(Université de Nice Sophia-Antipolis - 28, avenue Valrose - Nice - Alpes-Maritimes 13 Juin 3017)
La Chapelle de la Brigue
Nous sommes aujourd'hui dans 1000 ans, le 13 Juin 3017, au Département des Arts et d'Archéologie de l'Université de Nice Sophia-Antipolis, où se tient un colloque historien consacré au déchiffrement et au commentaire des magnifiques fresques pariétales mises à jour il y a quelques années sur les murs de la Chapelle de la Brigue, dans la Haute Vallée de la Roya, non loin du Parc National du Mercantour, dans cette région encore appelée aujourd'hui Alpes-Maritimes.
La Vallée de la Roya longtemps engloutie par la grande montée des eaux du tournant des années 2400, nous livre à nouveau, sur les murs de la Chapelle de la Brigue, après la lente décrue du XXIXe siècle, un trésor inestimable : un magnifique florilège polychrome consacré au Jugement Dernier des Évangiles et à ses mille créatures, saints, démons, anges, prophètes, bêtes immondes et innocents.
Les figurations du Diable y sont multiples : humains cornus aux pieds crochus, souvent nus ; êtres hybrides et multicéphales ; singes, chauve-souris et serpents de l'idolâtrie païenne ; figures damnées et malmenées par Satan et réclamant la mort pour abréger leurs souffrances. « Mors despacet eos » (La Mort les dissolvera, Psaume 48), indique une inscription au mur de la chapelle, sous le bandeau « Une chambre introuvable ».
L'objet central du colloque reste cependant cette saisissante scène au réalisme fantastique représentant Judas expirant, les yeux exorbités, les tripes jaillissant du ventre éclaté, tripes d'où le démon extrait un enfant à l'âme damnée. La fresque est intitulée « L'Enfantement de Judas ».
C'est le Professeur Kenneth J. Leary de l'Université de Wisconsin (USA), médiéviste mondialement reconnu et spécialiste de la période solféringienne de l'Histoire de France, qui est venu nous présenter les conclusions les plus récentes de ses travaux consacrés à l'élucidation historique de cette saisissante et tragique représentation, L'Enfantement de Judas.
Agrandissement : Illustration 4
D'après le Pr Leary, cette œuvre, dont la datation au C14 la ferait remonter à 2017, œuvre d'un anonyme, représenterait la destinée tragique de Batavon, le dernier roi solféringien, ici sous les traits de Judas.
(Le nom de Batavon, dernier roi solféringien, fait toujours l'objet de diverses interprétations quant à son origine, la plus communément admise reposant sur son étymologie, du mot batave, qualificatif désignant la grande plaine nord-européenne aujourd'hui appelée Hollande ou Pays-Bas.)
Quant à la figure de Batavon représenté sur cette fresque sous les traits de Judas l'Iscariote, le Pr Leary la met en rapport avec la réputation de Batavon et les multiples trahisons qui avaient émaillé son règne de cinq ans, au lendemain de sa victoire contre la Finance à la bataille du Bourget.
(La signification du surnom Iscariote fait elle-même débat. Enfant de la tribu d'Issachar ou de la ville de Qerryot en Judée, selon le Livre de Josue. Pour les historiens modernes, Iscariote serait la forme sémitisée du latin Sicarius, le traître porteur de dagues.)
Pour en revenir à la fresque de L'Enfantement de Judas, il n'est pas exclu, nous dit le Pr Leary, que cette mort par pendaison ne soit pas le fait d'un assassinat, mais plutôt celui d'un suicide, les chroniqueurs de cette période de l'histoire solféringienne ayant souvent évoqué l'obstination quasi suicidaire de Batavon dans la conduite des affaires du royaume.
Ce suicide, selon certains, ayant pour objectif final, c'est la représentation qu'en donne la fresque, l'enfantement de son fils naturel Macron – né de quelle copulation maléfique, on ne le sait – fils naturel chargé de poursuivre son œuvre et ses méfaits à la tête du royaume.
Quant au démon à la fois singe et chauve-souris, véritable sage-femme de cet accouchement diabolique, sa représentation serait celle du méphistophélique Gattaz, personnage bien connu des chroniqueurs de la période pour ses incessantes imprécations à l'encontre du Coût du Travail.
Concluant sous les applaudissements d'un public mi-passionné, mi-angoissé, le Pr Leary a insisté pour remettre en perspective cette œuvre anonyme dans le contexte général de la fin de la période solféringienne et des débuts de la Macroningie, celui d'une période de géhenne, hantée par l'idée d'expiation et par la colère des Puissants à l'encontre des égoïstes couches laborieuses toujours attachées à ce qu'elles continuaient d'appeler leurs droits et acquis sociaux.
Le message de la fresque était clair : enfante de la trahison, la période macroningienne s'ouvrait sous les auspices de l'expiation.