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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 14 avril 2020

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In viro veritas. Le décisif et le déterminant

Aux épreuves de la seconde partie du Baccalauréat 1963, section Philosophie…

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Illustration 1

          Aux épreuves de la seconde partie du Baccalauréat 1963, section Philosophie – il en existait deux autres, Mathématiques Élémentaires et Sciences Expérimentales – l'épreuve d'Histoire s'intitulait Causes profondes de la Première Guerre Mondiale. L'adolescent sage et raisonnable que vous connaissez bien maintenant y obtint l'excellente note qui lui permit de compenser les très mauvaises de sa copie de Maths et de Physique et Chimie. Et de devenir ainsi bachelier. C'était il y a 57 ans.

          Les Causes profondes de la Première Guerre Mondiale. Causes complexes et toujours actuellement débattues. Mais nous voudrions à cet égard, tout de suite, vous faire distinguer dans la causalité de la survenue des grands événements historiques, ce que le philosophe Lucien Sève, disparu ces derniers jours des suites du coronavirus, appelait, dans un ouvrage consacré au matérialisme historique, le déterminant et le décisif.

Illustration 2

          Le 28 Juin 1914, l'Archiduc François-Ferdinand d'Autriche, héritier du trône Impérial de Habsbourg, est assassiné lors de sa visite à Sarajevo, Bosnie-Herzégovine, par un nationaliste serbe, événement enclenchant l'engrenage qui devait conduire à la grande conflagration entre l'Autriche soutenue par l'Allemagne, et l'Empire tsariste de Russie, au côté duquel se rangeait la France et l'Angleterre.

  La journée du 28 Juin 1914 et l'assassinat de l'Archiduc, voilà pour le décisif, l'événement déclencheur.

  Quant aux causes profondes, le déterminant, elles sont à rechercher dans la constitution depuis 20 à 30 ans de deux blocs antagonistes en Europe, la Triplice, alliance stratégique de l'Allemagne des Hohenzollern, de l'Autriche-Hongrie des Habsbourg et de l'Empire Ottoman, face à sa rivale, la Triple Entente, l'alliance franco-russo-anglaise.

Illustration 3

  Course aux armements à partir du début du XXe siècle, rivalité entre les deux blocs pour le partage des Balkans, revanchisme français à propos de l'Alsace et la Lorraine, rivalités coloniales exacerbées par une Allemagne tardivement arrivée dans la compétition pour le partage impérial de l'Afrique… Tout poussait à la montée des tensions et à l'affrontement.

Illustration 4

  Dans son ouvrage, L'Impérialisme stade suprême du Capitalisme, Lénine l'écrivait déjà : « L'impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s'affirme la domination du capital financier et où s'achève le partage du globe entre les grandes puissances capitalistes ». La guerre devient la conséquence inévitable des rivalités impérialistes pour le repartage du monde et plus particulièrement de l’Afrique. Voilà pour le déterminant.

Illustration 5

          Distinguons toujours aujourd'hui, in viro veritas, le décisif et le déterminant à l'origine de la grande pandémie mondiale, c'est aussi une guerre, la grande pandémie mondiale du Coronavirus.

Illustration 6

  La glose médiatique des dernières semaines a considérablement brodé sur le décisif, lancée sur les traces du Pangolin et de la Chauve-souris. Sur les marchés de la ville de Wuhan, province du Hubeï, en Chine, où dans les allées encombrées, vendeurs et acheteurs côtoient poissons, oiseaux, chauve-souris, pangolins, tortues et civettes, le scénario semble s'éclaircir peu à peu : les chauves-souris porteuses depuis longtemps du virus se nourrissent du nectar des fleurs et des fruits des bégoniacées ; ce faisant elles déglutissent et, réflexe primaire chez ce petit animal, elles urinent ; le fruit souillé tombe à terre, attirant les fourmis dont sont si friands les pangolins. Le pangolin, petit mammifère le plus braconné de la planète, chassé en Chine pour sa chair et ses écailles. L'humain est contaminé. Le décisif est campé.

          Mais qu'en est-il au juste du déterminant, des causes profondes, in viro veritas ?

  La réflexion a commencé. Elle est cruelle. Ni la chauve-souris, ni le pangolin ne font une épidémie. Ils ne sont que des réservoirs ou des transmetteur de virus.

  Ce qui fait la pandémie, ce sont la déforestation effrénée des dernières années et la perte de l'habitat naturel qu'elle entraîne pour de nombreuses espèces ; la réduction de la biodiversité ; la globalisation économique néolibérale et la dépendance alimentaire intercontinentale d'une économie mondialisée ; l'intensification des voyages humains et des échanges de marchandises ; la surexploitation des ressources permettant la mise en contact des espèces sauvages et des populations humaines ; l'instrumentalisation du vivant et sa réduction à un outil de production. En bref, le caractère insoutenable de l'organisation de nos sociétés.

Illustration 7

   Oui, dans le monde ultralibéral organisé comme il est, les épidémies ne peuvent que se répéter. Une prochaine pandémie est inévitable.

  À moins d'une vraie et grande transition écologique remettant l'agriculture au centre des terroirs ; à moins de la mise en place dans tous les domaines, agricoles et industriels, de ce que l'on appelle maintenant les « circuits courts ». La mondialisation capitaliste est implacablement mise en cause.

Illustration 8

  Où et qui un nouveau visionnaire rédigeant son futur best-seller, La Pandémie stade suprême du Capitalisme ?

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