(Siège du FMI - 700, 19th Street - New York - Washington D.C. 8 Mars)
En ce 8 Mars, jour où il est d'usage d'honorer la moitié de la planète, toutes nationalités et toutes religions confondues, il nous a paru utile et méritoire de vous parler de Sainte Christine. De vous en parler, pour la donner en exemple à toutes les petites filles pour sa générosité et son amour du prochain, à tous les petits garçons aussi, pour sa constance, son courage et son sens du sacrifice.
Nous ne vous parlerons pas pour cela de Sainte Christine de Tyr que nous fêtons tous les 24 Juillet. Sainte Christine de Tyr, sainte et martyre, vécut au IIIe siècle. Son père, Urban, était un riche magistrat romain. Il vénérait les idoles païennes dont il possédait un grand nombre de statues en or. Christine, convertie au christianisme, les brisa et les distribua aux pauvres. Furieux, son père la fit fouetter et emprisonner. Face au refus de Christine d'abjurer l'amour du Christ et de ses prochains, il la fit écarteler par des crochets de métal et jeter au feu.
Comme elle avait survécu à cet horrible châtiment, on l'enferma en compagnie de serpents venimeux. Elle dit alors : « Le Christ, que vous méprisez, me délivrera ! ». Christine succomba finalement percée de flèches. Ses reliques sont conservées en Sicile, dans une église de Palerme, dont elle est une des saintes patronnes.
Non, bien qu'elle l'ait probablement inspirée, plus près de nous et toujours parmi nous, nous vous parlerons d'une Sainte Christine moderne, Christine Lagarde, non pas de Tyr mais du FMI. Peut-être après Mère Teresa, passera-t-elle à la postérité sous le nom de Sœur Cristina.
Christine est née à Neuilly le 1° Janvier 1956, dans un modeste foyer de cultivateurs dont il existe encore grand nombre dans cette petite bourgade de l'Ouest parisien. Enfant, alors qu'elle gardait les moutons au Bois de Boulogne tout proche, elle entendit des voix et eut la révélation, comme Jeanne la Pucelle à Domrémy, que c'était par l'étude des Affaires qu'elle pourrait le mieux se mettre au service des pauvres et, bien que modeste petite boursière, elle prépara ardemment une maîtrise du droit des affaires et aussi d'anglais, car, dans quelle autre langue que celle-là, pouvoir mieux se mettre au service des humbles. Contrairement à Jeanne, elle ne voulait pas bouter l'anglais hors de France.
Déjà remarquée encore adolescente pour sa grande rigueur et sa mesure, alors que lui avait été confiée la gestion du denier du culte de la paroisse de Neuilly, c'est sans encombres qu'elle fut recrutée par l'antenne parisienne du cabinet d'avocats d'affaires Baker and MacKenzie, dont elle gravit tous les échelons au cours de 25 ans de loyaux et dévoués services.
Consécration de ces années de labeur au service des démunis, elle devint en 1999 présidente du Comité Exécutif Mondial de la firme, saluée par le Wall Street Journal comme une grande européenne. Ce n'est pas rien, fruit de son labeur et de sa miséricorde, c'est sous la présidence de Christine que Baker and MacKenzie augmenta son chiffre d'affaires de 50 % pour clôturer l'exercice 2004 à 1300 millions de dollars.
Car, pour faire le bien, il faut parfois se battre, elle milita activement au Center for Strategic and International Studies (CSIS), collaboratrice de Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la Sécurité du Président Jimmy Carter, puis artisan majeur sous la présidence Reagan d'une agressive politique de confrontation avec l'URSS. Car, à défaut de l'anglais, c'est le Soviet qu'elle voulait chasser de France.
Nommée en 2008, pour son savoir-faire et ses remarquables antécédents, par le Président Sarkozy, Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Emploi, elle travailla à réparer les injustices de toutes sortes qui peuvent participer de la vie des Affaires. C'est ainsi qu'il lui fut reproché un temps d'avoir trempé dans ce que les juges avaient qualifié « d'escroquerie en bande organisée », voulant désigner par là le soutien qu'elle aurait apporté à l'indemnisation de près de 400 millions d'euros du préjudice causé par sa banque à Bernard Tapie, un modeste savetier, fabricant de souliers sportifs. A cette sordide accusation, elle survécut.
Elle survécut comme Sainte Christine de Tyr, sa lointaine marraine enfermée avec des serpents venimeux ; elle aussi, au milieu des crotales et autres boas et anacondas de la bande organisée.
Mais, la Providence veillait. Il survint en 2011 un événement extraordinaire : un personnage velu, à la sensualité excessive et grossière, toujours occupé à pourchasser les nymphes, beautés ou laiderons, peu lui importait, personnage que pour cette raison tous ses proches avaient surnommé le Satyre, fut chassé de la direction du FMI pour ses agissements débridés et exagérés. C'est à Sainte Christine que l'on pensa immédiatement pour le remplacer à la tête de la célèbre ONG.
(Les Satyres, dans la mythologie grecque, étaient des génies des bois, mi-hommes mi-bêtes, toujours représentés sous les traits d'hommes rustres, le phallus en érection, chassant les nymphes et les ménades. Leur lubricité était proverbiale.)
Pourquoi Sainte Christine ? Tant pour sa parfaite connaissance de l'anglais que pour son dévouement reconnu quant à tout ce qui touchait aux remèdes à apporter à la misère. Cela coulait de source.
Son premier combat fut pour le peuple grec dont elle contribua à alléger les souffrances en recommandant à chacun, petits ou moyens, en échange de l'obole qu'elle leur consentait par le prêt, de payer l'impôt, sans pour cela aller importuner popes et armateurs. Le peuple grec lui garde depuis grande estime et, en remerciement, a demandé son saint patronage. Demande également formulée par le petit peuple portugais pour les églises de Lisbonne.
Oui, faisons de Christine l'emblème d'un féminisme moderne ! Petite anecdote que Christine confiait à ses proches : « Lorsque j'échange (Christine ne parle pas, elle échange) avec Janet Yellen, la Présidente de la Réserve Fédérale américaine, nous n'avons pas de préambule chargé de testostérone (tu marques ton territoire, je marque le mien), ce type d'échange qui inaugure toute discussion entre hommes. Entre femmes, c'est plus direct, plus franc, plus humain. »
La dernière suggestion de Sainte Christine sera-t-elle entendue ? « En serions-nous là si Lehman Brothers s'était appelé Lehman Sisters ? »