(Université Paris I Panthéon Sorbonne – 17, rue de la Sorbonne – Paris 5° 20 Novembre 3016)
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Non, chers amis, vous ne contemplez pas là la saisissante et tragique représentation du Supplice de Saint-Sébastien, ce saint martyr romain, centurion de l'armée de l'Empereur Dioclétien, condamné à mort et exécuté pour avoir défendu les chrétiens persécutés.
Ce que vous avez là sous les yeux, est la représentation d'une fresque pariétale découverte il y a quelques mois par deux plongeurs sous-marins au large du Cap-Négre.
Nous sommes aujourd'hui, le 20 Novembre 3016, exactement dans 1000 ans, au Département des Arts et d’Archéologie de l'Université Panthéon Sorbonne, venus assister à une passionnante conférence sur l'origine et le véritable sens de la magnifique fresque pariétale retrouvée dans une grotte sous-marine, au Cap-Nègre, dans les anciennes Alpes-Maritimes, en France, cette antique contrée qui borde toujours aujourd'hui la Méditerranée.
C'est le Pr Kenneth Leary de l'Université du Wisconsin (USA), historien spécialiste mondialement reconnu de la période solféringienne de l'Histoire de France, qui a tenu à nous présenter les conclusions les plus récentes concernant l'élucidation historique de cette magnifique et tragique représentation.
Vous connaissez déjà probablement le Pr Kenneth Leary. Il nous retraçait il y a quelques mois, dans sa communication intitulée La fin du monde solféringien, la période de notre histoire qui vit la conversion du roi solféringien Normovis au grand monothéisme de l'épmoque, le profitabilisme, avec l'épisode resté légendaire, le baptême de Normovis par l'Évêque Saint-Gattaz.
« Courbe la tête, fier Sicambre ; brûles maintenant ce que tu as adoré et adores ce que tu as brûlé. » Et c'est effectivement ce que fit dorénavant Normovis.
Mais revenons à la fresque du Cap-Nègre. D'après sa datation au carbone 14, elle remonterait approximativement à 1000 ans, à la fin 2016, au moment de l'ère Primaire.
D'après le Pr Leary, l'œuvre serait celle d'un anonyme, proche ou de l'entourage immédiat du supplicié et de son épouse Carla, représentée éplorée au bas de la fresque. C'est elle qui en aurait fait commande à l’artiste pour commémorer l'exécution de son aimé, et en perpétuer le souvenir au mur du grand salon de ce qui était à l'époque sa luxueuse villa du Cap-Nègre, aujourd'hui engloutie depuis la grande montée des eaux des années 2500 de notre ère.
Le Pr Leary est affirmatif : cette fresque n'a rien à voir avec d'autres représentations plus anciennes, du Moyen Âge ou de l’Antiquité romaine, celles du martyr de Saint Sébastien. Même si les postures des différents personnages, le condamné et son entourage, sont fortement ressemblantes.
En premier lieu, nous a dit le Pr Leary, le personnage du supplicié, même s'il fut martyr, n'était pas un saint. Longtemps seigneur de guerre, il avait conquis le trône de France par des voies frauduleuses en 2007, quelques années avant d'être renversé par le solféringien Normovis. Il traînait depuis force casseroles.
Après plusieurs années d'errance et de conférences, il avait tenté de reprendre le trône à la tête d'une horde de Républicains ; ce n'était pas là la moindre des contradictions. Mais l'époque en avait été fort riche, nous dit le Pr Leary, notamment celle de la conversion de Normovis au profitabilisme, au lendemain de la bataille victorieuse du Bourget. Une autre était que ce chef républicain prétendait, pour revenir au trône, être d'ascendance gauloise, toutes les études généalogiques sérieuses le faisant descendre d'une tribu magyare des immenses plaines danubiennes de la Russie occidentale.
La question de l'identité du personnage étant éclaircie, quels indices supplémentaires vous faudrait-il, chers lecteurs, le Pr Leary s'est attaché aux raisons et aux circonstances qui avaient présidé à cette mise à mort.
Elles sont complexes et montrent toute la cruauté de l'époque, car, c’est dans ses propres rangs et parmi ses propres lieutenants qu'aurait été prise la décision de son élimination et de la volée sagittaire.
Parlons du contexte maintenant, a poursuivi le Pr Kenneth Leary. Il est très important et explique l'essentiel, pour ne pas dire qu'il est le fond de l'affaire.
À cette époque, s'était mis en marche, depuis Bobigny, en Seine-Saint-Denis, un nouveau prophète prêchant une nouvelle religion, l'ubiquisme, du vieux mot français ubiquité, ce terme d'ubiquité signifiant la faculté d'être présent en tout lieu à la fois, par exemple à Droite et à Gauche.
De son nom Emmanuel (Dieu est avec nous, nous dit l'étymologie hébreue), enfant d'une modeste famille de banquiers, le nouveau prédicateur sillonnait le pays à pied et en long et en large, entouré de disciples. Il accomplissait des miracles. On le racontait tous les soirs avec émerveillement dans les étranges lucarnes.
Miracle de la multiplication des pains et des autobus. Miracle, dans les cantines scolaires, du Vin changé en Eau. Emmanuel aurait également marché sur les eaux. Miracle toujours. Sur son chemin, un Insoumis, homme à l'époque jugé comme esprit démoniaque et impur, l'aurait violemment apostrophé : « Que veux-tu de nous Emmanuel de Bercy ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : un banquier. » Emmanuel le regarda et lui dit : « Tais-toi ! Esprit impur, sors de cet homme ». Et le miracle s'accomplit, cet homme devint milliardaire.
Le Pr Leary arrêta là l'évocation du phénomène ubiquiste et de l'apôtre Emmanuel. Mais, nous dit-il, les choses étaient devenues claires, les conversions étaient en route ; l'ubiquisme serait la nouvelle Rome ; lui seul pourrait ramener paix, prospérité et inversion de la courbe au royaume de France.
Dans ces conditions, l'Homme de la fresque, poursuivit le Pr Leary, était devenu pour grand nombre de ses lieutenants, qui de plus lui disputaient maintenant la prééminence, gagnés secrètement à la religion ubiquiste, la seule à leurs yeux permettant d'installer à la Chambre, ce que l'on appelait alors une Coalition, l'Homme de la fresque devint l'Homme à abattre.
Par ces incessants appels meurtriers à en découdre, en tout, sur tout, partout, à propos de tout et avec tout le monde, il était devenu l'obstacle principal à la propagation et à l'accomplissement de l'ubiquisme. Une conspiration s'organisa pour l'abattre . Il lui fallait un motif palpable et particulièrement répugnant. Ce fut, après des années de silence, le retour du méphistophélique Mouammar, avec lequel l'homme à abattre avait entretenu d'étranges et trébuchantes relations. On s'en servait maintenant pour le faire trébucher.
Tous les jours, dans les gazettes, les lucarnes et les tam-tams radiophoniques, le rappel était fait de la chose. Des chroniqueurs de l'époque parlèrent même du supplice libyen, celui du rappel quotidien de Mouammar et de ses valises bourrées de liasses.
Jusqu'au jour du 20 Novembre 2016, représenté sur la fresque, où, à 20 heures, le supplicié enchaîné à son poteau reçut de son propre camp la dernière volée de flèches meurtrières.
La voie à la propagation élargie de l'Ubiquisme était ouverte. Et le miracle se poursuivant, c'est ainsi que fut rendue possible la Coalition, à la Chambre de 2017, entre Solféringiens en déroute et Républicains ubiquistes,tous nouveaux convertis. Devenue nécessaire, la Coalition était maintenant possible. Un nouveau miracle s'était accompli.
La conférence du Pr Leary était close par les chaleureux applaudissements de l'assistance. Le mystère de la fresque du Cap-Négre était enfin élucidé.