Le débat est plus vif que jamais après la tuerie du Palais de l’Élysée et la saisie aujourd’hui du parquet antiterroriste.
Passé le temps de l’émotion après l’attaque au couteau à huitre qui a fait trois morts et un blessé grave dans les grands salons de l’Élysée ces deux dernières années, l’heure est désormais aux questions quant aux raisons qui ont pu pousser Emmikaël Harcron à ce terrible passage à l’acte.
Mais tout d’abord, le récit des faits, tels qu’ils nous furent livrés par le procureur Jean-François Collins lors de sa conférence de presse.
Après avoir échangé en public durant toute l’année 2016 et les premiers mois de 2017, lors d’une campagne que tout le monde pensait électorale, des propos, des SMS et des tweets à forte connotation néolibérale le jeune contractuel Emmikaël Harcron, à peine recruté à l’Élysée, se ruait dès Septembre 2017, armé d’un couteau à huîtres et d’ordonnances, sur le Code du Travail qu’il blessait mortellement d’une plaie à la gorge.
Quelques mois plus tard, début 2018, pénétrant dans un autre bureau, il assènait plusieurs coups de couteau, dont un au moins mortel, à l’ISF qui succombait immédiatement.
Poursuivant sa course folle dans les bureaux suivants, il y rencontrait alors le Statut des Cheminots de la SNCF qu’il poignardait mortellement.
Cette course folle et meurtrière s’arrêtait dans la cour de l’Élysée au moment où, toujours menaçant, il s’apprêtait à poignarder la Retraite par Répartition, aux cris redoublés de « Capitalisation Akbar ! ».
Ce n’est qu’à ce moment qu’une escouade de gendarmerie emmenée par l’adjudant-chef Martinez réussissait à le désarmer et à le neutraliser.
« Le périple meurtrier a duré deux ans » a résumé le procureur Jean-François Collins, précisant que les autopsies réalisées sur les victimes témoignaient de la violence et de la sauvagerie des coups portés par Emmikaël Harcron.
Que savait sa femme Brigitta de ces projets ? L’étude des SMS échangés par le couple semble à l’heure actuelle écarter la thèse de sa complicité. Sa garde à vue devrait être levée dans les prochaines heures.
« Les investigations vont désormais se poursuivre pour déterminer plus précisément les motifs de l’acte et la personnalité de l’auteur », a conclu le procureur.
Le profil d’Emmikaël Harcron, aujourd’hui dûment identifié comme l’auteur de cette course meurtrière, ce profil est actuellement passé au crible par les services de renseignement.
Il laisse peu de place au doute, contrairement aux premières allégations du Ministre de l’Intérieur Christophe Lecastagneur, annonçant dans un premier temps que le jeune contractuel n’avait jamais présenté de difficultés comportementales particulières et qu’aucun élément de radicalisation n’apparaissait dans son dossier administratif. Raison pour laquelle son habilitation au secret défense-de-manifester ne lui avait jamais été retirée. Seule difficulté apparue à l’étude du dossier médical : une surdité aux revendications populaires très évoluée.
Propos ministériels vite démentis par l’enquête en cours qui vient de révéler que l’intéressé avait adhéré il y a plusieurs années à une vision radicale du Néolibérafisme et entretenu des relations suivies avec des individus de la mouvance CAC 40 rencontrés à plusieurs reprises au Forum de Davos, leur lieu de pèlerinage annuel.
Sont également cités des propos inquiétants tenus il y a quelques années, toujours par l’intéressé, propos concernant les 35 heures et le statut des fonctionnaires, jugés selon lui comme criminogènes et devant être abrogés. Ces propos n’ayant jamais donner lieu à signalement, ni aux autorités administratives ni au corps électoral.
Plus que ses problèmes liés à son handicap auditif, les perquisitions à son domicile et le décryptage de ses ordinateurs ont révélé nombre d’éléments qui auraient dû alerter selon nous, quant à sa radicalisation néolibérale en cours : son compte Facebook et ses nombreux amis à la BCE, au FMI, et plus proche de nous, en France, à la Banque Rothschild, où Emmikaël avait travaillé il y a 10 à 15 ans.
Élément accablant et révélateur il accrédite également la thèse du complot, un poster de Milton Friedman, le pape du néolibérafisme, au mur de sa chambre à coucher, barré d’un tag, I love You.
Aujourd’hui, les questions se multiplient pour comprendre comment un tel profil a pu passer au travers les mailles des filets des services de renseignement.
Était-il possible de lire dans ces signaux les prémices d’une radicalisation ? Et si oui, pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ?
Beaucoup, et nous en sommes, parlent de « gros trous dans la raquette » à propos des filets réputés sans faille de nos services de renseignement.
Le proverbe se vérifierait-il, selon lequel « il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir » ?