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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 16 avril 2018

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ZAD

Les bulldozers et pelleteuses viennent d'entrer en action…

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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Illustration 1

        Le Président, le Premier Ministre, le Gouvernement l'ont assuré avec fermeté : il faut en finir avec les ZAD, et celle-ci en particulier.

   Les bulldozers et pelleteuses ont entamé il y a quelques jours l'évacuation et la destruction de la dernière ZAD du territoire, transformant en amas de tôles des dizaines de squats et de baraquements de fortune. Au terme d'une semaine d'affrontements entre forces de l'ordre et zadistes, la situation reste toujours sous tension dans la ZAD, la Zone à Défiscaliser, de Notre-Drame-Les-Impôts.

          Quelques milliers d'enragés, adeptes à tout prix de la vie au grand air, de l'optimisation, de la fraude et de l'évasion fiscales veulent encore tenir tête aux 2500 gendarmes et inspecteurs du Trésor déployés sur le terrain.

   La démonstration de force de l'État fiscal les ramènera-t-elle dans le chemin du droit et du devoir ? Celui, comme tout un chacun, de se soumettre à l'impôt et non d'y déroger, réfugiés dans ce petit paradis de quelques centaines d'hectares, la Zone à Défiscaliser de Notre-Drame-Les-Impôts.

Illustration 2

           Rien n'est moins sûr, car malgré l'incursion en force des gendarmes et des inspecteurs du Trésor lourdement armés de bulletins de déclaration rectificative, les quelques dizaines de milliers – leur nombre n'est pas encore précisément déterminé, même si eux le sont – les quelques dizaines de milliers de récalcitrants à l'Impôt – ceci quelle que soit sa forme, ISF, IS ou IR – font encore acte de la plus énergique résistance.

   Aidés de plusieurs dizaines d'avocats fiscalistes, regroupés aux abords de la ferme Des Sans Nom, ainsi nommée en hommage au secret bancaire, ils ont encore dans la journée d'hier tendu une embuscade à un escadron d'inspecteurs du Trésor mal protégés par leurs collègues de la Gendarmerie. Chargés tout simplement du recouvrement de l'Impôt, ces derniers recouverts d'injures et de divers projectiles ne devaient leur salut qu’à l’usage des grenades de désencerclement et des gaz lacrymogènes de la gendarmerie. Les affrontements se poursuivaient  encore en début de soirée.

   Cette résistance et le refus à quitter les lieux se sont trouvés aujourd'hui renforcés par le soutien extérieur d'associations humanitaires regroupées dans le collectif HTHF (Heaven Taxes for Happy Few) et d'organisations évangélistes prêchant la possibilité pour une minorité d'un paradis fiscal sur Terre.

Illustration 3

          Craignant l'enlisement dans le bocage, alors que d'autres fronts sociaux s'ouvrent sur tout le territoire, le Président de la République veut reprendre l'initiative. À sa demande, à la recherche d'un compromis pour une issue honorable à ce douloureux conflit, la Direction des exilés fiscaux du Ministère des Finances va proposer une trêve comportant l'abandon des poursuites à l'encontre des zadistes qui accepteraient leur retour, par leurs propres moyens, dans leur commune d'origine, Neuilly, Rueil-Malmaison, Saint-Jean-Cap-Ferrat ou Deauville.

   Signe que ces généreuses propositions rencontrent déjà un écho favorable – le règlement, sinon des impôts, du moins du conflit pourrait s'en trouver accéléré – l'encombrement aujourd'hui des petites routes départementales aux alentours de la Zone à Défiscaliser par un afflux inhabituel en cette période de début du printemps de grosses berlines et limousines Bentley, Rolls-Royce et Cadillac, toutes chargées de bagagerie Vuitton sur leurs sièges arrière. Des chauffeurs en livrée attendant patiemment la survenue de leur maître échappé de la ZAD, auraient été aperçus festoyant dans des auberges environnantes. Il se vérifierait ainsi que nombre de zadistes s'apprêteraient à gagner d'autres lieux de villégiature tout aussi paradisiaque.

           Si tout rentrait dans l'ordre, dès demain ou après-demain, la ZAD évacuée, les opérations de démantèlement et la ronde des bulldozers pourraient commencer. Nous ne le disons pas sans un serrement de cœur, à l'évocation de la destruction prochaine de tous ces baraquements – ils étaient de fortune – où vivaient tous ces pacifiques adeptes de la vie paradisiaque en plein air.

Illustration 4

   Les forces de l'ordre ont entamé le quadrillage de tout le périmètre pour éviter l'afflux de maraudeurs et de pillards à la recherche, dans les décombres, de toutes ces petites choses de la vie abandonnées dans la grande détresse d’un départ forcé et précipité : montres Rolex, rivières de diamants, petits camées ciselés, fiasques de cognac plaquées or, tous menus objets attestant la modestie et l'impécuniosité de leurs insouciants propriétaires.

           Heureux épilogue, le Président Micron, conscient du tragique de la situation et de la nécessité d'un geste d'apaisement a annoncé, lors de sa conférence de presse, un geste tout symbolique destiné à ranimer la flamme du « vivre ensemble » : la suppression du si controversé ISF.

Illustration 5

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