Du mot fable, vous retiendrez les deux sens. Du premier, qu'elle n'adviendra pas ; du second, qu'elle a une morale.
Après une longue attente de deux jours, l'ex-président Nicolula vient de se rendre aux injonctions des autorités judiciaires, mettant ainsi fin à cette longue séquence au cours de laquelle, barricadé dans la villa de son épouse au Cap-Nègre, dans le Lavandou, il défiait la justice, entouré de ses plus proches, son épouse Carlita, l'amie de toujours Nadina Morena et le fidèle des heures sombres, Bricio Hortefuego.
« Je ne suis pas au-dessus des lois », a-t-il tweeté à ses partisans réunis à Paris au siège du Syndicat des Métallos, où il avait commencé sa fougueuse carrière au service des travailleurs et des plus démunis il y a maintenant plus de 30 ans.
Toutes les requêtes déposées par ses avocats auprès de la Cour de Cassation qui demandaient la suspension de son mandat de dépôt, toutes ces requêtes ont été rejetées. La mise sous écrou doit intervenir de façon imminente.
« Je ne suis pas au-dessus des lois, mais mon procès est un véritable crime politique. Plus on m'attaquera, plus grandiront les liens qui m'unissent à mon peuple », a-t-il affirmé montant dans le panier à salade grillagé qui stationnait depuis 48 heures devant la villa du Cap-Nègre, le poing levé et toujours apparemment combatif. « Nicolula, nous t’avons tant aimé, ne te livre pas ! », lui ont crié en pleurs Nadina Morena et Carlita, lorsque se sont rabattues dans un bruit sinistre les lourdes portières du véhicule noir de la gendarmerie.
Condamné pour corruption à grande échelle, escroquerie en bande organisée et financement de ses activités politiques par une puissance étrangère, toujours poursuivi dans d’autres affaires crapuleuses encore en cours d’instruction, Nicolula dormira ce soir derrière les barreaux d'une cellule de 12 m² avec douche et toilettes privatives, à la Prison des Baumettes, à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône. Douche et toilettes privatives, un luxe dans notre pays tristement célèbre pour sa surpopulation carcérale, seule concession des autorités pénitentiaires eu égard à son statut d'ancien chef d'État.
C'est la chute d'une idole. Sans doute, un coup fatal pour l'homme déjà Président de 2007 à 2012, et qui visait un nouveau mandat à la prochaine élection, peut-être anticipée vu la grave crise politique et sociale qui frappe aujourd'hui le pays et le discrédit grandissant du Président Macronito.
« Des millions de Français vont pleurer. C'est le jour le plus triste de ma vie », a tweeté Bricio Hortefuego, encore en liberté, son mandat d'amener n'ayant pas encore été signé par les juges.
Nicolula a promis de continuer à faire campagne, même au fond de sa cellule. Son parti, Los Republicanos, a déclaré « défendre cette candidature dans la rue et ceci jusqu'aux dernières conséquences ». Posé en martyr, idole du peuple à l'inoxydable popularité, véritable légende vivante, Nicolula est en effet un mythe, l'incarnation de la réussite dans ce pays très inégalitaire, la réussite d'un enfant pauvre des quartiers de Neuilly, jamais allé à l'école – il n'avait pas lu La Princesse de Clèves – et pourtant devenu un chef d'État parlant d'égal à égal avec Barak Obama et Vladimir Poutine.
Les Français retiennent toujours de sa présidence ses attaques contre les patrons voyous, l'éradication du banditisme fiscal et des racailles des favelas de Neuilly ainsi que l'enrichissement des pauvres grâce au célèbre « travailler plus pour gagner moins ».
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Défait par l'acharnement des juges, Nicolula va désormais tenter devant les millions d'électeurs pauvres du pays de tourner son arrestation à son avantage. En se présentant en prisonnier politique, en Mandela français ! Dans un pays profondément divisé et fragilisé par la crise sociale, le risque d'embrasement est grand.
Triste morale et conclusion. Se vérifierait-il que dans notre pays,