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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Billet de blog 21 avril 2014

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Toujours tenter, derrière les symptômes, d'identifier la maladie ; derrière les faux-semblants, la réalité (Louis Pasteur).

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Toujours dans les beaux quartiers. Un lundi pascal et studieux.

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          (Au lendemain du récital d'Anne Gravouin, notre reporter Jean Casanova, pouvait poursuivre son passionnant reportage, rue Delabordère à Neuilly, où il était reçu, ces trois jours de Pâques, il tient à le souligner, et ce sont ses propres termes, "avec la courtoisie la plus extrême, non pas celle-là quelque peu condescendante, avec laquelle les grands de ce monde traite l'inférieur qui leur rend service, mais cette courtoisie empreinte de tonalité conviviale, la marque du "vrai grand monde".)
(Pour rester dans la discrétion, vertu cardinale à ses yeux, Françoise M., venue rendre visite à sa mère Liliane, me demandait de l'appeler par son prénom, et de masquer son patronyme derrière son initiale pointée, "M.")


          Et tout d'abord, il fallut admonester Maman. Pour cette folle équipée et tous les risques encourus l'avant-veille, équipée qui, même accompagnée de Georges, si précieux factotum, était à ses yeux celle de tous les dangers.
   - Maman, je ne veux pas vous savoir sur ces rocades, ces périphériques, ces boulevards, lui énumérant alors tout ce qu'elle avait risqué, une mauvaise chute et sa vilaine fracture ! Ou, qui sait ? Un rapt, Maman ! Oui, un rapt !
Puis, voyant bien que dans cette affaire, ce qui avait prévalu, c'était la bonne intention et, plus encore peut-être, la recherche de l'évasion si compréhensible dans son état, plus indulgente et presque câline, mais toujours réprobatrice:
   - Maman ! Promettez moi.


          On passa ensuite aux choses sérieuses qui était la vraie raison de ce crochet à Neuilly, avant ce rendez-vous en début de soirée, avec BHL, pressenti pour préfacer l'édition prochaine de la somme en cinq volumes consacrée à l'exégèse biblique, à laquelle Françoise mettait la dernière main. Tournée vers son époux :


   - Jean-Pierre, voyons rapidement les conséquences pour nos affaires de ce fameux plan de 50 milliards. Voyons si la prose de ce garçon, le Premier Ministre, sera aussi agréable que l'archet de sa petite épouse.
Elle savait bien, en la matière, que tout leur serait soumis lors des prochains conseils d'administration, des conséquences exactes de ce grand plan de restriction de la dépense publique. Mais, avisée et toujours prudente, elle tenait à s'en faire elle-même une idée, avant que l'armada de ses conseillers, fondés de pouvoir, fiscalistes et autres, lui en rendent compte plus précis.


   - Vous pouvez nous accompagner, me dit-elle, il n'y a rien de secret dans tout cela. Tout ceci est déjà dans Les Échos et dans Le Monde.


  Amusée, elle songeait que, décidément, si rien n'arrivait par hasard, chaque fois qu'elle-même ou sa prestigieuse lignée croisait la route d'un socialiste, et c'est pour cette raison qu'elle ne voulait pas qu'on la dise de droite, la providence était au rendez-vous : elle connaissait l'histoire de son grand-père Eugène, fondateur de l'empire, affreusement compromis aux côtés de Marcel Déat et d'Eugène Deloncle, dans la collaboration et l'antisémitisme le plus atroce, sauvé en 1945 des tribunaux de l'épuration par l'entregent d'un certain François Mitterand et de ses amis, dont Papa. Et aujourd'hui, voilà que ce tout nouveau gouvernement, dont, à vrai dire, on n'avait jamais mis en cause la bonne volonté, dessinait pour nos affaires des horizons plutôt sympathiques.


  Elle jeta rapidement quelques notes sur le papier, les services de Pierre Gattaz lui ayant déjà mailé les grandes lignes du dispositif :
   - allégements de cotisations sociales sur les bas salaires. Peu d'effet direct pour nous, L'Oréal n'étant pas un temple de smicards. Mais probablement des retombées positives pour tous nos sous-traitants. Ce qui nous permettra de les rudoyer un peu plus, songea-t-elle amusée.
   - 11 ou 18 milliards de diminution de prestations sociales. Ayons l'œil ! Ce n'est pas notre secteur, mais l'assurance-santé en tirera sûrement quelques bénéfices. Elle connaissait bien cette loi qui fait aller de pair le repli du public et le développement du lucratif.


          De toutes façons, il était trop tôt aujourd'hui pour en dire plus. La semaine qui s'annonçait allait être chargée : brainstorming au programme. Elle y pensait maintenant : téléphoner ou déjeuner avec Laurence. Celle-ci, mieux que son successeur Pierre, dont elle n'aimait pas toujours le côté provocateur, saurait lui donner la philosophie générale de tout le dispositif.
   - Mon Dieu ! Jean-Pierre ! Déjà 6 heures. Je ne veux pas faire attendre Bernard-Henri. Nous avons encore tant à faire. La Bible ! La Bible !


 Et se tournant vers moi, me signifiant si courtoisement que l'heure avait sonné de nous dire au revoir :
   - Où nous déposons vous ?
Je déclinais la gentille proposition. Et, me voyant le smartphone à la main :
   - Mais! Vous n'allez pas appeler un taxi !
   - Pas du tout. Grâce à l'application Vélib, je vais être immédiatement renseigné sur la disponibilité d'un de ces si pratiques biclous à la station du parc Saint-James, à deux pas d'ici.
   - Vous faites un métier merveilleux ! Nous comptons sur vous pour ne pas trop nous égratigner. Maman est fatiguée et a dû se retirer.
Bonsoir, donc ! Pascal, ayez l'obligeance de raccompagner Monsieur. 

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