(Ministère de la Défense Nationale - 14, rue Saint-Dominique - Paris 7° 16 Janvier 2016)
Notre confrère Le Figaro, dans ses pages roses Economie, non dans sa rubrique sportive, pousse un cocorico sonore : Armement, la France monte sur le podium mondial.
Les comptes sont faits et ils sont bons. L'année 2015 restera dans les annales un millésime historique : 16 milliards d'euros de commandes à l'export de matériel militaire, deux fois plus qu'en 2014, quatre fois plus qu'en 2012. La France quitte la 5° place mondiale pour accéder à la 3°, celle qui vaut de monter sur le podium. 16 milliards d'euros, c'est certes loin de la médaille d'or des États-Unis avec près de 60 milliards. Mais enfin, nous talonnons la médaille d'argent russe de 18 milliards, et passons loin devant la Chine.
La courbe est inversée. Pas celle que nous espérions, mais enfin, ne faisons pas la fine bouche. Car l'avenir est prometteur. Dassault Aviation va tripler la cadence de production des Rafales, le merveilleux oiseau qui joue le rôle phare dans la progression de nos ventes de toute notre large palette d'objets de destruction et de mort. Quel nom si bien porté !
L'équipe de France est dans une dynamique positive, a dit le Président. Comme aiment à le souligner, la formule est à la mode, nos toujours pleins d'humour astronomes / astrologues médiatiques, l'alignement des planètes est favorable. Quelles sont-elles ces planètes ?
Un. Le contexte géopolitique au Proche et Moyen-Orient, avec une guerre que les historiens du XXIIe siècle, s'il advient, aimeront nommer la Deuxième Guerre de Trente Ans, allusion à la Première, guerre européenne de 1618 à 1648 qui finit par accoucher, après le Traité de Westphalie, du découpage territorial et dynastique de l'Europe d'aujourd'hui. Celle-ci, la Deuxième, accouchera probablement également d'un nouveau découpage d'influences et de territoires au Moyen-Orient.
Deux. La large gamme de matériel offerte par la France dans les trois Armes (Terre, Air, Marine) et leurs technologies maintenant unanimement reconnues « combat proven », terme anglo-saxon pour désigner leur mise à l'essai éprouvée sur tous les théâtres opérationnels de la guerre d'aujourd'hui, en Afrique et au Moyen-Orient.
Trois. Sans compter, et c'est peut-être le plus important, la qualité du coaching de l'équipe France emmenée par Jean-Yves Le Drian, notre Ministre de l'Attaque Internationale. Quelle erreur peut être pas fatale, mais sûrement funeste, aurait été sa relégation, nous ne disons pas en 2° division, mais à la présidence du Conseil Régional de Bretagne. L'infatigable voyageur - représentant qui jouit de la toute confiance du Président a effectué 15 déplacements au Moyen-Orient en 2015. Il nous en revient cousu d'or pour nous-mêmes. Le Président français était, l'été dernier, l'invité d'honneur, seul occidental, aux travaux du Comité de Coordination Stratégique des Pays du Golfe, comité présidé par l'Arabie Saoudite. Il aurait constaté, à cette occasion, la grande estime des émirs à l'égard de notre têtu petit breton. Nous n'oublierons pas non plus l'excellent travail de fond quant à l'entretien d'une atmosphère de cordiale compréhension entre partenaires stratégiques, celui de notre Ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius.
Un faux pas intelligemment évité, celui d'inclure à l'agenda de la COP 21 et de la lutte contre le réchauffement climatique, la question de la course aux armements sur la planète. Nicolas Hulot et Allain Bougrain-Dubourg, nos héros de la biodiversité, occupés tout l'été dernier à ferrailler contre les chasseurs de palombes au Pays Basque et à alerter l'opinion sur l'agonie des bébés phoques, avaient omis de l'exiger. Chose que pourtant n'importe quel accoudé de comptoir sait pertinemment : quand ça pète quelque part, ça réchauffe !
N'en restons pas à ces triviales polémiques. Merci à notre consœur du Figaro. Toutes nos félicitations également à l'heureux propriétaire du journal. Hasard de la fortune, il se trouve être aussi celui des ateliers où est assemblé notre bel oiseau.
Puisse tout cela clore la vaine polémique de la Primaire à Gauche. On ne change pas une équipe qui gagne.