Leur film préféré. (Suite et fin).
(De notre envoyé J. Casanova à Avignon - Vaucluse.)
Eh non! L'hypothèque n'était pas levée! L'horizon restait couvert de nuages. Olivier Py, malgré toute sa bonne volonté, n'avait pu apporter de réponses à nos inquiétudes tenant à l'ouverture du Festival. Pour l'instant, nous faisons comme si, avait-il conclu. Les décors de la première du Prince de Hombourg viennent d'être livrés. Nous serons prêts!
Nous en étions conscients, Olivier ferait tout son possible, mais tout ne dépendait pas de lui. Et tous les regards, toute l'attention étaient tournés vers les derniers propos du Premier Ministre, dont l'AFP nous donnait connaissance.
En habitués de la chose culturelle et de ce monde si particulier des gens de culture, nous avions immédiatement détecté la bourde, la provocation sinon l'offense que ces propos contenaient car, en conclusion de lénifiantes paroles se voulant apaisantes, mais ne réglant rien sur le fond du problème, à savoir la difficile question du statut des intermittents, Manuel Valls, cela ne pouvait pas lui avoir été soufflé par sa si gracieuse violoniste épouse, avait rajouté, patelin, plus encore, cauteleux: "Sans culture, la vie ne serait que sécheresse!".
À l'audition de cette formule simultanément entachée de condescendance technocratique et de bôferie, sentant à la fois le séminaire HEC et la triste et avinée sentenciosité des comptoirs de bistrot, le monde de la culture avait frémi sous l'insulte.
Ainsi, ils n'étaient que des suppléments, des additifs, l'onguent, le baume nécessaire (les plus crus avaient parlé de vaseline) à la bonne marche des affaires. Ils étaient niés dans ce qu'ils avaient d'essentiel. Car la vie ne peut être sans culture. Idée forte et juste, que même Laurence Parisot aurait pu faire sienne, maintenant qu'elle n'était plus en charge des intérêts que vous savez, mais dont l'Homme chargé de la conduite du gouvernement, en technocrate aux ordres des intérêts supérieurs de l'Argent, n'avait même pas eu conscience.
C'était la consternation! La faute peut-être de trop. L'heure de tous les dangers.
Chers lecteurs, peut-être pas au jour le jour, car votre temps aussi est précieux, nous essaierons de vous tenir au courant d'une situation de plus en plus mouvante.
Je ne veux cependant pas vous quitter sans vous donner la suite de ce petit jeu d'hier quant à la cinéphilie de nos dirigeants, ceux d'hier et d'aujourd'hui, et puisque son tour est venu de celui qui fut un ado à problèmes, vous avez reconnu le petit Nicolas.
Je m'empresse de vous confirmer que tout ce qui suit ne sera pas publié dans mon Journal. Je vous le communique à titre très privé et personnel, les allégations avancées n'ayant jamais pu être vérifiées et, surtout, touchant à la sphère privée. Déontologie d'abord!
De quel canal les tenons nous? Je ne vous le révélerai pas, mais vous avez deviné que les confidences de la très cultureuse Carla y prennent une grande part, par tous les menus potins qu'elle entretient avec le petit monde de la culture dont elle fut, actrice, chanteuse, starlette, vous vous en souvenez!
Et c'est ainsi, au lendemain de ses épousailles, constatant que les seules équipées culturelles de son tendre n'avait jamais dépassé Marne-la-Vallée et vous avez deviné quel parc d'attractions, Disneyland, en vaillante et aimante petite ouvrière découvrant l'immensité du retard à combler, et dans tous les domaines, avait dit: "Oui, je le ferai! En faire un homme cultivé!"
Dés la première semaine, mettant peut-être la barre un peu haut, avec la complicité de Lambert Wilson dont elle avait toujours le béguin, elle organisait ainsi, dans les salons privés de l'Élysée, la projection, en présence de Xavier Beauvois, le réalisateur, du dernier film que la critique de Télérama portait aux nues (encore un jeu de mots facile) "Des hommes et des dieux".
Au bout d'un quart d'heure, le plus turbulent et agité de tous les Présidents que nous ayons eu, était déjà endormi, la tête renversée sur son fauteuil. Les raisons de cette brutale catalepsie? Barbantes scènes de monastère, absence de John Wayne au générique, incompréhension des propos certes un peu ésotériques de Michel Lonsdale dans le rôle du supérieur, ou tout ceci simultanément? Cela faisait beaucoup et nul ne saura si j'en ai bien fait le compte.
Elle ne pouvait en rester là. Et sur les conseils de Bernadette, avec qui elle était restée malgré tout en bons termes, eut l'idée de prendre l'avis, Bernadette le lui avait vivement recommandé, ne jurant plus que par lui, très déçue par sa précédente coqueluche David Douillet, dont les récents propos homophobes avait signifié son renvoi de l'Opération Pièces Jaunes, de prendre l'avis donc de Marcel Rufo dont la spécialité, les ados difficiles, était on ne peut plus adéquate et bienvenue.
Et le prestigieux et pince-sans-rire praticien, avec le bon sens des gens de terrain et l'accent chantant du Midi dont il n'avait pas voulu se départir, même à Paris, la recevant, 97, boulevard de Port-Royal, dans les salons de la Maison de Solenn (vous n'avez pas oublié le nom de cette bénévole fondation, justement financée par l'Opération Pièces Jaunes et les royalties du livre de PPDA, "Elle n'est pas d'ici", fondation consacrée aux difficiles problèmes des adolescents, des plus jeunes jusqu'à ceux quasi-adultes, et c'était bien de cela dont il s'agissait), le praticien marseillais constatant l'énorme difficulté du cas qu'on lui soumettait, lui avait dit: "Carla, nous commencerons par le début. Des Tex Avery, puis des péplums. Pour les westerns, nous verrons plus tard. La Princesse de Clèves, n'y pensons pas."
Il se murmure que Cecilia, épouvantée par l'ampleur de ce qui aurait pu être un des 12 travaux d'Hercule, n'aurait pas eu ce courage et qu'il faudrait voir là les raisons de son abandon précipité. Mais ceci est une autre histoire et nous nous ne voulons pas sortir du sujet.
Chers lecteurs, tout ceci restera entre nous et n'en faites aucunement communication.
Vous me mettriez dans l'obligation de démentir et je ne voudrais pas de cela entre nous.
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