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Un mal qui répand la terreur,
Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La grippe du Coronavirus, puisqu'il faut l'appeler par son nom,
Capable d'enrichir un jour l'Achéron, faisait aux humains, ces autres animaux, la Guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.
On en voyait de plus en plus confinés à la maison,
À la garde d'enfants renvoyés des écoles, souvent condamnés pour cela au télétravail.
Nul mets n'excitait plus leur envie. Nulle révolte ne les jetait plus dans la rue.
Adieu Gilets Jaunes et policiers éborgneurs.
Les tourterelles se fuyaient.
Plus d'amour, plus de bisous, partant plus de joie.
Le Roi de cette malheureuse engeance tient conseil et dit :
« Mes chers compatriotes, je crois que le Ciel a permis pour nos péchés cette infortune.
Non, n'accusons pas la mondialisation et ses funestes conséquences.
Que le plus coupable de nous se sacrifie au trait du céleste courroux.
L'Histoire nous apprend qu'en de tels accidents on fait de pareils dévouements.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons, j'ai dévoré force moutons. Je me dévouerais donc s'il le faut.
Mais n'y a-t-il pas parmi vous, quelqu'un plus coupable que moi ?
Car on doit souhaiter, selon toute justice, que le plus coupable périsse.
– Sire, dit Philippe réfugié dans son Havre, vous êtes trop bon roi. Vos scrupules font voir trop de délicatesse. »
On n'osa trop approfondir. Du Tigre, ni de l'Ours, ni du Medef, ni des autres puissances apôtres de la mondialisation,
Les moins pardonnables offenses.
Un cheminot qui venait à passer, tout sifflotant de son bénéfique régime de retraite,
Vint à confier que, peut-être, d'excès et de gabegie
On pouvait l'accuser.
À ces mots, on cria haro sur le Baudet. Un Loup, quelque peu clerc,
Prouva par sa harangue qu'il fallait dépouiller ce maudit animal, ce pelé, ce galeux, d'où venait tout le mal.
Rien que la mort n'était capable d'expliquer son forfait. À coups de 49.3, ce fut fait.
Mais, hélas ! La pandémie n'en resta pas là.