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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 20 février 2019

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Aider son enfant à s'endormir

Il existe toute une série de raisons pour lesquelles votre enfant ne s'endort pas à l'heure du coucher.

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(Théâtre du Grand-Guignol - Impasse Chaptal - Paris 9°           20 Février 2019)

Illustration 1


          Il existe toute une série de raisons pour lesquelles votre enfant ne s’endort pas à l’heure du coucher. Elles sont nombreuses et variées.

  Il peut être en train de faire ses dents, ses gencives le font souffrir. Il peut être malade, avoir des problèmes digestifs, avoir du mal à avaler un certain nombre de difficultés ou de couleuvres fiscales. Il peut être tout simplement anxieux : de mauvaises notes à l’école, la peur du déclassement scolaire ou social ; des problèmes d’argent de poche, avec, dès le 15 du mois, des difficultés à boucler son petit budget.
L’accès au docteur de famille, de plus en plus éloigné maintenant du domicile familial, en raison, c’est le mot savant, de la désertification médicale, est peut-être lui aussi un problème source d’angoisse pour lui.

  Tout ceci expliquant l’apparition de vilains boutons jaunes sur sa petite frimousse.


          Que faire afin que votre enfant puisse enfin retrouver le sommeil, et vous le repos ?

  Tout d’abord, ne comptez pas sur la berceuse du JT à 20h. Il s’y montre souvent des spectacles qui pourraient l’énerver ou l’angoisser et retarder encore l’heure du dodo.

  Tentez plutôt de raconter une histoire joyeuse, où vous apparaîtrez rassurant et à son écoute dans un Grand Débat.

Illustration 2

  Vous pouvez aussi lui offrir du réconfort : ainsi lui permettre de dormir avec un objet qu’il aime, une poupée, un ourson en peluche. Surtout montrez-lui, c’est facile même si ce n’est pas sincère, que vous ne minimisez pas ses problèmes et ses sentiments. Offrez lui pour sa petite cagnotte mensuelle une prime d’activité. Essayer de lui faire comprendre qu’il va ainsi y arriver pour les achats de Carambar et de carburant pour sa trottinette.

  C’est avéré, un des moyens les plus sûrs est de lui raconter des histoires.

Illustration 3


          Si enfin, tous ces petits moyens et gestes d’affection ne parviennent pas à débarrasser le minois de l’enfant de leurs vilains boutons jaunes et lui faire retrouver le sommeil, son sommeil si propice pour vous pour continuer à vaquer à vos affaires habituelles, vendre des joujoux militaires dans le Golfe Persique, cacher des passeports diplomatiques, ou encore s’occuper des fortunés de l’Hexagone, alors il faudra peut-être changer totalement de méthode.

Illustration 4


  Oui ! Changer totalement de méthode. Lui raconter d’horribles choses et lui faire peur. Aussi surprenant que cela puisse paraître, lui faire peur pour l’amener à se réfugier dans vos bras protecteurs et mieux entendre les mots cajolants que vous lui susurrerez à l’oreille.
  Lui faire peur ? Diable, me dites-vous.

Illustration 5


         Tout simplement, en recourant au grand-guignolesque, ce mot étrange provenant du nom d’un théâtre fameux, Le Grand-Guignol, où sont montrés des spectacles d’horreur macabre et sanguinolente.
(Le Grand-Guignol est un théâtre montmartrois ouvert en 1896 et dont la spécialité était la représentation de pièce d’épouvante. Le terme de grand-guignolesques devenu péjoratif désigne maintenant de manière générale des œuvres abusant de la violence ou d’effets grandiloquents.)

  De ces évocations macabres et angoissantes, propres à traumatiser les tout-petits et les grands, et dont vous n’êtes évidemment pas l’instigateur, par exemple l'écœurement et le dégoût dans les cimetières profanés, vous pouvez cependant espérer tirer grand bénéfice.

Illustration 6

 
   Des bénéfices, et ils sont nombreux. En premier lieu, sous l’effet du choc, la dissipation de toutes les anxiétés enfantines, celles de l’argent de poche, du déclassement scolaire et social, de l’éloignement du docteur de famille, et par là-même, sous l’effet du choc, la disparition des vilains petits boutons jaunes qui fripent son minois.

  Mais également, et c’est bien compréhensible, un retour d’affection, celle-ci moins inquiétante, d’affection à votre égard. N’êtes-vous pas le parent protecteur, celui qui veille, même la nuit, à la santé et au bien-être de son enfant ?

  Le procédé est bien connu, terroriser pour mieux consoler et apparaître le bon berger du troupeau.


          Attention cependant ! Nombre de psychologues infantiles doutent, sinon de l’efficacité immédiate du procédé, le retour d’affection, mais de ses effets à moyen et long terme.

  Les grandes frayeurs dissipées et, qui plus est, l’impression pour l’enfant d’avoir été joué et peut-être aussi jouet, peuvent accentuer chez lui la perte de confiance en ses parents, poser la question de leur démission – cette question toujours grave, la démission des parents, surtout la vôtre  – et aggraver ainsi les problèmes anxieux et sociaux et la perte de sommeil. Avec leur fâcheuse conséquence, la réapparition des boutons jaunes.


          Soyez donc très prudent avec l’usage du grand-guignolesque et des rôles sur-mesure que vous chercherez à y obtenir.

Illustration 7

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