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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 13 juin 2014

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Au chatoyant plumage, mais au répétitif ramage...

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Au chatoyant plumage, mais au répétitif ramage...‏

  (De notre correspondant J. Casanova, en vacances à Plaisance-du-Touch, Haute-Garonne.)


         Et en profitant pour faire découvrir à Maxence, 3 ans, accompagné de sa toujours pimpante grand-mère, le magnifique jardin zoologique de cette petite ville haut-garonnaise. 
Car il n'y a pas de plus bel âge pour découvrir, incarnés, ces mystérieux animaux des albums enfantins, loups, lions, girafes et éléphants et aussi, colorés psittacidés, perroquets, perruches, aras... Découverte aujourd'hui qui, lorsque Maxence sera plus grand, lui fera mieux comprendre leur caractère archétypal, la cruauté du loup, la majesté du lion, l'encombrance de l'éléphant et, du perroquet, nous allons y venir.
         L'esprit encombré des préoccupantes questions qui ne cessent de nous assaillir depuis des semaines, y cherchant explications et réponses, bien sur sans relation avec cette faune sauvage et colorée, il me revient en mémoire les thèses exposées par Zev Sternhell, historien et penseur politique israélien mondialement connu comme historien des Idées, celles des Lumières et des Anti-Lumières (c'est un de ses concepts), pour son ouvrage - Ni Droite ,ni Gauche , l'Idéologie fasciste en France - paru en 1983, réédité et repréfacé en 2012.
Et notamment cette idée, centrale, selon laquelle, depuis l'avènement des Lumières et l'effondrement des Anciens Régimes,  depuis le XIXe siècle, l'histoire des idées est celle de l'affrontement permanent des Lumières et des Anti-Lumières: Libéralisme et Socialisme (évidemment avec un grand S, pas comme solférinisme), enfants divergents des Lumières françaises (Voltaire, Diderot, Rousseau), allemandes (Hegel, Marx), anglo-écossaises (Hobbes, Locke, Smith), Libéralisme et Socialisme donc, toujours affrontés à la Réaction, Anti-Lumières par excellence.
Et du recul ou de la crise de l'un ou de deux, surgit toujours le développement du troisième.
Précisément, ne vivons-nous pas l'illustration de cette thèse? Où ces trois grands systèmes d'idées (je n'ai pas dit, idéologies,  devinant tout de suite la crispation chez certains d'entre vous, et de là, l'incapacité à poursuivre), affrontés l'un à l'autre, la crise terminale d'efficacité du 1°, le retard à renaître de ses impasses passées du 2°, ne pouvant que laisser place à l'expansion du 3°.
          De la crise d'efficacité du Libéralisme, rebaptisé et réordonné en néo depuis maintenant près de 50 ans, nul besoin de développer. Crise d'efficacité dans tous les domaines: nourrir, vêtir, loger, soigner et éduquer 7 milliards d'hommes, de femmes et d'enfants, objectif qu'il ne se donne même plus, conscient qu'il ne peut et peut-être même ne doit pas y parvenir; construire la paix entre les peuples, non, il tire profit de la guerre et des budgets militaires colossaux qu'elle génère ; l'avenir de la planète, de l'eau, de l'air, des espèces, il n'en tient aucun compte, sinon marginalement dans les quelques espaces de rentabilité que peuvent dégager les problématiques écologiques. C'est un système en bout de course, cherchant, dans la fuite en avant, la solution de toutes les contradictions qu'il génère et dont il ne peut régler aucune. Longtemps masqué, ceci est maintenant devenu une évidence pour le plus grand nombre.
         Du 2°, le Socialisme, le retard pris à tirer les leçons de ses échecs, impasses et fourvoiements, nul besoin encore de développer. Et même si quelques bourgeons prometteurs semblent apparaître çà et là, autour de l'idée de "la mise en commun", et du fait que nous n'avons qu'une seule terre, c'est un des communs justement, on est encore très loin de ce qui serait nécessaire pour construire de nouvelles espérances, de nouvelles raisons de faire.
          Reste donc le Fascisme, cette Anti-Lumière absolue, antirationaliste, antiintellectualiste, idéologie de la Terre et des Morts, du refus de la Raison.
Et pour poursuivre la thèse sternhellienne, le 1° condamné, le 2° tardant à venir, le 3° pourrait bien occuper l'espace.
         Mais revenons à nos oiseaux, car c'est maintenant devant une volière que Maxence s'est arrêté. Volière aux colorés oiseaux au bec crochu,  perruches et perroquets,  les unes voletant de trapèzes en cerceaux,  les autres pensifs sur leur perchoir.
Et justement, c'est vers l'un d'entre eux, imposant, immobile, chatoyant, l'oeil fixe que se dirigent tous les regards des passants, étonnés de l'entendre, véritable litanie: "Ouh! Ah! Aie!"  "Ouh! Ah! Aie!"
Inquiet, me tournant vers l'oiselier, voyant bien pourtant que l'agrainoir était plein, que le petit bracelet de métal et sa chaînette qui l'arrimaient au perchoir ne blessaient aucunement la petite patte aux griffes recourbées, "Mais au moins, il ne souffre pas?"
Éclat de rire rassurant "Mais non! Vous n'avez pas compris! Pas ouh!ah!aie!  ouh!ah!aie! Écoutez bien: coût du travail!  coût du travail!" Et de m'expliquer que c'était là la seule locution dont disposait le chatoyant oiseau, apprise dès sa sortie du nid, chez un de ses confrères oiseliers savoyard, un certain Gattaz, qui le lui avait offert, sinon pour son ramage, pas très varié, au moins pour son si beau plumage.
Rassurés et maintenant attentifs, nous déchiffrions la petite pancarte qu'il est d'usage, dans les zoos, les animaleries, les volières, de placer à proximité de l'animal, à la fin d'instruire les enfants, indiquant le nom savant, la famille, le genre et l'embranchement.
Manuel était son joli nom, famille des psittacidés, sous-ordre des Hapalopsittaca, cousin du Lori à diadème et du Blair britannicus (espéce aujourd'hui disparue).
Mais il était temps de rentrer.

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