renaissance dans toute l'Europe. Quant au terme « pompes funèbres », il est resté dans le langage courant pour désigner les services délivrant cette prestation. Le mot funeste lui, provient du latin funestus, apparenté à funebris, et signifiant : qui apporte le malheur et la désolation.)

   Dans notre affaire, nous introduirons un discret correctif. La cérémonie des funérailles se déroulera certes avec beaucoup de faste, de solennité et grande assistance, mais en petite pompe. Approximativement, pointure 38 ou 39.

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