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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 18 décembre 2019

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Trêve des confiseurs

Entre Noël et Jour de l'An, la vie publique, du moins traditionnellement, est en sommeil. Et pourtant…

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Illustration 1

        Entre Noël et Jour de l'An, la vie publique, du moins traditionnellement, est en sommeil. Et pourtant, paradoxe de l'Histoire, la « trêve des confiseurs » annonçait l'institution de la République. C'était en 1874.

Illustration 2

          Grève ou trêve – la paronymie ne manque pas d'intérêt – météorologie sociale ou politique, l'Histoire va-t-elle se répéter ?

  À compter du 24 Décembre, il est coutume de dire que rien ne sert de faire campagne, ni encore plus de faire grève, les Français ayant l'esprit dans la dinde et les marrons. Aux approches de Noël, on ne soulève pas de questions irritantes, Retraite par Répartition ou Retraite par Capitalisation, questions irritantes qui, troublant l'esprit public, nuiraient aux affaires commerciales et aux joies du moment. Point d'aigres propos, grèves ou manifestations durant cette période, mais sucreries, gâteaux et friandises.

  Cette période que l'on nomme maintenant « trêve des confiseurs » semble ainsi imposer l'arrêt de la vie politique et sociale. L'histoire de la trêve des confiseurs révèle pourtant qu'elle fut une période de fondation.

Illustration 3

          Au lendemain de la chute du Second Empire, après le désastre militaire de Septembre 1870, et de l'écrasement quelques mois plus tard de la Commune de Paris, la Chambre des députés, réunie à Versailles, à forte majorité monarchique et son opposition républicaine, débattaient à n'en plus finir de la question du nouveau régime. Restauration de la royauté et retour du Conte de Chambord, réfugié en Autriche, retour sous le nom de roi Henri V, ou instauration de la République ?

  C'était là la question cruciale qui agitait la Chambre mais aussi la grande bourgeoisie d'affaires, soucieuse de savoir lequel de ces deux régimes, monarchie constitutionnelle ou république, serait le plus apte à faire valoir ses intérêts, ceux de la profitabilité.

  Dans ses Mémoires, le Duc de Broglie, élu à la Chambre, relate l'épisode survenu dans ces derniers jours de Décembre 1874. « On convint de laisser écouler les derniers jours de Décembre pour ne pas troubler les affaires commerciales et l'on trouva un nom pour cet armistice, celui de trêve des confiseurs. »

  Inquiet et empressé d'une issue rapide, trêve de plaisanteries, le président d'alors, le Maréchal Mac Mahon, nommé provisoirement à ce poste un an plus tôt, réunissait, dès les premiers jours de Janvier, une fois la « trêve » terminée, les représentants parlementaires de la Droite et de la Gauche modérées, pour rechercher le compromis de sortie de crise.

  Le 30 Janvier, à une voix de majorité, la Chambre votait et naissait la IIIe République. La « trêve des confiseurs » avait accouché d'un temps politique nouveau.

          Clin d'œil de l'histoire, le quinquennat du Président Macron, le septennat du président Mac Mahon remontant maintenant à près de 150 ans, le quinquennat du Président Macron ne va-t-il pas s'achever dans la confusion, cédant la place à une VIe République sans monarchie présidentielle ?

  Si pour cela, une trêve à la grève et des trains pour Noël s'avéraient nécessaires, nous plaiderions en leur faveur.

Illustration 4

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